Assis à table, sa fourchette réduisant en bouillie les œufs aux plat accompagnés de toasts grillés et de thé noir , il poussa un énième soupir. Son regard passa du duo vampire debout dos à la fenêtre à celui debout à deux mètres à sa droite et ceux à la porte de la salle à manger... Que c'était agaçant... Même les elfes noirs étaient plus aptes à le laisser respirer que ces nouveaux bulldogs... Il avait subi tous les extrêmes de la population vampirique : leur mépris, leur violence, leur déni, et là... Il devait simplement faire face à une protection exacerbée... Et cela l'agaçait. Au plu haut point.
- Cessez de maltraiter ces œufs cher ami et mangez, soupira, mi-amusé, mi-compatissant, Geoffrey qui était attablé à l'opposé du calice. Ses camarades étaient aussi attablés, comprenant parfaitement l'agacement et la lassitude du jeune calice. Cela faisait déjà quelques jours qu'il tentait de cacher son agacement. Sûrement pour ne pas solliciter le lien et donc confronter Eago...
- Vous devez manger, calice, grogna un des vampires postés à la porte.
Le terme calice à ces lèvres était dit avec mépris, comme un mot mal-propre craché car il n'en avait guère le choix. Ce ton, cette attitude, ce vampire en soi, agaçaient Dorian. Et il ne comprenait pas que sa colère soit si confuse, si peu claire même pour son esprit. En soit il ne savait pas vers qui il devait la diriger, contre qui il devait être en colère. Contre quoi il devait être en colère... Devait-il seulement être en colère? Était-il dans la légitimité de...
- Fermez la vous, siffla Dorian en lui adressant un regard noir, sa fourchette émettant un crissement à faire grimacer la mort elle même. Les oreilles sensibles des vampires furent vivement agressées par ce bruit, ce crissement plus blasphématoire que le chant de la mort elle même... Seuls les vigiles auto-proclamés grondèrent d'agacement à ce bruit. Oh douce patience, quand tu nous as...
- Si vous ne daignez pas manger, nous vous ferons manger, prévint, menaçant, le camarade du vampire à la porte. Il n'appréciait pas le ton du calice, il n'appréciait pas son inconscience, il ... Il ne l'appréciait pas en tant que tel. De sa survie dépendait la survie du Prince et sans le Prince il en allait de la fin de leur Monde... La fin de leur équilibre. Trop de choses dépendaient du fait que ce calice mange ou pas, que ce calice se brise quelque chose ou pas, que ce maudit calice insolent survive ou pas... Cette simple réalité suffisait à emplir de rage quelques vampires désireux de voir tomber Hermann Goring. Finalement la précarité de leur système résidait en la fragilité des calices, ce pseudo-révolutionnaire n'avait pas si tort que cela... Et cette idée germait en quelques esprits depuis que le Tribunal avait vu son local être assiégé, son existence être menacée, sa légitimité être réduite à néant...
- Essayez seulement, provoqua le jeune homme en repoussant son assiette d'une geste, plantant son regard dans ceux des gardiens de la porte.
Alors que le premier vampire, agacé, faisait un pas dans la direction du calice, les camarades du Prince se levèrent d'une même mouvement, menaçants, semblant défier les vampires de s'avancer plus encore.
- Vous avez beau être ses conseillers, nous vous écarterons si vous nous empêchez de nourrir ce calice, siffla l'un des deux vampires.
- Vous devenez ridicules, il mange lorsqu'il a faim, il est inutile de le gaver, commenta froidement Blue.
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Si c'est un don... TOME 3
VampireAinsi le regard blafard de l'Histoire ne se pose pas sur chaque combat, chaque survie, chaque balafre avec la même intensité. Alors que tant pleurent le futile, ils dénient , dans un reniflement dédaigneux, le plus sombre des chapitres, la plus maca...