" Humes les fleurs, leur senteur navrante..." G.Faye

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- Nous reviendrons en Ecosse lorsque la situation sera moins embourbée, lui assura Eago, sa conscience surgissant de sa réflexion avec une telle violence qu'il en aurait titubé s'il avait été un homme banal.

- J'ai hâte, sourit le calice, ayant lu des ouvrages aussi incroyables que fantasque sur les mythes et récits de ces terres. Il attendait avec impatience de pouvoir explorer les forêts, les plaines, les vieux châteaux et forts, sans craindre à tout instant de voir un dissident politique attenter à leurs vies.

- Et tu découvriras le domaine que Eago a dans les Highlands. Si mon souvenir est exact, il a une bibliothèque bien fournie sur les soulèvements jacobites et leurs impacts sur les conflits entre clans de vampires britanniques et écossais, commenta avec légèreté Blue.

Dorian ouvrit de grand yeux, brillants d'indignation et de déception , s'exclamant :

- Mais... Mais il fallait me le dire ! Il y a tellement de zones d'ombres dans ce que j'ai lu ! Pourquoi sommes nous restés chez Blackwood alors que vous avez un domaine?

Eago poussa un subtil soupir face à l'intervention peu pertinente de son camarade d'éternité qui avait réussi à agacer son calice alors qu'ils avaient pris la route depuis moins de dix minutes:

- Les Highlands sont moins sûrs que les Lowlands par les temps qui courent. Et je refuse que l'un de mes résidences secondaires devienne un lieu de passage pour tous les représentants des Clans et Familles.

- J'espère que ce conflit ne va pas s'éterniser, grogna Dorian en s'enfonçant dans son siège, son regard posé sur l'extérieur.

Dire que le voyage fut intéressant aurait été un mensonge. Dorian dormit à peine une demi-heure après leur départ. Il avait peu et mal dormi depuis sa rencontre fortuite avec le substitut violent. De fait, son corps profitait de cette nouvelle sécurité qu'était cette voiture pour se reposer. Il n'y avait dans le véhicule que trois vampires qui lui étaient inoffensifs. La présence discrète des elfes noirs à proximité avait aussi été un facteur important quant à sa paix retrouvée. Il dormit donc, jusqu'à ce que le hurlement de klaxons le réveille en sursauts.

Dans un grognement agacé, il posa un regard sur l'extérieur, découvrant sans trop de surprise qu'ils étaient au cœur de Londres. Ils étaient arrivé en fin de soirée, les routes étaient embouteillées et les véhicules hurlaient leur mépris par le biais de leurs klaxons.

Il laissa son regard vagabonder sur les usagers de la route et les piétons. Il admirait les cyclistes, coursiers ou non, qui slalomaient dans une valse mortelle entre les véhicules, les piétons irrespectueux des priorités ou les deux-roues s'autorisant à rouler sur quelques bandes cyclables... Il se demanda un bref instant quelle sensation cela procurait d'être sur une selle, exposé à la violence et à la splendeur du monde. Comment pouvoir avancer en étant douloureusement conscient de sa précarité flagrante, sa vulnérabilité inéluctable... Puisque tout acte ne coïncidant pas avec la chorographie mortelle de la route pouvait l'envoyer dans les plus sombres notes de sa symphonie.

Il suffisait d'une portière, un cycliste hésitant, un clignotant oublié, un feu brûlé... Et, dans toute sa conscience, dans toute sa détermination à se détacher de cette précarité inscrite et ancrée en lui dès le moment où il écrase la pédale de son vélo, le cycliste pouvait basculer... Basculer pur peut être ne plus se relever.

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