Si c'est un don... TOME 3

"Même la révolte artistique devient illusoire " Dewey

Poussant un soupir attristé face à la vague de tristesse qui venait d'étreindre son calice, Eago quitta sa place pour prendre le jeune homme contre lui, glissant:

- Je suis navré. Je ne veux pas que tu penses que je te néglige au profit de la communauté vampirique. Ce choix que j'ai fait est complexe, résultant de plusieurs sombres chapitres de notre Histoire. Je ferai tout pour que tu n'aies plus à subir les conséquences de mes choix. Je jure de ne plus te délaisser... De tenir ma promesse...

- Vous m'avez déjà fait cette promesse, renifla dans son épaule ce résidu d'enfant qui craignait encore et toujours d'être laissé sur le côté au profit d'une cause plus grande, de devoir subir la violence et l'amertume du monde au profit de grands desseins... Un enfant que sa mère n'avait vu qu'en tant qu'héritier. Un malheureux enfant sans sécurité émotionnelle...

- Je sais... Je sais...

~~

Une chose était certaine: reprendre son titre de Prince avait été aisé pour Eago car tous accordaient encore à ses propos, son autorité, ses choix, une légitimité quasi divine. Il ordonnait et la population vampirique s'exécutait. Le stratège et le leader en lui n'avaient jamais donné d'occasion de douter de sa pertinence et légitimité. La Grande Traque avait connu la survie d'un nombre important de calices car il s'en était mêlé.  Sa politique était impartiale et logique. Elle ne favorisait aucune Famille, aucun Conseil... Seule l'autorité du Tibunal était exacerbée suite à la déchéance de leur pouvoir d'autorité après le siège de leur Institution à Londres. Et Eago tenait à souligner ce point : son retour était temporaire. Il était là pour achever ce qu'il n'avait achevé lors de la Grande Traque. Il était là pour faire tomber la tête de parias. Une fois cela fait, il rendrait le plein pouvoir au Tribunal et aux Conseils.

Son autorité n'était froide et drastique que lorsque son calice était impliqué. Le Prince ne permettait pas qu'on porte quelques propos déplacés à l'égard de son précieux calice. Il ne permettait pas qu'on insulte ou insinue quoique ce soit vis-à-vis de son jeune et frêle calice.

Plusieurs avaient subi le courroux du Prince alors que leur échappaient quelques remarques quant à l'insolence ou les fantaisies du calice. Quelques remontrances acides et empreintes de menaces à peine dissimulées avaient découragés tous ceux qui auraient pu croire qu'ils pouvaient se permettre de faire cette douce erreur. De plus, le manoir du Lord Rowen accueillait de nombreux vampires éminents des Cinq Familles qui avaient des calices temporaires. Des «faux calices» ou des substituts comme les appelaient les elfes noirs.

Dorian avait donc finit par rencontrer un grand nombre des ces «substituts», dans des circonstances parfois des plus désagréables. Sa première rencontre avait été avec le calice temporaire de Ivar Ragnarson qui n'avait pas oublié qu'il était le calice du Prince, ce vampire qui avait violenté Ivar. Ce vampire qui inquiétait son vampire qui pourtant semblait in-intimidable... Il était en colère contre cet être millénaire à l'autorité naturelle qui faisait se courber les échines de tous les immortels présents dans le domaines du Lord Blackwood... De fait Dorian avait fait face à un substitut à l'attitude déplaisante et agressive. 

 Alors qu'il déjeunait un matin en compagnie des elfes noirs, il fit face à l'entrée fracassante de ce faux calice qu'il n'avait eut l'occasion de croiser qu'une seule fois jusque là. Le substitut avait posé un regard noir sur Dorian avant de s'attabler sans même lui demander s'il était bienvenu à sa table. Il entama son déjeuner sans adresser un mot à ses vis-à-vis avant de finalement lever les yeux vers le calice. Ce geste sec et brusque manifestait bien la colère dans laquelle se trouvait le substitut. Dorian attendait que le calice temporaire daigne ouvrir la bouche... Il ne fut nullement surpris lorsque s'éleva la voix colérique, disant :