" Beau la folie..." Lomepal

197 16 10
                                    


Lorsque Dorian arriva au Manoir qui avait été le berceau de son enfance, l'endroit qui avait connu ses premiers pas, ses premières joies et plus grandes déceptions, il ne s'attendait pas au silence ni au vide qui l'accueillirent. C'est comme si l mort de sa mère devenait soudain une chose concrète. Comme si la viabilité de son souvenir suffisait à l'éloigner de la douleur de la perte qu'il avait ressenti lorsqu'elle l'avait rejeté encore et encore.
Il ne fit par part de son mal-être alors qu'accompagné de Blue, Geoffrey, Charles et Eago, ils entraient par le hall principal.
L'absence de lumière, la fine couche de poussière qui s'était installée, avaient quelque chose de réconfortant qu'il ne savait expliquer... C'était comme si l'absence de vie évidente rendait sa visite plus supportable. Il ne prêta aucune attention aux nombreux portraits de ses ancêtres qui semblaient poser sur lui un regard lucide et empreint de mépris. Comme si ces cadres savaient quelques chapitres de son histoire que lui même ne saisissait pas. 

Il marcha, d'un pas hésitant, à travers le long hall donnant sur l'escalier central de la demeure. Un vieil escalier de bois qui avait connu les plus belles et les plus sombres scènes familiales. Il posa son pied sur la première marche, tout dans cette maison semblait lui hurler de s'en aller. Comme si la présence de sa mère y avait ancré une ombre qui ne voulait pas de lui dans sa mort comme elle ne voulait pas de lui dans la vie... 

Le bureau de sa mère était un de ces lieux d'un maison où enfant, nous craignons d'entrer tant le regard que le adultes posent sur notre nuque est paralysant. C'est ce genre de sanctuaire où les paroles dites sont sévères, trop sérieuses pour une maison familiale, trop froides pour un enfant, qu'importe son âge. Dorian y était entré à de rares occasion. Il savait que ce lieu lui était interdit. Il y avait là trop d'ouvrages importants, trop de paperasses intouchable, trop de sérieux pour un enfant en quête d'attention et d'affection...  Il y avait subi les plus sèches et formelles remontrances de sa mère. Il y avait entendu les mots les plus durs qu'un parent puisse dire à son enfant. Des mots qui l'avaient lentement mais surement tiré vers le bas. 

- Tu hésites, commenta Eago, debout à deux pas derrière son calice qui fixait la porte fermée qui semblait enfermer tant de ses souvenirs. 

- Cette pièce est le tombeau de trop de souvenirs, répondit-il simplement. 

- Ce sont des souvenirs, elle ne peut plus t'atteindre, ne l'oublies pas.

- Mais elle m'atteint par les résidus de sa présence... C'est juste... Si ancré, si profond comme blessure que mon coeur se serre juste à l'idée de passer cette porte parce que, aussi irrationnel que cela puisse paraître, je crains de la voir assise là, les mains croisées sous son menton finement taillé... 

Sa voix n'était qu'un misérable chuchotis que les murs solides et lourds d'histoire de la demeure renvoyaient à ses oreilles avec une certaines hargne. Comme si rien n'irait jamais pour lui entre les murs de la maison mère de leur illustre famille qui vivait sa chute, son extinction... La fin d'une lignée, le début d'une histoire alternante... 

- Seul le temps guérit les traumas. 

- Je sais, soupira Dorian en entrant dans le bureau. 

Sobre, à l'esthétisme ancré, le bureau portait de lourdes bibliothèques et un immense plan de travail sur lequel reposaient quelques dossiers. La grand chaise donnait le dos à la baie vitrée qui leur offrait le jardin d'hiver du Manoir, à l'arrière de la propriété. Ce même jardin où il avait appris à faire du vélo avec P... Il ferma douloureusement les yeux, se détachant de son souvenir. Un souvenir douloureux au vu des circonstances de la mort de son seul et unique ami d'enfance. 

Il s'avança vers le bureau, cherchant avec une certaine hâte, une frénésie qu'il associait à son malaise d'être dans la demeure familiale qu'il avait fui avec verve. Il trouva des agendas, des dossiers, des livres hors format qui traînaient çà et là.  Il trouva malgré lui quelques rares photos de familles, formelles, sobres, teintées d'amertume... Il les retourna, sous l'oeil attentif de son vampire qui , à travers le lien, suivait le ravage émotionnel qui prenait lentement mais sûrement le calice. Et il trouva... Enfin... Finalement. 

Il resta figé, debout, dos à ce jardin qu'il refusait de voir, ces souvenirs qu'il refusait de voir refluer, il tenait entre ses mains un carnet à la reliure de cuir qui semblait avoir été usé par une manipulation trop indélicate. Sur la couverture était écrit à l'encre noire sur une case de papier réservée à ce effet : Journal de Dame Wall. Il gratta le papier, certain qu'il y en avait un au au dessous, un autre nom, une autre signification... Le petit rectangle de papier se détacha dans un bruit de déchirement qui sembla blasphémer le silence du lieu. Il lut , son souffle se bloquant dans sa gorge : " Récit d'un parricide".  

Il se laissa tomber sur le fauteuil de lecture qui avait été casé par il ne savait quel moyen entre deux bibliothèques. Eago choisit un ouvrage lambda dans les rayonnage, invitant silencieusement son calice à prendre le temps qu'il lui fallait pour lire ce journal sombre et au titre d'une violence crue. Il lui laissait le temps de faire face à  ce chapitre obscur et inconnu de la vie de sa mère, sa génitrice, son bourreau...

Ainsi commençait le journal, par une note manuscrite sur la page de garde où rien d'autre n'était inscrit. En transversal sur la page A5, il lut : "Impossibilité d'aimer, de chérir, un enfant qu'on lui a imposé, une femme est une mère par choix et je ne l'ai pas choisi". 


Hey, 

Je reviens certes après près de deux mois ( si pas plus) de silence. Si c'est un don est un récit qui se complexifie et s'assombrit. Je ne peux écrire un chapitre lambda et le publier pour le publier, j'espère que vous comprenez. Aussi, afin de maximiser la qualité du fond et de la forme, je prends beaucoup de retard dans l'écriture de ce récit qui se cumule à mon job étudiant et mes études qui se complexifient. 

Je suis heureuse d'entamer le récit du passé de la mère. Elle a un triste récit qui vous touchera peut être et vous aidera à cerner le personnage traditionaliste est assez constructiviste sur les bords que j'ai éliminé plus tôt. 

Bonne année 2020 à vous, j'espère que cette nouvelle décennie sera riche en émerveillement et en joie malgré les tourments géopolitiques que nous voyons au jt....

Bien à vous,

Sofia.

Sofia

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Si c'est un don... TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant