Il le trouva en bibliothèque, lisant, entouré des elfes noirs. Ce point le rassura. Au moins il avait la certitude que rien ne pouvait arriver à Dorian tant que ces protecteurs infaillibles seraient à ses côtés. Il eut un sourire face à l'air renfrogné de son calice. Il ne semblait pas avoir passé une bonne matinée. Cela le confronta dans sa nécessité de mettre un terme aux agissements irresponsables et immatures des substituts qui squattaient le domaine.
Peut être était-il temps de rejoindre son seul domaine en Écosse d'où il pourrait toujours veiller à l'application de SA politique face aux agissements de Hermann Goring. Ou peut être devaient-ils rejoindre Londres et sa familiarité où tous les Conseils pourraient le trouver et les Cinq Familles seraient à portée aussi...
L'insécurité d'un endroit non familier ou l'insécurité d'un sanctuaire bafoué? La tendre tentation de rester, là dans les Lowlands ou la raison de quitter cet hostilité pesante?
La demeure de l'Allée Mythos n'était pas un lieu où Dorian se sentait à l'aise. Et Eago le comprenait. Mais... Quelle autre ville, au centre de tous les réseaux , facile d'accès pour tous, pouvait servir de cœur à sa politique? Une seule idée lui venait mais il n'était pas certain que cela soit une solution à long terme. Il s'agissait après tout de LA ville où s'assemblait le plus grand nombre de chasseurs de primes. Cela ne pouvait que mener à quelques imprévus et confrontations... Mais il savait que son calice serait constamment accompagné des Elfes Noirs ou/et de ses camarades d'éternité. De fait, cette solution semblait la plus accessible pour le moment. La plus efficace alors qu'il devait éloigner son calice des substituts frustrés, nerveux et de mauvaise influence qui pourraient le blesser ou le troubler plus qu'il ne l'était...
Il quitta la bibliothèque sans troubler son calice dans sa lecture. Il ne jugeait pas pertinent d'intervenir alors que son calice semblait avoir parfaitement fait face à la situation. Cela le rendait fier et l'amusait.
L'histoire a une douloureuse façon de montrer ce que les individus se répugnent à reconnaître. Voire à accepter... Or, l'histoire n'est là que pour relater. Mettre en mots. Hérodote a commencé ses « Histoires » afin de mettre en mot, d'avoir une trace papier, de ce qu'il se passait. En Grec, une Histoire est une Enquête. C'est une tentative de garder une parcelle de réalité à portée. Une parcelle seulement car il serait peu humble de prétendre l'exhaustivité. Nul ne peut la prétendre..
L'isonomie, ou une égalité démocratique absolue, est impensable dans l'histoire des Créatures. Certaines avaient toujours eut l'ascendant sur les autres. Certaines créatures avaient toujours fait plus usage de leur raison que d'autres. Nul n'est égal mais devant la loi du Tribunal des Vampires, tous sont égaux face aux conséquences de leurs actes.... C'est ainsi. Cela a toujours été ainsi. Or, depuis la Grande Traque, cet équilibre tendait à s'effriter. A se perdre... Parce qu'un tiers avait jugé bon de propager ses insécurités et doutes à la plèbe... Une plèbe qui parfois ne supporte pas la rigidité des vampires sur certains sujets. Une plèbe qui a soif de pouvoir, de libertés, d'un ordre qui leur conviendrait... Après tout, comme disaient les sophistes, la loi n'est pas sacrée et reflète les intérêts des plus puissants. Et les plus puissants étaient les vampires, bien que les elfes aient un pouvoir politique et militaire non négligeables ainsi que les sorcières... Mais les vampires, dans la légitimité de leur savoir ancré et inatteignable, même par les elfes pour certains sujets, sont la figure d'autorité, de puissance. Ils l'ont toujours été et nul ne réforme l'irréformable.
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Si c'est un don... TOME 3
VampirAinsi le regard blafard de l'Histoire ne se pose pas sur chaque combat, chaque survie, chaque balafre avec la même intensité. Alors que tant pleurent le futile, ils dénient , dans un reniflement dédaigneux, le plus sombre des chapitres, la plus maca...