Cours particulier(s)

Restitution et destruction

Cela faisait à présent plusieurs semaines qu'Harry, Ron et Ginny avaient échappé au monstrueux serpent de Voldemort en plein milieu de Godric's Hollow. Ils s'étaient de nouveau réfugiés dans le désert de la lande écossaise et se contentaient de transplaner, tous les quatre ou cinq jours, pour éviter de se faire repérer.

L'ennui et, il fallait bien le reconnaître, une certaine forme de désespoir les gagnaient peu à peu. Ginny s'acharnait, en vain, à consulter les livres sélectionnés par Hermione mais elle n'arrivait toujours pas à en sortir quoi que ce soit. Dans un sens, elle poursuivait ses recherches plus pour se donner l'impression d'être un minimum utile que dans une vraie perspective d'y trouver des réponses. Elle n'était définitivement pas comme son amie mais quelle autre alternative avait-elle ?

Ron et Harry se refilaient régulièrement la biographie de Dumbledore. Si celle-ci amusait beaucoup le premier, elle laissait le second dans un état de morosité avancée. Ginny avait beau lui répéter que Rita Skeeter était réputée pour raconter n'importe quoi –et qu'il était d'ailleurs très bien placé pour le savoir- Harry n'en démordait pas : si elle avait eu raison pour Godric's Hollow, pourquoi le reste ne serait-il pas vrai également ?

Comment pouvait-il en savoir si peu cet homme qui avait été son mentor depuis son entrée dans le monde magique ? Harry n'arrivait pas à lui pardonner ce qu'il considérait comme une trahison et finissait parfois par en oublier le but premier de leur escapade à travers toute la Grande Bretagne à savoir retrouver et détruire les horcruxes créés par Voldemort.

Étrangement, Ron était celui qui souffrait le moins du port du médaillon-horcruxe. Quand il l'avait autour du cou, il était plus ronchon que d'habitude et se plaignait particulièrement de tourner en rond mais une petite escapade à la recherche de victuailles ou un bon repas préparé par Ginny le mettait tout de suite de meilleure humeur. Il voyait bien que son meilleur ami était très touché par l'histoire de leur ancien directeur mais Ron essayait de dédramatiser par des traits d'humour un peu foireux plutôt que de tenter de relativiser les choses. La seule inquiétude dont il ne pouvait se défaire concernait la sécurité d'Hermione à Poudlard.

Ginny, quant à elle, était très difficile chaque fois qu'elle portait l'horcruxe. Était-ce lié au fait que l'un d'eux l'avait possédée à un moment de sa vie ? Elle n'aurait pu l'affirmer à cent pour cent mais le fait était que, chaque fois que c'était son tour, elle se sentait sombrer dans ses idées noires. Harry avait l'air plus heureux et serein sans elle pour petite amie. Si Hermione avait été à leurs côtés, la guerre serait sans doute déjà finie. Elle n'était bonne qu'à remplir le gouffre sans fond qui servait d'estomac à son frère. Tout ça repassait en boucle dans sa tête et l'épuisait malgré elle.

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas qu'Harry avait déposé le livre de Skeeter et s'était rapproché d'elle.

- Tu devrais me donner le médaillon, Ginny, c'est à mon tour de le porter, déclara-t-il doucement.

- Déjà ? Ça ne fait que six heures que je le porte...

- Tu sais très bien qu'il t'affecte plus que nous...

- Désolée de ne servir à rien... marmonna-t-elle.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit ! Mais c'est bien une preuve de plus de ce que j'avance. Donne-moi ce truc !

- Très bien, lui concéda-t-elle en retirant l'artefact d'autour de son cou.

Aussitôt, elle se sentit plus légère et ne put que reconnaître qu'Harry avait raison.

- Ron est dehors ?

- Ouais, je vais bientôt aller le relayer. Je n'arrive toujours pas à croire que Dumbledore partageait ces idées absurdes avec Grindelwald. Grindelwald quoi !