Cours particulier(s)

Darwin

Hermione était toujours plantée en plein milieu de la ruelle menant au quartier sorcier de Darwin, réalisant difficilement que Drago Malefoy et Blaise Zabini lui faisaient face.

- Merde ! jura Zabini. Tu crois qu'on l'a cassée ?! Tu l'as déjà vue aussi silencieuse, toi ?

- Oh, la ferme, Zabini ! répliqua Hermione, reprenant enfin le contrôle de sa voix. Je peux savoir ce que vous fichez ici, tous les deux ?

Blaise et Drago échangèrent un regard légèrement amusé avant que le premier ne se racle la gorge pour répondre :

- Perso, je vais visiter le quartier historique. Soyez sages, les jeunes !

Et il s'esquiva aussitôt sans laisser l'occasion ni à Hermione, ni à Drago, de trouver à y redire. Un silence un peu pesant s'installa entre les anciens partenaires de cours particuliers.

- Je... euh... bafouilla Drago, à la plus grande surprise de la sorcière qui avait l'habitude de le voir si sûr de lui. On a découvert un petit bistrot sympa, avec Blaise, ça te dit d'aller boire un verre ?

Hermione, légèrement sonnée par le fait de se retrouver seule avec Drago, accepta la proposition d'un signe de tête. Ils franchirent le passage permettant d'accéder au quartier sorcier et elle le suivit en silence à travers les rues menant à leur destination.

Drago choisit une table en terrasse, un peu à l'écart des autres et tira la chaise d'Hermione pour l'aider à s'asseoir.

- Merci... bredouilla-t-elle.

- Tu bois quoi ? lui demanda-t-il, légèrement mal-à-l'aise.

- Euh... du lait de coco, s'il-te-plaît.

Drago intercepta une serveuse pour passer commande et celle-ci la leur apporta quelques minutes plus tard. Hermione but un peu de sa boisson pour se donner contenance et attendit, sagement, que Drago prenne la parole. Ça ne servait à rien qu'elle lui fasse subir un interrogatoire : il était évident qu'il était ici pour la voir, et ce, même sans les informations lâchées par Ginny dans sa lettre.

- Ça fait franchement bizarre, d'être ici, en train de boire un verre avec toi, déclara enfin Drago au bout d'un moment.

- Et encore, toi, tu me cherchais, imagine-toi à ma place ! rétorqua Hermione.

- Tu as l'air bien sûre de toi ! Qu'est-ce qui te dit que je suis ici pour toi ?

- La coïncidence serait un peu trop énorme, Malefoy. Et Ginny m'a dit que tu avais parlé à Harry.

- Ah... se contenta-t-il de répondre.

Il sirota un peu son jus de cactus avant de reprendre :

- Écoute, Granger, je ne vais pas te mentir, je suis là en partie pour te voir. Mais pas que. C'est un peu la folie, au pays, la presse est partout et j'en avais plus que marre de devoir rendre des comptes à tout le monde. Le Ministère nous a innocentés, ma mère et moi, mais apparemment, ça attise encore plus la curiosité des journalistes. Alors quand j'ai eu l'autorisation de bouger, je me suis dit « pourquoi ne pas venir te voir ? ». Je ne pensais pas que tu avais fui aussi loin mais, après tout, l'Australie, c'est sympa !

- Je n'ai pas fui, le corrigea Hermione. Je suis venue voir mes parents.

- Que font-ils ici, d'ailleurs ? Je pensais que ta famille vivait en Angleterre.

- Euh... oui... je t'en parlerai peut-être un jour, mais pas aujourd'hui.

Ce n'était pas parce qu'ils s'étaient embrassés deux-trois fois, qu'il lui avait sauvé la vie dans la Salle sur Demande et qu'elle avait témoigné pour lui qu'Hermione lui faisait vraiment confiance, non ? Et puis, avouer qu'elle s'était elle-même effacée de la mémoire de ses parents afin de les protéger n'était pas quelque chose que l'on racontait à la terrasse d'un café.