OS Bonus : L'amour ne suffit pas

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Cambridge, le 2 août 2008.

Ron,

Ronald,

Ronnie...

J'avoue que je ne sais pas trop comment commencer cette lettre... Tout simplement, car je ne suis pas sûr de vouloir l'écrire, même si je sais qu'il le faut...

Il serait sans doute préférable que je te dise tout ça de vive-voix mais hé, on sait tous les deux comment ça se termine entre nous chaque fois que nous essayons d'avoir une discussion sérieuse, n'est-ce pas ? Surtout celle-ci.

Ça n'a jamais été facile, entre nous, je ne t'apprends rien. Déjà, il t'a fallu plusieurs mois pour admettre que je ne te laissais pas indifférent. Je ne te le reproche pas, je ne l'ai jamais fait et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Comme je te l'ai dit à l'époque, ma propre découverte de mon homosexualité n'a pas été facile... surtout vu ma Maison et mes amis de l'époque. Qui aurait cru que le plus intolérant d'entre eux serait celui qui n'en aurait, en fin de compte, rien à faire ? Comme toi, je me suis senti seul et perdu mais contrairement à toi, je n'avais pas le soutien que tu as eu.

On peut vous reprocher beaucoup de choses à vous, les têtes brûlées de Gryffondor, mais certainement pas cette capacité à vous soutenir dans les moments les plus délicats.

Je n'en suis pas jaloux et ne te le reproche pas. J'énonce juste un fait. Dès le départ, il a fallu jouer avec nos différences...

Enfin bref, on ne refera pas le passé. Au final, tu as su reconnaître que tu fantasmais à mort sur mon corps de divinité romaine et moi, je n'ai eu qu'à profiter de ton lâcher-prise...

Malheureusement, et ce n'est pas nouveau, nos divergences se sont toujours rappelées à nous. Toi et ton fichu manque de confiance face à moi et ma pseudo arrogance. Ton envie de vivre une vie simple et tranquille face à mon ambition. Ta jalousie un peu trop maladive face à ce que tu prenais pour de l'indifférence...

Je ne sais même plus ce qui nous a poussé à rompre la première fois... Une dispute stupide, sans doute, comme pour toutes les autres fois... On a quand même cette aptitude particulière à nous prendre la tête pour pas grand-chose. En même temps, c'est comme ça que ça a commencé, non ? Lorsque je t'ai pris la tête, justement, pour que tu réalises que le fait qu'Hermione sorte avec Drago n'avait rien de malsain ni de contre-nature.

Tu peux être tellement têtu quand tu t'y mets... Et ce n'est pas la peine de lever les yeux au ciel ! Je te connais par cœur, je sais très bien que c'est ce que tu es en train de faire. Et je sais aussi ce que tu penses, mais je n'ai jamais prétendu que je n'étais pas au moins aussi borné que tu pouvais l'être. Sans ça, nous n'en serions pas là aujourd'hui et je ne serais pas en train de t'écrire cette lettre...

Tu sais à quel souvenir je pense, lorsque je créé un Patronus ? A ce jour où, alors que nous étions en plein cours de coopération, tu as enfin osé me toucher... J'en crevais d'envie depuis des mois et j'ai vu le changement opérer en toi au fil des semaines. J'ai vu notre amitié naissante évoluer en autre chose et j'ai cru que mon cœur allait exploser de joie quand tu as enfin arrêté de réfléchir et admis que tu avais le droit d'être attiré par moi. Que je sois un Serpentard ou le meilleur ami de celui que tu ne considérais pas encore comme un de tes proches était, au final, un détail.

Je me souviens encore des tremblements de tes mains et de ton hésitation lorsque tu t'es tourné vers moi et jamais je ne pourrai oublier la saveur de tes lèvres la première fois que tu m'as laissé y goûter. Un mélange de chocolat et de noisette, vestige de l'encas que tu avais ingurgité en douce au début de notre cours... Ce parfum sera, pour moi, à jamais lié à toi.

Je sais à quoi tu penses à ce stade de cette lettre... Tu te demandes où je veux en venir. Tu es parfaitement conscient de tout ça, nous l'avons vécu ensemble. Tu es en train de t'interroger sur le but de tout ceci, n'est-ce pas ? Après tout, comme le qualifie Drago, nous sommes dans une « phase sans » depuis plusieurs semaines, à présent...

Je sais pertinemment que tu m'évites depuis notre dernière dispute... Et non, je ne t'écris pas pour m'excuser. J'espère que ce n'est pas ce que tu attends de moi, mais je suppose que, depuis le temps, tu as appris à me connaître et que tu sais très bien que je ne m'excuserais jamais ainsi. Que je ne m'excuserais pas tout court, es-tu sans doute même en train de te dire.

Il y a neuf ans aujourd'hui, nous nous sommes séparés pour la toute première fois. T'en souviens-tu ? Je ne comprenais pas pourquoi tu t'entêtais à vouloir suivre une formation d'Auror avec Harry alors que tu me maintenais, en privé, que tu n'aspirais qu'à une vie tranquille loin de toute cette violence qui avait fait ton quotidien pendant le règne de l'autre Trouduc ! Mais hé, au final j'avais raison, non ? Tu es revenu vers moi la queue entre les jambes (au sens propre comme au figuré) quelques semaines après la rentrée pour me dire que j'avais raison et que tu n'étais pas fait pour ça... Il faut croire que finalement, je m'en rappelle quand même...

J'ai été heureux que tu reviennes vers moi, sincèrement, mais aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de me demander si nous n'aurions pas mieux fait d'en rester là à ce moment-là... Se disputer si violemment pour un sujet si futile n'était-il pas le premier signe que nous n'arriverions jamais à nous mettre d'accord et à vivre sereinement notre histoire ?

Malheureusement pour nous, j'étais déjà bien trop amoureux de toi pour ne pas être comblé par ton retour.

C'est sans doute ça, en fait, notre plus gros problème... L'amour qu'on se porte. Aussi violentes que soient nos disputes, j'ai toujours envie d'être avec toi, en toi... Mais dans les faits, ça fait quand même plus de neuf ans qu'on se déchire inlassablement. Et justement, je commence à en être las...

Ne t'inquiète pas, je ne vais plus tourner autour du chaudron bien longtemps.

J'ai déjeuné avec Drago, Hermione et Lisbeth la semaine dernière. Je regardais nos amis, avec le bébé qui gazouillait dans les bras de sa mère, et j'ai croisé le regard éperdu d'amour que Drago posait sur elles... J'ai repensé à leur histoire, aux difficultés qu'ils avaient rencontrées pour qu'ils en arrivent où ils en sont aujourd'hui et j'ai pensé à nous.

Pourquoi est-ce qu'ils arrivent à être heureux ensemble alors qu'ils sont au moins aussi différents l'un de l'autre que nous ? Qu'est-ce qui cloche, chez nous ? Pourquoi est-ce que nous, on n'arrive pas à être juste bien ensemble ? Pourquoi faut-il toujours qu'on se déchire, qu'on se sépare, qu'on se fasse du mal ?

Je n'ai malheureusement pas la réponse à ça... et je sais que toi non plus.

Par contre, je sais déjà que tu vas m'accuser d'être lâche et de fuir comme le vil Serpentard que je suis. Drago et moi avons trouvé un nouveau fournisseur pour nos apothèques, mais il vit en Inde et refuse de se déplacer pour nous présenter ses produits. Je t'épargne les détails, mais nous avons vraiment besoin de ce partenariat.

Lisbeth a tout juste un an et... Bref, tu l'as sans doute déjà deviné, mais c'est moi qui vais partir pour le rencontrer. Le fait est que je ne sais pas au juste combien de temps je serai absent. J'ai besoin d'être seul pour faire le point. Ça fait neuf ans que je t'aime mais je ne peux tout simplement plus continuer ainsi.

J'ai besoin de me stabiliser. J'ai envie de fonder ma propre famille... J'adore ma filleule, n'en doute pas, mais j'ai besoin de plus. Et malheureusement, je crains que cet avenir ne soit pas possible avec toi.

Je suis désolé de te dire tout ça par lettre mais, comme je l'ai déjà dit, quand je suis face à toi je perds tous mes moyens et je ne peux plus me le permettre.

Il faut qu'on arrête de se faire du mal, Ron. Je t'aime, n'en doute pas un seul instant, mais parfois, je crois tout simplement que l'amour ne suffit pas.

Prends soin de toi. Sois heureux mais ne m'attends pas.

Pardonne-moi,

Blaise.

Cours particulier(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant