Et si...

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Baraqa Gueye Kébé

Je n'avais réussi á dormir de toute la nuit. Ma tête roulait sur l'oreiller incessamment tel une aiguille d'horloge. 
Je regardais le réveil sur la commode, 6h. Je me levais machinalement et allais prendre un bain.
Que devais je faire? La nuit portait conseille mais dans mon cas, elle avait noyée mon esprit dans ses limbes.
J'avais foncé tête première dans ce mariage pour l'argent, en faire vivre ma famille et j'avais réussi.  La vie m'avait dégoûté des hommes au point où ils m'apparaissaient comme des imprevus qu'ils fallaient gérer, des obstacles... á franchir.
J'avais tenu le coeur de plus d'un homme dans ma main pour le briser ensuite comme un chateau de carte.
Certains m'avaient suppliés de rester avec eux ; d'autres m'ont détestés et les plus chanceux m'ont rayés de leurs vies. Et pourtant celà ne m'a jamais fait ni chaud ni froid.
Il m'avait volé ma sensibilité ; ma douceur, mon amour pour les autres.  Il m'avait volé ma compassion et mes rêves.  Il avait détruit ma vie, mon existence...

Mais était ce une raison pour détruire la vie d'autrui ? Jamais  il ne m'avait été donné de voir amour et haine enlacés comme les mèches d'une bougie dans les yeux de quelqu'un . Ahmed me détestait ; c'était incontestable et je ne pouvais lui en vouloir. La haine était un sentiment qui m'était familier mais l'amour qui en découlait me render pantoise.

Je sortis de la douche ; enfilée un djeilaba et des sandales, mis un foulard autour de ma tête et sortis . Dans la rue , je hélais un taxi et lui donnais l'adresse.  En moins d'une heure ; je fus chez moi.
Aïta m'ouvrit la porte et me souris quand elle vit que c'était moi. Je lui rendais la pareille en lui souriant.  Aïta était ambitieuse comme moi á la différence qu'elle n'avait pas monnayé son amour á celui qui avait la poche la plus lourde.
J'avancais dans le couloir et montais les escaliers.
A cette heure ; mon père avait sans doute rejoint le garage depuis longtemps. Il s'était reconverti en mécanicien et grâce á Ahmed tenait désormais son propre garage; certe petite mais á lui quand même.
Je toquais et entendis un "unhun" . Je savais qu'elle serait debout depuis longtemps.
La femme qui m'avait donné la vie , celle qui m'avait donné le prénom de sa mère une "nare" ; était assise sur sa natte de prière ; égrènant son chapelet. Je m'assis en face d'elle et n'y tenant plus je me couchais sur ses cuisses comme enfant j'aimais tant le faire.
Elle posa sa main sur ma tête en le caressant jusqu'à ce qu'elle atteignit un "cédeih" .

Maman Fatima: Maman? Qu'est ce que tu as?

Ma mère allait être déçu de moi mais n'est ce pas Youssou Ndour qui dit :
Si tu ne sais pas où tu vas, retourne d'où tu viens.

Elle attendait patiente jusqu'à ce que je vide mon sac.  Seul son souffle et sa main immobilisée sur ma tête me témoignaient que je n'étais pas seule dans la chambre.

Je me levais et eus le coeur brisé á la vue des larmes qui parsemaient son visage.

Baraqa: Ayy yaye! Ne me fais pas ca.

Elle me regarda droit dans les yeux et me dit.

Maman Fatima: Dis moi où ai je failli?

Maman Fatima: Où avons nous failli Baraqa?

Je baissais la tête ; incapable de dire quoi que ca soit.

Maman Fatima: Tu dis que c'était pour nous mais nous as tu vu nous plaindre de nôtre situation?
Nous sommes pauvres oui Baraqa où devrais je dire nous l'étions ?

Ahmed & Baraqa : likko teugg tassouko...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant