Ahmed GueyeLa tension était à son paroxysme.
A chaque fois que mon regard rencontrait celui d'un membre de ma famille, celui ou celle-ci abaissait ses yeux comme si j'étais pourvu d'un pouvoir quelconque capable d'y lire ce qu'il ne voulait me dire.
Je n'ai sans doute jamais autant soufflé de ma vie, de frustration, d'énervement et d'une profonde sensation d'impuissance face au chagrin de ma mère. Cette dernière s'était échouée dans mes bras et ne cessait de pleurer.
Mon cœur était en miette face à un tel spectacle. J'aurais voulu mourir plutôt que d'en être témoin. Adja Dieng Siré était une mère parfaite, une femme intègre et très impliquée dans la religion et tenait à en appliquer les recommandations et à s'écarter de ses interdictions. Je considérais que tous les actes qu'elle avait entrepris à mon encontre, avait été de faire de moi un homme responsable, un bon musulman et surtout quelqu'un d'humain, capable d'empathie à l'égard d'autrui. En tout point pour moi, elle était parfaite et ne me devait rien alors pourquoi demandait mon pardon ?Ahmed:Maman?! Stp parles moi à la fin! Qu'est-ce qui se passe?! Demandais je désespéré.
Elle continua à pleurer mais de façon plus virulente, rajoutant à mon inquiétude déjà grande. Je l'aidais à s'asseoir sur une chaise et lui tendis le verre d'eau qu'avait apporté Magui qui retourna immédiatement à sa place.
Ahmed: Tu vas où? Viens m'aider à la calmer toi aussi. Lui demandais je dépassé.
Elle s'apprêta à me répondre, les yeux gorgés de larmes quand Ta Maréme Soda fit une entrée fracassante. Elle se dirigea directement vers ma mère qu'elle prit dans ses bras pour la réconforter. Je ne comprenais pas leur relation. Après tout ce qui s'était passé entre elles, elles restaient amies. Elles me rappellaient beaucoup Baraqa et Mamita...
Ce fut avec stupeur que je vis ma mère se calmer, et son amie chuchotait à son oreille. Elle lui prit la main et elles échangérent un regard, de ceux que nous ne pourrions comprendre ,comme si elles étaient capable de parler un langage qu'elles seules pouvaient comprendre. Je connaissais ce sentiment, je l'avais partagé avec Steeve et désormais nôtre amitié me semblait inexistante...
Maman: Ahmed. Mon bébé assied toi stp. Dit elle en essuyant les traces de ses larmes.
Sa mère lui serra l'épaule comme pour la soutenir, l'air contrite.
Je n'était pas choqué par le retour à l'enfance qu'elle avait provoqué avec ce surnom affectif, mais plutôt par le ton qu'elle avait employée. Je ne l'avais jamais vu ainsi alors je m'assis, docile.
Un dernier regard à sa mère qui hocha la tête et elle commenca... j'aurais voulu ne jamais savoir.
Maman: Tu sais je n'ai pas toujours habité ce quartier. Avant nous vivions dans un quartier assez calme de Dakar. J'avais grandi là-bas avec mon amie d'enfance. Savais tu qu'on n'est née le même jour moi et Maréme Soda?
Sa question ne demandait pas de réponse puisqu'elle continua tout de suite après.
Maman: ...Comme si le destin nous prédestinait à être des amies. Tout à commencer à la maternité ensuite nos parents ont découverts qu'ils habitaient non loin, juste à deux rues d'intervalle. Des relations se sont nouées et nos familles sont devenues amies. Nous avons grandis ainsi, toujours ensemble et sommes devenus tel des sœurs au point où on nous appelait les jumelles. Les années passèrent faisant grandir en nous des rêves d'outremer. Nous faisions des projets sur la comète, ensemble. Mais le destin encore agit. Mon père fut licencié de l'entreprise où il travaillait, ils avaient fait faillite... Ma vie changea et naturellement mes projets aussi... Nous fûmes obligés de déménager et pour moi,mes frères et sœurs de changer d'école. A ce moment là, Souleymane n'avait que 25ans, il était l'aîné et le seul majeur d'entre nous. Mais il ne pouvait pas nous aidé, peinant toujours à joindre les deux bouts déjà qu'il avait refusé l'aide parental et voulait faire fortune seul en France. Il ne pouvait rien pour nous,alors nous sommes partis de chez nous. Je n'avais que 17ans et devais faire la terminale alors que nous étions déjà au mois de novembre. Ma mère se démena pour nous faire intégrer à moi un lycée privée et pour les autres le collège. Ce ne fut évident pour aucun d'entre nous mais nous fimes avec. Mon père était de nature assez fier alors il ne demanda de l'aide à personne mais la famille de Maréme nous épaula quand même. C'est déprimée que j'avais commencé l'année alors que ma meilleure amie n'était pour la première fois pas près de moi. Ses parents avaient quand même tenus à me payer tout mes frais de voyage pour rejoindre Souleymane à Paris mais le seul hic était le visa et la préinscription. J'étais dans un état de stress élevé et l'ambiance morose à la maison ne m'aidait pas. Je me mettais en retrait en classe et les autres élèves se sont rapidement mis à me détester sans doute pensant que je les snobais. Mais j'avais fait la connaissance de deux garçons: Pape Moussa Gueye et Ahmed Sarr. La où le 1er était un jeune homme vif et très à l'aise en société l'autre était beaucoup plus discret mais fort intelligent déjà qu'il était le premier de la classe. Ensemble ils m'ont aidé à progresser en cours et j'ai partagé avec eux mes soucis. Pape n'avait pas de problèmes de ce genre, sa famille était aisée et aller continuer ses études au Canada n'allait pas être un problème pour lui déjà qu'il faisait le voyage fréquemment pendant les vacances. Ahmed était plus apte à me comprendre puisque nous étions dans la même situation.
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Ahmed & Baraqa : likko teugg tassouko...
DiversosChaque histoire ne commence pas par un coup de foudre... parfois il faut du temps au coeur pour laisser l'évidence prendre sa place et éclaircir la vision des yeux pour que l'être tant cherché soit visible comme le soleil en plein ciel... histoire f...