I. Chapitre 2 suite

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      « Il la retourna doucement vers lui et caressa l'ovale de son visage. Leurs souffles se mêlèrent. Puis lentement sa bouche s'empara de ses lèvres. C'était doux et fort à la fois. Eléa perdit son cœur. Et puis sa langue vint la découvrir. Elle écarquilla les yeux et voulut reculer. Mais il la maintint contre lui, et sa langue la caressa de l'intérieur. Il descendit lentement sa bouche le long de sa gorge et d'une main découvrit sa poitrine. La Pierre de Lune accrochée à son cou scintilla doucement dans la nuit. Elle n'osait plus bouger, dévorée par un feu inconnu. Et le brasier se déchaîna quand la bouche emprisonna un téton. Elle gémit dans un murmure. Il redressa la tête et lui sourit.
–Tu es si belle Eléa, si désirable...
Belle ?! Elle ne s'était jamais posé la question. Elle était agile, musclée, souple, bonne cavalière, excellente même, mais belle ?! Mais très vite elle perdit le fil de ses pensées, incapable de se concentrer sur autre chose que sur les doigts qui parcouraient son corps, que sur la bouche qui la couvrait de baisers légers comme des plumes... Une des mains de Michan descendit plus bas encore, très bas, si bas que... Les doigts glissèrent entre ses jambes. Là aussi elle voulut reculer, mais là aussi il la retint contre lui. Et elle sentit son corps s'ouvrir...
–Oh Eléa tu mouilles pour moi...
Et il l'embrassa encore plus profondément en gémissant. Lentement sa main caressait le sexe de la jeune fille qui crut défaillir de plaisir. Ils restèrent ainsi de longues minutes, leurs souffles mêlés.

Mais tout à coup des bruits se rapprochèrent. Alan et Galan venaient les chercher pour leur tour de garde. Elle se rhabilla tant bien que mal, le feu aux joues et au ventre. Il se leva, lui prit la main et l'entraîna vers l'extérieur. Elle n'osait plus le regarder, ne sachant pas si ce qu'ils venaient de faire était bien ou mal. Mal ? Mais non c'était... Divin. Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit qu'il leur avait installé une couche avec les couvertures qui avaient séché durant la nuit. Il s'allongea et lui tendit la main. Tremblante, elle s'avança et la saisit en se coulant près de lui. Elle respira son odeur dans un soupir, et se blottit contre lui. De nouveau il prit ses lèvres et l'embrassa lentement, profondément. Leurs gémissements se mêlèrent.
–Est-ce que tu veux, toi aussi, me donner du plaisir ?
      Comment lui dire non ? Mais comment faire ? Elle hocha la tête et planta ses yeux de velours sombre dans les siens. Alors il prit sa main et lentement la guida entre ses jambes. Elle sentit une grosseur inconnue qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant. Il défit ses jambières et elle découvrit son sexe à la lueur des flammes. Elle le prit délicatement en main. Elle nota de suite le changement d'attitude de Michan. Il s'était figé en gémissant, tendu, mâchoires crispées, pupilles dilatées. Son souffle était plus court.
Désormais c'est moi qui ai le pouvoir, comprit-elle, étonnée et ravie.
       Elle se concentra sur le sexe du jeune homme. Il était doux, soyeux, chaud. Il palpitait dans sa main. Mais comment utiliser ce nouveau pouvoir ? Michan sentit son hésitation. Il couvrit sa main de la sienne et lentement commença un mouvement de va-et-vient. Elle comprit rapidement le principe et se mit à le branler doucement, comme lorsqu'il lui avait lui-même caressé le sexe. Elle sentit celui-ci s'ouvrir davantage et s'humidifier, comme une réponse à l'abandon du jeune homme entre ses mains. Elle ne quittait pas du regard son visage. Il était allongé, yeux fermés, vaincu. Elle remarqua que son souffle changeait en fonction du rythme de ses mouvements. La tension montait et descendait, puis remontait encore. Soudain il ouvrit les yeux et l'embrassa fougueusement. D'une main il recouvrit à nouveau la sienne et accéléra le mouvement, encore et encore. Dans un râle il s'écroula sur elle, et elle sentit un liquide chaud couler entre ses doigts.
–Oh Eléa, Eléa... murmura-t-il dans un soupir avant de s'endormir dans ses bras.
       Délicatement elle le repoussa et rajouta du bois dans le feu. Dans un sceau elle rinça ses mains et son sexe humide qui dégageait une odeur musquée qu'elle ne lui connaissait pas. Elle revint se blottir contre lui. Il l'enlaça aussitôt sans se réveiller. Elle fixait les flammes, cherchant à comprendre ce qui venait de se passer. Elle avait découvert une force capable de faire gémir un homme... Mais cette force lui faisait également perdre le contrôle de son propre corps...

      Le matin les trouva blottis l'un contre l'autre. Ils furent réveillés par Joran qui ravivait le feu face à eux. Il leur fit un clin d'œil complice et leur annonça que les autres dormaient encore. Michan la regarda mais son sourire n'était plus taquin. Il prit sa main et lui embrassa tendrement la paume en murmurant un brûlant merci.
       Le soleil était de retour. Aujourd'hui ils allaient devoir traverser la partie détruite de la carte. Et avec la pluie de la veille, le parchemin s'était encore plus détérioré... Ils se penchèrent les six sur le plan, afin de décider ensemble de la meilleure solution. Tous s'accordèrent sur le fait qu'il fallait se guider avec la boussole, en visant le point où le parcours réapparaissait sur le document. Ils se mirent donc en route.
       Si la pluie de la veille les avait ralentis, le soleil implacable qui la remplaça fut pire. Les plaines boisées firent place à des collines recouvertes de fougères géantes. Entre les tiges hautes, l'air était lourd et étouffant.
       Elle reconnut des pierres d'Oxyne. Son père lui avait appris qu'en les mettant sous la langue elles trompaient la soif. Elle en distribua à ses compagnons. Bientôt Léania se plaignit d'avoir la lèvre inférieure fendue par le soleil. Cette fois elle trouva une plante médicinale courante dont les feuilles sombres, lui avait expliqué sa mère, calmaient les brûlures. Elle lui en tendit une pour qu'elle la place entre ses lèvres gercées. Personne n'eut envie de se moquer de la malheureuse.

       Enfin ils arrivèrent dans la partie inconnue du parcours. Eléa prit la tête en se guidant sur la boussole. Au bout d'une heure, ils arrivèrent face à une vaste colline qui leur barrait la route. En fait de colline, il s'agissait des premiers contreforts de la Cordillère de Pyra. Le tracé reprenait de l'autre côté. Mais le passage, le col n'était plus indiqué car détruit sur le document fragile.
- On n'a pas le choix, il faut monter.
La voix de Joran résonna dans le silence.
–Je ne pourrai jamais y arriver.
     Léania pleurait.
     Tous se dévisagèrent. Ils ne pouvaient plus faire demi-tour, sinon ils perdraient trop de temps et ils arriveraient trop tard pour faire valider leur épreuve.
–On va y arriver ! décréta Eléa. Léania, tu restes sur ton poney. Les autres tous à terre. Joran, tu attrapes la queue du poney de Léania, Alan, celle du poney de Joran, et Galan, celle du poney d'Alan. Ils vont vous tirer dans la montée. On charge tout sur le poney de Galan. Moi je marcherai à côté de celui de Léania pour l'encourager. Michan tu prends la boussole et tu ouvres la marche.
       Ils se regardèrent et approuvèrent d'un même mouvement de tête avant de commencer l'ascension.

      Le soleil était de plomb. Il n'y avait plus aucune végétation autour d'eux. Seulement de la roche qui s'effritait sous les pieds et les sabots. Par endroits ils durent grimper à quatre pattes tellement le dénivelé était important ! Les poneys eux-mêmes trébuchèrent. Eléa encouragea celui de Léania en lui murmurant à l'oreille des paroles rassurantes. Personne d'autre ne parlait. Seuls leurs souffles remplissaient le silence.
       Soudain Léania s'écria.
–Je vois la crête !
       Ils fournirent encore un effort. Les derniers mètres leur incendièrent les cuisses et les mollets. Leurs gorges étaient en feu. La sueur brûlait leur dos. Ils s'écroulèrent tous au sommet. Les poneys, jambes écartées, naseaux dilatés, moussaient sous l'écume.
–Il faut les faire marcher sinon ils vont avoir des crampes et nous aussi, parvint à articuler Eléa d'une voix rocailleuse.
       Ils se redressèrent, titubant de fatigue et avancèrent dans la descente. Petit à petit la pente augmenta, et les cuisses et les genoux devinrent de la lave incandescente. Mais personne ne se plaignit, même pas Léania qui avait mis pied à terre. En bas ils voyaient miroiter un cours d'eau et il devint leur seul objectif. Quand ils l'atteignirent, Eléa leur conseilla de retenir les poneys pour qu'ils ne boivent pas trop vite, afin d'éviter des coliques mortelles. Il fallut se mettre à trois sur celui de Léania qui plongea la tête jusqu'aux yeux pour
boire ! Enfin leurs montures furent désaltérées et elles s'éloignèrent pour brouter. Les jeunes cavaliers se jetèrent alors dans la rivière. »

Extrait de
Le Maistre Ecuyer Royal
Léa Northmann
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