« Elle rougit, embarrassée par tant d'intérêts.
–Il n'y a rien de magique Votre Altesse. J'ai seulement dû beaucoup travailler avec Daram avant d'en arriver là.
Et elle leur raconta comment avec sa jeune amie Natéa, elles avaient apprivoisé le poulain blessé.
–C'est une très belle histoire, commenta Dame Rana.
–C'est un vrai plaisir de les voir travailler ensemble ! approuva le Vieux Roi en souriant à Eléa.
Elle rougit sous le compliment. En écoutant le récit de son Maistre Écuyer, le Roi Galh réalisa que Maître Domkan n'avait pas exagéré les compétences de son ancienne apprentie.
–Pourquoi ne pas enseigner tes connaissances ? Nous pourrions rouvrir le Manège Royal. Qu'en pensez-vous père ?
–C'est une excellente idée ! approuva le Patriarche, le visage réjoui. En plus l'hiver va rendre les sorties extérieures plus difficiles. Et cela permettra à nos hommes de peaufiner le dressage de leurs chevaux de combat.
–C'est exactement ce à quoi je pensais père, sourit le Roi.
–Peut-être devrais-tu participer à ces cours pour te préparer à ta prochaine rencontre avec une bête féroce... ironisa gentiment la Reine en regardant son fils.
–Ce serait un honneur et un véritable plaisir de suivre tes cours Maistre Écuyer, adressa Calh à Eléa en souriant innocemment.
Elle sentit son visage s'empourprer en entendant la note ambigüe habituelle dans la voix de son amant.
Serait-ce possible ?! s'interrogea Dame Rana. Le Prince Calh ?!
- Cela me permettra de me perfectionner avant mon départ, reprit le jeune homme.
La gouvernante vit le visage d'Eléa devenir soudain livide, et elle sentit le corps tout entier de sa voisine de table se crisper.
–Ton départ ?! demanda la Reine d'une voix inquiète.
–J'ai parlé de mon projet avec père cet après-midi. Durant mon précédent voyage, j'ai rencontré le fils du Duc d'Adhaïa, le jeune Palhan. Il m'a... Comment dirais-je... « Aidé » dans une situation délicate. Il m'a également décrit les ravages que la Grande Guerre a faits dans son Duché, qui, je vous le rappelle est toujours resté fidèle à Notre Maison, et a dû faire face aux attaques incessantes de nos anciens ennemis de l'Archipel des Îles du Levant... Afin de le remercier pour son aide précieuse, je lui ai promis de le conseiller pour la reconstruction de sa Province.
Eléa ne sentait plus son corps. Un grand vide glacé l'emplissait.
Il va repartir !
–Mais j'y pense ! Notre Maistre Écuyer pourrait m'accompagner ! s'exclama le Prince ingénument. Palhan m'a parlé d'une tribu dans le désert qui élève des chevaux de combat dorés. Peut-être n'est-ce qu'une légende, mais ce voyage permettrait à Eléa de découvrir une autre de nos Provinces et, qui sait, de rapporter un pur-sang en or.
–Ce n'est pas une légende Calh, intervint son grand-père. Lors de la Grande Guerre, j'ai croisé un régiment d'Adhaïa monté sur de tels chevaux. C'était des bêtes magnifiques par leur couleur mais aussi par leurs qualités ! s'exclama le vieil homme.
Dame Rana, de son côté, avait observé la réaction d'Eléa quand le Prince avait évoqué l'idée de l'emmener avec lui. Son visage s'était à nouveau empourpré, et il lui avait même semblé apercevoir des frissons sur les bras de la jeune femme.
Se peut-il que le lien qui les unit soit déjà aussi fort... ?
Pendant ce temps, le Roi Galh réfléchissait. Devant le regard brillant de son père, et la perspective de doter les Écuries Royales de chevaux d'or, il donna son accord pour le projet de son fils.
De plus, il est bon que le Prince Chevalier et son Maistre Écuyer se montrent dans les Duchés pour réaffirmer la valeur et la puissance de la Maison Royale, pensa le Monarque.
À la fin du repas, chacun regagna ses appartements. Eléa ne put parler à Calh, car la Reine le noyait déjà de mille recommandations de prudence pour son prochain voyage.
Elle entendit le jeune homme lui répondre tendrement pour la rassurer.
–Nous avons d'abord un long hiver à passer ensemble mère.
Et la jeune femme sentit un frisson de désir lui parcourir le corps...Le lendemain matin, les Écuries Royales étaient en effervescence ! Le Vieux Roi avait décidé de démarrer la remise en état du Manège Royal, et il dirigeait les opérations d'une main de fer.
Il entraîna Eléa à l'intérieur de la bâtisse. Il s'agissait d'un bâtiment rond, dont le toit était fait pour un tiers en verre, afin de permettre à la lumière d'entrer plus généreusement. Un ingénieux système de racloirs et de poulies permettait de dégager la neige, ou les feuilles, qui auraient pu les obstruer. Une autre combinaison d'engrenages permettait également de basculer légèrement certains panneaux en cas de fortes chaleurs. Sur les côtés, en hauteur, de longues fenêtres laissaient, elles aussi, entrer la lumière. On pouvait les ôter de leur cadre en été, pour rafraîchir le bâtiment. L'ensemble de la circonférence intérieure était habillé jusqu'à une hauteur d'un mètre vingt environ, par un pare botte en bois. Le sol était recouvert d'un mélange sableux.
–Tu vois, il va falloir réparer certains vitrages, graisser de nouveau les mécanismes, changer les lames de bois abîmées et aérer le sol pour lui rendre sa souplesse.
Eléa était émue par l'enthousiasme du vieil homme, qui semblait avoir rajeuni de dix ans.
–Dans une semaine tu pourras commencer tes cours ! Bien, maintenant je te laisse car j'ai du travail. Non, non ! Pas comme ça ! s'écria-t-il en rejoignant un groupe qui essayait de dégripper une poulie.
En regagnant les écuries, elle vit Calh arriver dans sa direction, et elle sentit la chaleur habituelle envahir son corps.
–Maistre Écuyer, la salua-t-il poliment, alors qu'il la dévorait du regard. J'ai proposé à mon père de te montrer les ouvrages de dressage de notre bibliothèque, pour que tu puisses établir ton programme de travail en attendant que le Manège Royal soit opérationnel, qu'en penses-tu ?
–C'est une excellente idée Chevalier, lui répondit-elle les yeux brillants.Alors qu'ils entraient dans le Château, elle s'étonna.
–Mais la bibliothèque est dans l'aile droite non ?
- Ah oui, j'ai oublié de dire à mon père que j'avais rassemblé les ouvrages dans mes appartements, répondit-il négligemment.
Elle s'arrêta brusquement. Il se retourna et lui demanda doucement, une lueur inquiète dans les yeux.
–Cela te déplaît-il ?
–Non, non... balbutia-t-elle en plongeant son regard dans celui de son amant.
- Alors viens, lui dit-il d'une voix rauque en lui prenant la main.
Affolée, elle regarda de tous côtés de peur de croiser un serviteur ! Mais il ne lui laissa pas le temps de réfléchir davantage, ils traversèrent les couloirs et les escaliers du Palais jusqu'à sa porte.
–Tu vois, je ne t'avais pas menti.
Il lui montra une dizaine de livres posés sur sa table de travail. Elle s'approcha et se mit à les feuilleter, un sourire ravi aux lèvres.
–Oh ! Maï-Lô avait celui-là ! Et Maître Domkan m'avait prêté celui-ci ! Oh Calh, c'est merveilleux ! s'exclama-t-elle en se retournant vers lui.
–Oui, merveilleux... Et il lui prit la bouche passionnément. J'ai tellement envie de toi Eléa... gémit-il dans son cou.
Alors, les yeux brillant de désir, c'est elle qui l'entraîna vers le lit.Ils se déshabillèrent l'un l'autre presque avec violence. Pourtant, dans un dernier sursaut de lucidité, Calh parvint à se maîtriser.
–Non, non Eléa ! Doucement, doucement ! Attends, attends ! haleta-t-il en lui prenant les mains et en la plaquant dans les couvertures.
Ils s'arrêtèrent un instant, le souffle court. Elle se rendit compte du combat qu'il livrait pour se ressaisir. Elle l'entendit murmurer à nouveau.
–Oh Maïa, aide-moi... Ne bouge plus, ordonna-t-il d'une voix rauque. »Extrait de
Le Maistre Ecuyer Royal
Léa Northmann
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Le Maistre Écuyer Royal
FantasyAu Royaume d'Argalh, dans le Duché de Noshaïa, la jeune Eléa rêve de chevaliers et d'aventures. Elle devient l'apprentie de l'intransigeante Maistre Écuyer Maï-Lo. Pour parfaire sa formation, elle entre au château ducal, où le séduisant chevalier d...