Exercices de style (3)

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Réécriture du texte en mode effrayant.

Une personne aux cheveux gras colorés en bleu éclatant, rasée de chaque côté avec une crête impressionnante, est affalée sur un banc vermoulu où grouillent scutigères, scolopendres, blattes, vers blancs et autres rampants. Sur le sol, s'étale un immondice de détritus alimentaires moisis.

L'individu, difficile de savoir s'il s'agit d'une femme ou d'un homme, attend sur le quai de la gare un train qui doit le ramener à son domicile, une ville fantôme perdue en pleine campagne. Le quai est totalement désert. Les guichets sont fermés. On dirait que toute trace de vie a été emportée par un gaz toxique et qu'il ne reste plus âme qui vive. Un réverbère à la lumière pâlotte éclaire le banc et fait naître des ombres aux formes étranges et inquiétantes.

Deux personnes, visiblement égarées dans cette gare vide, s'approchent du banc en quête d'un renseignement. A la vue de tous les insectes et des vers rampants, la plus jeune des deux ne peut réprimer un vomissement sur les pieds de l'inconnu. L'autre, la mère, se confond en excuses avec des mots d'une vulgarité effarante. <<Ma gourdasse de fille a dégueulé sur vos Converse, faites pas chier en la ramenant. Ça ne la rendra pas moins conne! Et puis vos godasses, elles étaient dégueulasses de toute façon! Un peu plus, un peu moins!>>. 

L'inconnu lève les yeux vers elles. C'est une punk. Elle a un œil poché et l'autre est maquillé de noir pour ne pas dépareiller. Ses vêtements sont des guenilles qui n'ont pas été lavées depuis très longtemps à en juger par l'odeur infâme qu'elles dégagent. Et pour couronner le tout, blattes et compagnie sont en train de se délecter du vomi sur ses Converse. On a bien du mal à distinguer encore un morceau de toile épargné sur les chaussures contaminées.

Elle leur adresse son plus beau sourire: un rictus découvrant des chicots noirâtres et des dents manquantes. Elle fume un ninas qui donne un haut-le-cœur à la mère. Celle-ci éjecte un flot de bile. Les parasites sont grillés instantanément par l'acidité. La punk les ramasse et les engloutit avec délice.

Elle explique aux deux gerbeuses qu'elle prend le même train qu'elles et que celles-ci n'auront qu'à la suivre. De dessous le banc surgit un chat noir aux poils hérissés et aux yeux verts phosphorescents qui se met à cracher furieusement. <<Ta gueule, Lucifer! Ou je te transforme en civet!>> hurle la punk.

Un vent glacial se lève. Le réverbère penche dangereusement. La nuit est maintenant complètement tombée et l'ampoule vient de griller. On ne distingue plus que le bout incandescent du cigare. L'annonce de l'entrée en gare d'un train trouble le silence de mort. La déglinguée se redresse sur son banc et se dirige hâtivement vers une autre voie. Les deux paumées lui emboîtent le pas...jusqu'aux toilettes, le terminus!

Pisse et excréments débordent de partout. L'endroit n'est jamais nettoyé de toute évidence. La punk ressort satisfaite de sa duperie, les Converse un peu plus dégueulasses. Au radar, elle retourne s'allonger sur son banc et s'assoupit sans plus s'occuper des deux femelles qui commencent à faire dans leur froc dans cette gare complètement déserte et hostile. Plus on est de fous, moins on rit. 

Une lueur blanche éclaire alors cet endroit qui n'a d'existence que dans l'esprit des gens qui le hantent. C'est la pleine lune. Au loin, mais pas tant que ça, on entend le hurlement d'un loup- garou.

Dédicace supplémentaire à @Pat747

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