A partir de Ecrire de Marguerite Duras (3)

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Proposition d'écriture: On entre à l'intérieur. Donner à voir au lecteur. On s'y promène. Dans une des pièces, il y a une personne en train d'écrire. Qui est-elle? Pourquoi se trouve-t-elle là? Quel intérêt a-t-elle à écrire?

Temps d'écriture: 25 minutes.

Je me décide à gravir la marche haute. Au fond se trouve un autel constitué d'une table recouverte d'un drap en velours. De petites statuettes religieuses sont posées sur cette table. Je ne connais pas le nom des Saints et des Saintes qu'elles représentent. Je maudis mon athéisme. L'atmosphère est au recueillement. Des grelots émettent un son enchanteur. Je m'agenouille devant un tableau accroché au mur. C'est une reproduction d'une oeuvre de Cézanne: la montagne Sainte Victoire. Je me tourne à l'opposé et remarque alors la présence d'une jeune fille tout de blanc vêtue. Elle est assise sur le sol, à même la dalle et elle tient dans ses mains un petit ouvrage. Un missel? je m'interroge. Non, c'est un carnet à la couverture rouge ornée de dorures. Elle est en train d'écrire très concentrée.

Elle ne lève pas les yeux vers moi. Je m'approche doucement et distingue ses jolies lettres écrites en pleins et déliés. Je sens que ma curiosité frôle l'impolitesse. J'ai envie de savoir ce que lui inspirent ces objets sacrés. Il me semble que c'est de la poésie. Les phrases sont courtes et elle va à la ligne à chaque nouvelle phrase. Elle écrit des haïkus. Elle saisit la magie et la profondeur de l'instant présent. J'aimerais bien lire son oeuvre mais ce serait indiscret. J'écoute le bruit de sa plume qui gratte le papier parcheminé. Elle écrit dans une langue étrangère, au peu que je parviens à distinguer.

Elle semble en paix avec elle-même. Elle transmet son apaisement à mon esprit tourmenté. C'est le miracle de l'écriture. Elle redresse la tête et m'adresse un sourire gêné comme si je l'avais surprise en pleine faute. << L'écriture, c'est ma vie >> me dit-elle en anglais. Elle a un accent particulier. Je n'ose lui demander d'où elle vient. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas une randonneuse. Ses vêtements lui donnent l'air d'une communiante. Elle est en lien avec les lieux et la nature environnante par le biais de l'écriture. J'imagine que c'est son journal intime, qu'elle y dépose ses pensées, ses peines ou ses bonheurs. C'est une artiste. Elle manie la plume comme on manie un pinceau.

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