Dans la forêt de Jean Hegland (1)

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Support d'écriture: <<dans la forêt>> de Jean Hegland

Etablir une liste de 8 à 10 livres que l'on emporterait en cas de départ précipité pour se réfugier vers un ailleurs.

Le Petit Prince de St Exupéry, l'écume des jours de Boris Vian, Antigone d'Anouilh, Alice au pays des merveilles et Alice de l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, Peter Pan de James Matthew Barrie, La promesse de l'aube de Romain Gary, Agravelle ou l'envers du temps de Maxime Herbaut.

1- Scène inaugurale. Pourquoi prendre ces livres ? Dans quel contexte ?

La maladie avait gagné du terrain. Les gens erraient dans les rues à la recherche de leur passé. Je sentais que j'étais en train de plonger moi aussi. Je me réveillai un matin en me disant qu'il fallait partir, fuir pour échapper aux démons qui grignotaient mon âme. Je contemplai mon intérieur et m'attardai sur ma bibliothèque contenant plusieurs centaines de livres. J'avais trouvé, je pensais, la solution pour ne pas perdre mes émotions et mes souvenirs. J'allais emporter des livres.

Il me fallait choisir. Conserver mon âme d'enfant, mes rêves, développer mon imagination faiblissante, raviver mes sentiments amoureux, réfléchir au sens de ma vie passée et me demander si je referais les mêmes choix si la possibilité de remonter dans le temps m'était offerte, questionner la mère que j'avais été pour mon fils, voilà tous les critères qui allaient me pousser à sélectionner tel livre et pas un autre.

2- Choisir trois livres et expliquer le choix. Faire référence à des souvenirs.

Quels livres avais-je le plus lus ? Quels livres m'avaient le plus bouleversée ? Immédiatement je songeai à l'écume des jours, roman que j'avais lu au moins huit fois. J'avais découvert cet auteur en classe de première au lycée. Je me rappelle être tombée en admiration devant la photo de Boris Vian sur la couverture, car mon professeur de mathématiques dont j'étais amoureuse avait le bas du visage identique. Que de larmes ai-je versées en découvrant la tragique histoire d'amour de Colin et Chloé, moi qui n'avais jamais réellement vécu d'amour, même avec un camarade de classe. Que de sanglots à la fin du roman quand la petite souris décide de se suicider en demandant l'aide d'un chat pas très intéressé. Jamais je n'oublierai cette phrase terrible: <<il venait, en chantant, onze petites filles aveugles de l'orphelinat de Jules l'Apostolique>> , un chagrin inextinguible !

Et Antigone ! Le dialogue avec la nounou m'avait décomposée. J'étais en classe de troisième au collège en cours de latin. Notre professeur nous l'avait lu à haute voix. C'était le drame pour moi. Je regardais fixement ma table tandis que mes larmes coulaient à flots. A la fin de la lecture, j'avais quitté la classe sans dire un mot pour aller me réfugier dans le couloir et je m'étais assise par terre, ne pouvant plus contenir mes sanglots. J'étais à nouveau rentrée en cours, le visage bouffi par les larmes. Notre professeur n'avait fait aucun commentaire, elle avait compris.

Et le Petit Prince ! Là encore, que de larmes lorsqu'il s'adresse au serpent et lorsqu'il s'en va revoir les roses toutes semblables! Cet enfant perdu et fragile, venant d'une planète inconnue qui aimait une rose unique pour lui, je crois que je me suis toujours identifiée à lui, perdue dans ce monde d'adultes que je ne comprenais pas comme lui.

3- Le personnage quitte les lieux et va trouver refuge ailleurs.

Le temps pressait. Les rues étaient de plus en plus envahies par des personnes au regard hagard, tournant en rond pour certaines. Des cris incompréhensibles, des plaintes, un brouhaha diffus s'élevaient dans cette foule désordonnée et disparate.

Je pris mon sac à dos préféré, celui avec la petite peluche <<little miss trouble>> accrochée, et entassai mes trois livres ainsi que des barres de céréales et de l'eau. Je rajoutai un pull chaud. Je me précipitai dehors, fendant la foule en courant. Je ne pouvais pas prendre mon véhicule. J'aurais risqué de rester bloquée. J'empruntai le chemin menant vers le village le plus proche. Il me fallait quitter la ville et ses tourments.

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