Jeux d'écriture

Là, un cochon qui court ! (1)

Support d'écriture: La Capitale de Robert Menasse (2019).

L'extrait choisi commence par: là, un cochon qui court!

1-Ecrire à son tour un événement improbable en quelques lignes.

Là, un dragon qui crache du feu au carrefour! Un sacré embouteillage s'est formé. Je n'arrive plus à avancer. Voilà ce qui me retient d'aller tous les jours au travail. N'avez-vous jamais eu cette sensation que quelque chose vous freinait et vous tirait en arrière comme avec un élastique? Eh bien voilà, c'est le fameux dragon qui tous les matins se poste au carrefour et que vous ne voyez pas.

2-Donner le nom et prénom, l'âge et la profession de trois personnages ne se connaissant pas.

Cali Prévôt, secrétaire, quarante ans.

Frédéric Personne, musicien, quarante ans.

Christian Barbet, sportif renommé, trente ans.

3-Le premier personnage habite les lieux (parallèle avec le premier personnage du roman). Décrire ce qu'il voit.

Cali Prévôt était devant sa fenêtre, les yeux dans le vague. Comme de coutume, elle n'observait rien de particulier. Son esprit était ailleurs. Sur la baie vitrée devant laquelle elle était assise, un nuage de brouillard s'était formé. L'appartement était en dérangement. La veille, elle avait entrepris de changer la place des meubles. Elle était préoccupée par cette constatation évidente : faire du neuf avec du vieux.

Soudain, elle sortit de sa torpeur. A travers la buée épaisse, elle vit en bas au niveau du carrefour très fréquenté un dragon qui crachait du feu. Non, elle n'avait pas rêvé. Il était là, gigantesque, le dos hérissé de pointes, et bloquait la circulation. Un sacré embouteillage s'était créé et les conducteurs impatients y allaient de leurs klaxons.

4-Le deuxième personnage est perturbé dans son action par la présence du dragon.

Frédéric Personne se rendait au conservatoire comme chaque mercredi pour y donner son cours de violoncelle. Le temps humide avait été néfaste pour sa vieille voiture dont les bougies étaient certainement à changer. Le démarrage avait été lent. Il se trouvait maintenant à deux rues du conservatoire lorsqu'il aperçut un spectacle totalement inhabituel : une cinquantaine de voitures étaient à l'arrêt. De nombreux conducteurs étaient sortis de leur véhicule et s'invectivaient avec des noms d'oiseaux. <<Mais que fait la police municipale ?>> se demanda Frédéric stupéfait. Il ouvrit sa vitre et interrogea son plus proche voisin pour savoir s'il était au courant de ce qui se passait.

<<Non, lui répondit l'autre, je ne comprends rien. Les voitures sont arrêtées au feu et elles ne redémarrent pas. Encore une bande de blaireaux !>>.

Dans l'atmosphère, régnait une odeur de soufre et de carbonisé. Frédéric Personne abandonna son véhicule sur la banquette de stationnement et continua son trajet à pieds en se demandant à quoi étaient dus les grognements qu'il entendait. La ville semblait en proie à la panique.

5-Le troisième personnage est arrivé le premier dans un lieu. Il attend quelqu'un.

Christian Barbet avait prévu de s'installer à la terrasse du restaurant. Il avait sorti ses lunettes de soleil dans l'espoir de rester anonyme le plus longtemps possible. Mais une légère pluie l'avait obligé à prendre place à l'intérieur. Il avait choisi la proximité de la baie vitrée qui offrait une large et splendide vue sur la place de l'hôtel de ville, monument datant des années cinquante. Il était là et il attendait. Toujours en avance pour prévoir les événements, les maîtriser, Christian était un athlète qui ne savait pas lâcher prise.

Un brouhaha s'éleva soudain dans le restaurant. Des personnes quittèrent leur place et se rapprochèrent de la baie vitrée, le dérangeant dans son intimité. <<C'est l'apocalypse !>> hurla une jeune femme au bord de la crise d'hystérie. Christian tourna son regard vers ce qui attirait l'attention des gens. Un encombrement incompréhensible de véhicules avait lieu à quelques mètres de là.

Christian Barbet crut qu'il hallucinait. Une bête terrifiante qui crachait du feu, un dragon sans doute comme dans les pires cauchemars des enfants, faisait reculer les voitures et semait la zizanie. Soudain, de façon inattendue, le dragon se mit à boire toute l'eau du ruisseau qui s'était formé dans le caniveau et se déplaça comme un animal mécanique, une bête de manège, vers l'hôtel de ville. Les automobilistes reprirent leur véhicule et le calme revint. Le monstre avait disparu à l'intérieur du hall de l'hôtel de ville.