Les Pétales d'une Vie Tome 1

Chapitre 4

La jolie rouquine observait Charis et Brenn discuter dans la cour, sagement accoudée à la fenêtre aux côtés de sa grande soeur. Rosalie observa sa jeune soeur qui avait grandi, et sourit doucement en passant un bras autour de ses épaules. Cette dernière plissa son nez, et ses lèvres se dessinèrent de sorte à faire la moue. En effet, depuis que Erec avait six ans, il était autorisé à apprendre les armes avec Brenn, et cela frustrait terriblement Blanchefleur, qui avait toujours rêvé d'apprendre elle aussi. Et cela faisait un an qu'elle s'accoudait quotidiennement à la fenêtre pour les observer.

Elle soupira profondément, et décida de filer dehors. Elle venait d'avoir treize ans, et Dame Mélissandre avait à nouveau insisté pour qu'elle mette des robes, comme n'importe quelle jeune fille de son âge. Têtue, la rouquine avait bataillé et protesté, et la brune avait fini par rendre les armes en comprenant que Dorian ne forcerait jamais sa fille à se vêtir de robes, de corsets et de jupons. Vêtue d'une tunique cousue avec amour par Mélissandre, la jeune fille filait à travers les serviteurs. Elle vérifia que personne ne la voyait, et malgré l'interdiction de son père, elle se décida à quitter les murs de la forteresse.

L'enfant qu'elle était encore rêvait d'aventures, et ce n'était certainement pas la menace invisible à ses yeux de quelques bandits qui allait l'effrayer. Elle se dirigea vers l'extérieur, et alla d'abord s'installer dans son chêne, près du château, songeant à ce qu'elle avait vu quelques mois plus tôt dans la chambre de sa belle-mère. En effet, alors qu'elle était venue, sanglotante, pour la retrouver parce que son sang de lune la faisait souffrir, elle n'avait pu empêcher ses yeux de se poser sur des livres aux couvertures étranges. Elle avait tendu la main pour en effleurer un, et un petit choc électrique lui avait piqué les doigts quand elle avait frôlé la couverture.

En vérité, elle soupçonnait de plus en plus sa belle-mère aux traits si délicats de leur cacher quelque chose. Blanchefleur avait remarqué qu'elle avait tendance à cueillir des plantes étranges, pas forcément connues, et qu'elle les conservait pour les laisser sécher. Elle fronça les sourcils, se demandant ce qu'elle pouvait bien leur cacher. Ne sommes-nous pas une famille ? La rouquine se laissa glisser hors du feuillage de son arbre, décidée à s'éloigner un peu.

« - Blanchefleur ! Mais où est-elle encore passée ? »

En entendant la voix de sa nourrice venue de la cour, la jeune fille s'empressa de partir en courant afin de ne pas être rameutée au château. Elle calma sa course en arrivant dans les sous-bois, repoussant sa tresse rousse dans son dos, s'appuyant sur ses genoux pour reprendre son souffle. Elle recommença rêveusement sa balade, plissant des yeux en relevant sa main pour protéger ses yeux clairs du soleil. Elle crut entendre un bruit derrière elle, alors elle se retourna aussitôt, ne voyant rien d'autre que le calme de la forêt. Elle se racla la gorge.

« - Filez, fichus lupreux ! Vous ne m'aurez pas avec vos tours de passe-passe ! Je suis plus maligne que vous ! » hurla-t-elle avant de sourire d'un air satisfait.

Elle reprit sa balade, pas effrayée par ces fichus bestioles. Ces monstres avaient des corps semblables à ceux d'humains, même si on les dépeignait parfois comme étant des mélanges de plusieurs animaux. Seules leurs têtes étaient toujours des têtes de loup, et ces monstruosités étaient connues pour leur malice. Effectivement, elles se plaisaient à attirer et effrayer leurs victimes, avant de leur faire souffrir mille tortures, les noyant dans les étangs tout en arrachant leurs membres, avec pour seul objectif de se repaître de leurs chaires. À nouveau, un bruit de craquement attira son attention, et cette fois-ci, la crainte commença à monter dans son coeur.

Elle se pencha pour attraper un gros bâton qui traînait là, et elle se tourna vers le chemin.

« - Qui est là ? Je sais me défendre, méfiez-vous ! »