Les Pétales d'une Vie Tome 1

Chapitre 3

Elle discutait joyeusement avec le seigneur Perceval, ses grands yeux bleus posés sur lui avec émerveillement alors qu'il l'entraînait à la taverne où il avait pris l'habitude d'aller avec son ami Karadok. Ce dernier y était déjà, et Blanchefleur souffla au chevalier que son ami l'intimidait un peu, ce qui fait rire l'homme vêtu de bleu.

« - Oh, vous inquiétez pas, le seigneur Karadok est de très bonne compagnie ! »

« - Certes... Mais si il ne m'appréciait pas ? » s'inquiéta-t-elle malgré tout. « Nous n'avons que peu échangé, et... »

« - Vous inquiétez pas, j'vous dis ! Oh, bah on est arrivé ! »

Les yeux de la jeune femme se relevèrent sur la jolie bâtisse, à peine restaurée des déboires qu'elle avait subi lors du règne de Lancelot. Du monde semblait déjà entrer et sortir alors que le soleil avait tout juste atteint son point culminant, et la bouche de Blanchefleur s'entrouvrit légèrement alors que le chevalier Perceval poussait la porte d'un mouvement habitué. Cette dernière grinça un peu, avant de laisser entrer les deux personnes, vers qui se tournèrent plusieurs regards ; regards bien vite repartis en direction des chopes remplies à ras bord posées devant tous les clients de la petite taverne. Karadok fit de grands mouvements à ses compagnons, installé près du bar sur lequel le détenteur passait un coup de chiffon.

Les deux gens travaillant pour Arthur se frayèrent péniblement un chemin dans la foule avant d'enfin se laisser tomber sur les chaises en bois, et Blanche commença nerveusement à triturer ses mèches rousses, observant toute cette foule autour d'elle d'un air impressionné. Le tavernier s'approcha finalement des nouveaux arrivants, tout sourire.

« - L'seigneur Perceval ! J'vous mets comme d'habitude ? »

« - Volontiers, mon brave ! » acquiesça le chevalier avant que le tavernier ne se tourne vers la rouquine.

« - Et pour la jolie d'moiselle, ce sera quoi ? »

« - Oh, heu... Je ne sais pas vraiment... Je ne suis jamais venue. »

« - Je confirme, une bouille aussi jolie que la vôtre, j'l'aurais pas oubliée ! Allez, j'vous sers mon meilleur vin, cadeau de la maison ! »

« - C'est fort aimable, mais ne vous sentez pas obligé ! » s'écria la jeune femme en rougissant avant que le tavernier ne lui sourit de plus belle.

« - Ça m'fait plaisir ! »

Il disparut derrière son bar alors que Karadok et Perceval étaient partis dans une discussion visiblement des plus passionnantes, et Blanchefleur les observa, sans oser les interrompre, un sourire rêveur aux lèvres. C'était plus fou que tout ce dont elle avait pu rêver, que tout ce qu'elle avait un jour espéré avoir. Elle était dans une taverne, buvant aux côtés de deux chevaliers de la table ronde parce qu'elle les côtoyait quotidiennement. Elle soupira de bonheur alors que le tavernier s'asseyait près d'elle, déposant une chope face à elle.

« - Merci beaucoup. » souffla-t-elle avant de porter le breuvage à ses lèvres.

Elle retint de justesse une grimace de surprise à cause de l'amertume particulièrement forte du breuvage, mais l'attention du tavernier l'avait tant touchée qu'elle se força à sourire et à affirmer qu'elle n'avait jamais rien bu d'aussi bon. Il éclata de rire, affirmant qu'il l'avait acheté pour monnaie sonnante et trébuchante à un marchand venu du Sud. Elle se contenta de sourire à nouveau, alors qu'il l'observait sans un mot.

« - Je peux vous d'mander d'où vous v'nez ? »

« - Oh, heu... Je viens du Berry. C'est sur le continent. » expliqua-t-elle en voyant son regard perplexe.