Chapitre 12

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Blanchefleur était assise dans l'ancienne chambre de son père. Posée sur le lit, elle observait la cour en contrebas, et Brenn qui était en pleine discussion avec Erec. Il portait un gant à sa main, l'index pendant tristement vers le bas alors que le jeune homme parlementait vivement, sous le regard attendri des serviteurs. Enfin, la dictature était terminée. Lancelot avait rendu les armes, sans même protester, disait-on. Blanchefleur donna un coup de poing rageur dans le matelas. Alors il allait s'en sortir comme ça ? Il avait envoyé Loth arracher son frère à sa famille, et avait laissé les hommes en blanc tuer ses parents. C'était trop injuste. Il n'avait pas le droit de s'en sortir comme ça !

On frappa à la porte, et Blanchefleur sursauta, brutalement sortie de ses pensées. Elle se redressa aussitôt, se raclant la gorge avant de demander à entrer. La porte s'entrouvrit, laissant apparaître Enide, vêtue d'une des robes de la rouquine. La jolie blonde semblait terriblement mal à l'aise, et triturait machinalement la robe verte pâle, ses yeux rivés timidement au sol. Attendrie, Blanche sourit et s'approcha d'elle d'un pas délicat.

« - Elle vous va très bien. »

« - Merci, ma Dame. Mais je ne sais pas si... »

« - C'est un cadeau ! » la coupa aussitôt Blanchefleur. « Erec a insisté. »

Un sourire étira doucement les lèvres de la jeune femme à l'entente du nom de l'homme qu'elle aimait, et Blanche sourit davantage à cette vue. Elles se dirigèrent vers l'extérieur tandis que la jeune duchesse animait la discussion, la blonde se contentant d'hocher doucement la tête. Brenn se tourna vers les deux femmes en souriant à leur arrivée. Il était toujours appuyé sur sa canne : sa jambe à jamais blessée. Les poings de Blanche se serrèrent davantage. Lancelot avait fait trop de mal, ici. Jamais il ne pourrait être pardonné.

Les murs noircis, le doigt d'Erec, la jambe de Brenn, les sursauts des serviteurs au moindre bruit sortant de l'ordinaire, la disparition du Duc et de la Duchesse tant aimés de leur peuple. Non. Les excuses ne seraient pas suffisantes pour les berrichons, et ils feraient en sorte de bien le faire comprendre au renégat si il venait à croiser leur route. Blanche soupira alors que Erec se précipitait vers Enide pour prendre ses mains dans les siennes, un sourire enfantin aux lèvres alors qu'il observait sa douce. Il avait repris du poids depuis son retour dans le Berry, et sa peau avait repris quelques couleurs. Il chuchota à Enide quelque chose qu'elle seule pouvait entendre, et elle gloussa joyeusement en dardant ses yeux sur son aimé.

Brenn s'approcha d'un pas claudiquant vers Blanchefleur, et cette dernière se tourna vers lui avec un triste sourire.

« - Des nouvelles ? »

« - On raconte que, la nuit dernière, on a cru apercevoir une bête-loup du côté de la mare aux diables. » souffla Brenn. « Mais comme toujours, des rumeurs, et pas de faits concrets. »

« - Nous la retrouverons, mon ami. Je vous en fais la promesse. »

Ils baissèrent tous deux la tête avec chagrin, inquiets du destin de Charis. Blanche aurait aimé être capable de la retrouver, afin de lui venir en aide comme le faisait sa chère belle-mère. Hélas, la nourrice était introuvable, et les récents évènements rendaient difficile de mener des recherches approfondies. Elle soupira avant de darder ses yeux sur Brenn qui n'avait toujours pas bougé.

« - Il y a autre chose ? »

« - Hé bien... Sachez que je ne suis pas le seul à me poser la question. »

Blanche fronça les sourcils, et le maître d'armes blessé se frotta la nuque avec embarras. Les yeux bleus de la rouquine se plongèrent sur lui, insistant et attendant des explications.

Les Pétales d'une Vie Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant