Chapitre 10

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« - Où est ma gourdasse de fille ? » s'écria une voix féminine d'un ton cinglant, et cela eut au moins le mérite de réveiller Blanchefleur, paisiblement endormie dans la tente qu'elle partageait avec la reine de Bretagne.

Elle se redressa dans la couchette, frottant ses yeux fatigués, fronçant les sourcils et grommelant suite aux cris qui l'avaient réveillée. Elle s'assit dans sa couche, vêtue de sa chemise de nuit, et elle tenta de refermer ses paupières alourdies par le sommeil afin de se protéger de la lumière matinale qui commençait déjà à l'aveugler. Elle remarqua qu'elle était seule dans la tente, et elle soupira, enfilant rapidement ses chausses sans prendre la peine de s'habiller afin d'aller voir dehors d'où venait tout ce tintamarre. Elle frissonna quand l'air froid glissa contre sa peau, et elle regretta sa cape laissée dans la tente, jusqu'à ce que ses yeux bleus s'écarquillent d'émerveillement quand elle remarqua enfin le fin tapis blanc qui se trouvait au sol. Elle tournoya un instant sur elle même, stupéfaite de voir la neige qui avait décidé d'étendre son territoire sur la terre ferme. Un sourire béat se peignit sur son visage, quand à nouveau, la voix glaciale se fit entendre avec fermeté.

« - Qui c'est celle là ? »

Comprenant qu'elle était apostrophée, Blanchefleur s'empressa de se retourner pour faire face à une femme d'âge mûr, aux yeux bruns semblant presque aussi noirs que sa chevelure repoussée vers l'arrière. Elle déglutit péniblement, impressionnée par l'aura impériale qui se dégageait de l'autre femme, et elle se frotta les bras quand un nouveau coup de vent la fit frissonner. L'autre leva les yeux au ciel, lui ordonnant d'aller immédiatement enfiler quelque chose de plus chaud avant qu'elle ne leur claque entre les bras. La rouquine s'empressa d'obéir, et ne ressortit que quelques minutes plus tard, embarrassée au possible. La dame la dévisageait sans honte, et son embarras ne fit que se renforcer davantage, et ses joues s'empressèrent de rosir doucement -et pas simplement à cause du froid-.

« - Je me nomme Blanchefleur, ma dame... Je ne crois pas vous avoir déjà vue par ici..? »

« - Blanchefleur ? » répéta l'autre, perplexe. « N'auriez-vous pas un lien de parenté avec une certaine Rosalie ? »

« - Rosalie ! » cria-t-elle presque alors que ses yeux s'éclairaient d'une lueur de pur bonheur. « C'est ma soeur ! Vous la connaissez ? Vous avez de ses nouvelles ? Elle... »

« - Non mais dites donc ! Calmez-vous un peu ! On est pas à la foire ! »

Gênée d'avoir été rabrouée comme une enfant, Blanchefleur baissa innocemment la tête pour regarder ses pieds afin de cacher son désarroi. La femme face à elle faisait preuve d'une telle autorité qu'on ne pouvait que lui obéir.

« - Excusez-moi. »

« - Mais pour répondre à votre question, oui, je la connais. Elle est cachée chez moi. »

« - Chez vous ? Mais alors... »

« - Une brave gamine. Mignonne, et débrouillarde, avec ça ! Ça change de ma fille. Remarquez, j'suis mauvaise langue. Elle a commencé à se bouger l'arrière-train, récemment. » renchérit la brune sans prêter gare aux yeux grands écarquillés de la plus jeune.

« - Ne seriez-vous pas dame Séli, la mère de la reine ? »

« - Elle-même. » dit-elle en balayant l'air de la main comme si ça n'avait aucune forme d'importance. « Et donc, vous, vous êtes Blanchefleur ? Oh, ça y est, je vous remets. Vous êtes la rouquine qui nous a ramené ce pignouf de Perceval et qui sait se battre à l'épée. »

« - Heu, je, bah... Oui, je suppose... »

« - Je connaissais pas votre mère. Ni votre belle-mère. Mais votre père, c'était un chic type. Il méritait pas ça. » affirma Séli, et sa voix s'adoucit légèrement. « Vous ressemblez à votre soeur. Elle s'inquiète beaucoup à votre sujet. Mais elle, elle va bien. »

Les Pétales d'une Vie Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant