Chapitre 4

213 10 98
                                    

Perceval observait avec attention Erec et Blanchefleur échanger quelques coups d'épée. Le garçon n'était pas mauvais, loin de là, mais sa soeur avait clairement le dessus sur lui. Là où il mettait de la force, elle usait de souplesse et de vitesse pour le détourner, avant de frapper d'estoc sur son flanc non protégé. Oui, l'épée c'était clairement ringard, mais en tous cas, on ne pouvait nier qu'elle était vraiment douée, la petite fleur du Berry. Cette dernière se redressa après avoir mis son frère à terre, et elle tendit un sourire éblouissant au chevalier, qui lui fit un signe de la main. Le sourire de la jeune fille s'élargit davantage, et elle échappa un petit rire enfantin.

Dorian et Mélissandre les observaient depuis le côté, et ils échangèrent une oeillade amusée, s'attendrissant du bonheur de leurs enfants. Perceval ne tarderait plus à partir à présent, alors ils laissaient leurs enfants profiter encore un peu. Blanchefleur finit par aider son petit frère à se lever, et les deux jeunes se dirigèrent vers le chevalier qui releva la tête vers eux.

« - Alors ? Qu'en pensez-vous ? » demanda la jeune fille en s'asseyant près de lui.

« - Vous vous débrouillez plutôt bien. » affirma Perceval en retour. « Mais vous savez, le combat, c'est pas que se battre. C'est toute une stratégie. »

Un sourire railleur s'étira sur les lèvres de Brenn qui retint péniblement un ricanement moqueur. Voilà que Perceval parlait de stratégies, maintenant ! Le monde tourne vraiment à l'envers. Il posa ses yeux sur le chevalier qui tentait d'expliquer aux deux jeunes qu'il fallait savoir se battre avec absolument tout ce qui se trouvait à portée de main. Les enfants du Duc buvaient littéralement ses paroles, absolument émerveillés par ses explications. Le maître d'armes de la forteresse secoua la tête avec dépit, lorsqu'il entendit des bruits de sabots. Un jeune homme du hameau voisin descendit à toute allure de sa monture, ses yeux pleins de larmes. Il courut jusqu'à Dorian en titubant, et ce dernier le rattrapa alors qu'il allait s'effondrer au sol.

« - Les hommes en blanc... Ils cherchent le chevalier ! »

Les larmes commencèrent à rouler le long des joues pâles du paysan. Il avait été blessé à la jambe, et il tremblait de tous ses membres entre les bras du Duc, sans réussir à se stopper malgré les mots apaisants de Dorian. Perceval s'était redressé, ses yeux écarquillés d'horreur alors que Blanchefleur et Erec se pressaient inconsciemment l'un à l'autre, effrayés.

« - Ils ont brûlé la grange du Père Edgar... Ils fouillent toutes les maisons, ils... Ils disent qu'ils vont venir jusqu'ici ! »

« - Chut... Vous avez bien fait de partir. Tout ira bien, je vais régler ce problème, je vous le promets. »

Le visage du jeune garçon s'apaisa, alors que Dorian ordonnait à Brenn d'amener l'enfant jusqu'à la chambre de Charis afin qu'il reprenne des forces. Le maître d'armes obéit en soulevant le jeune homme, partant au plus vite vers l'aile des domestiques, et le Duc se releva péniblement, faisant face à ses enfants et au chevalier de la table ronde.

« - Il faut que vous partiez, seigneur Perceval. Maintenant. »

Le chevalier hocha nerveusement la tête, et Dorian hésita un instant avant de regarder sa fille droit dans les yeux, prenant son visage dans ses mains avec douceur. Il caressa tendrement sa joue et lui sourit alors qu'elle le regardait sans comprendre.

« - Il faut que vous l'accompagniez, Blanchefleur. Vous connaissez toutes les routes par coeur. Accompagnez le jusqu'au campement de la résistance, dites leur ce qu'il s'est passé ici. Dites leur que nous ne plierons pas le genou. Dites leur que le Berry est de leur côté, quoi qu'il arrive. »

« - Père... »

« - Vous pouvez faire ça pour moi ? » Elle hocha abruptement la tête, les larmes aux yeux. « Bien. Prenez votre épée et quelques provisions, puis partez. Perceval, vous prendrez la monture d'Erec. »

Les Pétales d'une Vie Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant