Les Pétales d'une Vie Tome 1

Chapitre 8

Si le combat n'était déjà point calme, la violence s'était retrouvée décuplée par l'incident. Le ton était monté, et alors que Blanchefleur crachait crûment son venin à propos de son coup d'état manqué, Lancelot rétorquait véhément à l'encontre de son incompétence. Le sang avait séché dans la narine de la jeune femme, et elle réussit à trouver une faille dans la défense de son adversaire. Elle s'y engouffra aussitôt, et tandis que Lancelot tendait de parer, la poignée de l'arme de la berrichonne enfonça brutalement la mâchoire de l'homme.

Ce dernier eut un court instant le souffle coupé, et il repoussa la conseillère sur quelques mètres, toussant avant de cracher du sang sur le côté, relevant la tête vers l'auteure de cet acte. La colère les transcendaient tous les deux, et les serviteurs les observaient avec inquiétude, se demandant quand reviendrait le seigneur Bohort pour séparer les deux conseillers d'Arthur qui semblaient vouloir s'entretuer sans que personne ne puisse rien y faire. Ils ressemblaient à deux bêtes féroces pour qui la mort de l'autre semblait être l'ultime issue de ce combat : la seule. Le sang glissait sur les lèvres de Lancelot, rougissant ses dents d'ordinaire si blanches, et le sang s'était remis à couler de la narine droite de Blanchefleur, mais aucun n'y prêtait attention.

Celui qui s'était rebellé contre le royaume de Logres était hors de lui. Ce terme semblait même encore bien trop faible pour le décrire, tant la rage qu'il éprouvait envers elle semblait se décupler à chacune de leurs injures. Il ne pouvait pas perdre contre une femme, contre elle ! Il était bien plus doué, bien plus expérimenté. Il ne pouvait pas perdre. C'est sûrement cette montée de confiance en lui qui causa son premier échec. Profitant de sa baisse de garde, Blanche réussit à faire valdinguer son épée un peu plus loin, et un sourire arrogant naquit sur ses lèvres. Mais alors qu'elle-même avait une montée de trop grande confiance, Lancelot se jeta sur elle en poussant un cri rageur, la faisant chuter au sol. Elle échappa son épée.

Il était au-dessus d'elle, mais elle renversa bien vite la situation quand il tenta de tendre la main pour récupérer son arme. Elle lui donna un violent coup de genou dans les côtes, et il geignit de douleur avant de la tirer par les cheveux contre le sol. Elle hurla à son tour, et il sembla que momentanément, ils oublièrent leur statut d'humains. Seuls des grognements, des poings étaient capables de leur échapper. Les armes n'avaient plus aucune forme d'importance : tout ce qui comptait, c'était blesser l'autre.

« - Vous n'êtes qu'un mécréant ! Une ordure de la pire espèce ! »

« - Et vous n'êtes qu'une gamine puérile incapable ! » rétorqua virulemment Lancelot en tentant de la repousser par terre.

Elle avait pris le dessus, assise sur son bassin et le bloquant de son poids autant que faire se peut. Elle tenait d'une main le poignet droit de l'autre homme, tentant de le frapper de l'autre. Des larmes de rage commencèrent à couler des yeux de Blanche tandis que le sang coulait le long de son arcade sourcilière. La bouche de son adversaire était totalement ensanglantée, et elle se mit brutalement à trembler de colère.

« - Vous avez blessé mon frère. Vous l'avez blessé, il ne pourra plus jamais se battre, par votre faute ! »

« - Je n'ai jamais voulu ça ! » se défendit-il. « Arrêtez de me reprocher tout cela ! C'était Méléagant, je ne le voulais pas ! »

« - C'est votre faute ! Votre faute, votre faute ! Vous n'êtes qu'un lâche, un salopard ! »

« - Arrêtez ! ARRÊTEZ DE TOUJOURS SANS CESSE ME REPROCHER MES ERREURS ! »

Ce n'est pas juste. Il s'était presque mis à pleurer avec elle, ses yeux brillants de chagrin et de détresse. Il avait tenté de se racheter. Il le tentait toujours. Alors pourquoi fallait-il qu'elle lui rappelle sans cesse combien il avait échoué par le passé ? Ce n'est pas juste. Elle leva son poing, le précipitant dans sa mâchoire sans cesser de pleurer avec lui.