Chapitre 9

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Blanchefleur brossait ses cheveux, ses mains légèrement tremblantes alors que la brosse courait dans sa chevelure cuivrée. Elle observait son visage dans le miroir, son nez légèrement abimé, et elle soupira profondément. Elle noua ses cheveux vers l'arrière, se redressante enfin pour enfiler une armure légère, casque sous le bras. Elle observa son épée accrochée à sa taille, et elle l'effleura doucement avant de prendre une lourde inspiration pour se donner un peu de courage. Elle quitta son reflet du regard, et s'empressa de quitter sa chambre avant d'y rester cloitrée.

Elle avançait d'un pas timide, tentant d'ignorer la crainte qui montait doucement dans son coeur. Elle serra légèrement les poings pour renforcer sa stature et se grandir un peu. Elle se dirigeait fermement en direction de la table ronde, suppliant silencieusement son coeur de se calmer. Son estomac se tordait tant qu'elle avait envie de vomir et de pleurer. Elle souffla en s'arrêtant devant la porte, hésitante.

« - Il va falloir pousser la porte. »

Elle sursauta et se tourna vers Père Blaise qui lui fit un maigre sourire. Elle y répondit à peine, détournant aussitôt les yeux pour ouvrir la porte, entrant dans la pièce en gardant ses yeux rivés au sol, incapable de tous les regarder dans les yeux. Elle déglutit avec peine en s'asseyant à sa place, ses mains tremblantes. Ses oreilles bourdonnaient, elle avait l'impression d'être plongée dans une ruche sans comprendre tous ces vrombissements qui lui tournaient la tête. Elle avait ses mains sagement posées sur ses cuisses, ses yeux obstinément posés sur elles. Son coeur frappait lourdement dans sa poitrine, il lui pesait.

Quand la porte s'ouvrit sur le Roi Arthur, elle crut qu'elle allait cesser de respirer. Elle releva timidement la tête, se renfrognant légèrement en voyant Lancelot s'assoir de l'autre côté de la table ronde. Viviane s'était assise près de lui, et observait avec inquiétude sa lèvre éclatée. Visiblement un peu agacé par cette tendance maternelle, il se dégagea gentiment de son emprise et entrelaça ses doigts devant lui, observant ses mains. Il était très pâle, lui aussi visiblement mis peu à l'aise par la situation.

Arthur se leva lentement, s'attirant tous les regards de ses conseillers et de ses chevaliers, et le silence se fit instantanément. Ses yeux bruns glissèrent de Lancelot à Blanchefleur, et il planta ses doigts dans la pierre de la table.

« - Vous savez probablement pourquoi je vous ai convoqués aujourd'hui. »

À nouveau, un silence glacial lui répondit, et un long frisson traversa toute l'échine de Blanchefleur qui crispa davantage ses mains contre ses cuisses.

« - Le seigneur Lancelot et Dame Blanchefleur se sont brutalement battus hier. Devant toute la cour. Je vous laisse imaginer l'image que vous démontrez à notre peuple, et les incidences que tout cela pourrait avoir si cela venait à se répandre. »

Lancelot releva la tête pour regarder la jeune femme qui gardait obstinément ses yeux fixés sur ses doigts tremblant. Le roi exprimait son désappointement envers eux, et Blanche gardait ses yeux écarquillés, se forçant à rester le plus calme possible. Sa gorge et ses lèvres étaient bien trop sèches, et elle se retint de passer sa langue contre sa bouche asséchée. Elle jeta un coup d'oeil à Perceval qui ne pipait mot, ses yeux bleus perdus dans le vide. Je suis misérable. Elle retint un soupir dépité. Arthur éleva légèrement le ton.

« - Vous vous en doutez, je dois sévir. »

Blanche releva aussitôt la tête, ses yeux plus encore écarquillés auparavant, horrifiée. Lancelot tourna la tête vers Arthur, ses poings légèrement serrés, retenant lui aussi son souffle. Il avait le coeur au bord des lèvres. Le roi sembla encore hésiter, pinçant ses lèvres, regardant à nouveau les deux gens qui lui faisaient face. Il le faut. C'est nécessaire. Il releva gravement les yeux, se tournant vers Lancelot.

Les Pétales d'une Vie Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant