Les Pétales d'une Vie Tome 1

Chapitre 5

Blanchefleur était en train de grogner de douleur, appréciant moyennement que Charis ne démêle ses cheveux. Cette dernière lui fit remarquer que si elle cessait de gigoter, cela serait moins douloureux, mais la rouquine se contenta de croiser ses bras sur sa poitrine pour continuer à faire la moue et à râler. La nourrice rit doucement, nouant les cheveux en une natte épaisse avant de la tourner vers elle pour caresser délicatement sa joue, faisant rougir la jeune fille.

« - Arrêtez, je ne suis plus une enfant... »

« - J'ai changé vos couches, alors si, pour moi vous le serez toujours ! »

Charis éclata de rire alors que la plus jeune la fusillait du regard, pas amusée du tout. Elle attrapa son épée, offerte par Brenn pour son dernier anniversaire, avant de partir en courant vers la cour, se trouvant aux côtés de son petit frère. Enfin, petit... Erec commençait à bien grandir, et affirmait à qui voulait l'entendre qu'il finirait par dépasser ses grandes soeurs : ce qui énervait profondément la sanguine Blanche. Elle regarda son petit frère âgé de 8 ans, avant d'exécuter un gracieux mouvement d'épée pour attaquer le mannequin qui leur faisait face. Brenn avait commencé à les faire travailler en équipe, au grand damn de la jeune fille qui aurait préféré avoir le maître d'arme pour elle toute seule.

Ce dernier arrivait d'un pas tranquille, suggérant à Erec un certain mouvement pour attaquer le mannequin. Le plus jeune obéit, sous les yeux de sa soeur qui continuait quelques coups d'estoc dans le vide, tentant d'améliorer l'exécution de ses coups. Brenn l'observait du coin de l'oeil, concentré, alors qu'elle faisait craquer ses épaules pour s'étirer dans sa fine tunique de cuir. Dorian les regarda un court instant depuis la fenêtre de son bureau, avant de se tourner à nouveau vers Rosalie, assise face à lui, ses lèvres légèrement tremblantes.

« - Père, je ne sais pas si j'en ai envie... »

« - C'est un homme gentil. Je préfère que vous appreniez à le connaître avant d'officialiser quoi que ce soit. » souffla doucement le Duc en s'accroupissant devant elle pour poser ses mains sur ses épaules. « Est-il courtois avec vous dans ses lettres ? »

« - Oui, il l'est. Mais je ne sais pas si j'ai envie de le rencontrer maintenant. » avoua la rouquine en baissant la tête. « C'est trop tôt, j'ai besoin de temps. »

Il sourit avec tendresse, caressant le dos des mains de sa fille à l'aide de ses pouces, lui laissant le temps de relever la tête. Elle posa doucement ses yeux sur les siens, avant qu'il ne se détache d'elle, récupérant une petite boîte dans un des tiroirs de son bureau, la tendant à sa fille aînée, qui l'attrapa entre ses mains en lançant un regard curieux à son père.

« - Qu'est-ce ? »

« - Ouvrez, vous le verrez bien. » la poussa-t-il gentiment.

Elle souleva délicatement le couvercle travaillé avec soin, et ses yeux s'écarquillèrent quand elle découvrit un petit collier fin, en or, avec une pierre bleue. Elle releva la tête vers son père avec un sourire émerveillé, et ce dernier le lui rendit bien, heureux de lui avoir arraché cette réaction.

« - Ça appartenait à votre mère. Elle le portait tous les jours. Allez, essayez le. Je vais vous aider. »

Il prit le fin collier entre ses doigts, se mettant derrière la jeune fille qui soulevait sa tignasse bouclée afin de le laisser l'attacher autour de son cou. La pierre froide contre sa peau la fit un instant frissonner avant que Dorian ne se replace face à elle, l'observant avec fierté, le coeur gonflé d'affection.

« - Pourquoi me le donner ? » balbutia Rosalie. « Pourquoi à moi ? »

« - J'aime votre soeur, de tout mon coeur, mais vous êtes bien plus à même de porter ce collier. Blanchefleur est une future chevaleresse dans l'âme, elle n'aura que faire d'un collier. Mais vous... Votre mère serait heureuse que vous le portiez. Elle l'a elle-même reçu de sa mère, qui l'avait reçu de sa mère avant elle... Vous perpétrez la tradition. Vous pourrez dire cela à votre soeur, je suis sûr qu'elle sera ravie de savoir que vous portez un bijou de votre mère. »