Chapitre 5

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Une nouvelle mission. Et cette fois-ci, elle n'échouerait pas. Le coeur vaillant, Blanchefleur avançait, entourée de Perceval et Karadok. Le chevalier Léodagan était à leurs côtés, et avait bien fait comprendre qu'il n'était pas ravi d'être là. Cheveux repoussés en arrière et épée au poing, la jeune femme regardait avec une envie non dissimulée les épées enfouies dans les fourreaux, frappées de l'effigie de Kaamelott. Elle aussi, elle aurait aimé avoir une telle épée, mais elle n'était pas chevalier, alors elle gardait bien serrée contre son flanc l'épée que Erec lui avait offert avant qu'elle ne parte pour la capitale du royaume.

Elle baissa la tête, l'humiliation de son précédent échec continuant à lui tourner en tête sans qu'elle ne réussisse à s'en débarrasser. Ses jointures blanchirent tant elle serrait son arme, et elle releva la tête vers leur objectif. Une petite forteresse, qui s'évertuait à vouloir destituer Arthur de son titre pourtant légitime de roi. Des hommes du Roi Loth, semblait-il. Gauvain avait refusé de venir, affirmant qu'il ne supporterait pas de se retrouver face à ces hommes après avoir tué son père. Blanche prit une lourde inspiration et renforça son pas, accélérant légèrement et se retrouvant aux côtés de Léodagan qui lui jeta un regard en biais.

« - Je comprends toujours pas pourquoi mon beau-fils tient absolument à ce que vous nous suiviez. » grommela-t-il, et elle déglutit avec peine, intimidée.

« - Je suppose que, en tant que conseillère, je dois être sur place pour certaines missions qu'il considère comme importantes... »

Le seigneur de Carmélide eut un ricanement moqueur et accéléra légèrement le pas, faisant comprendre à la jeune femme que sa compagnie ne l'intéressait clairement pas. Blanche fit donc le choix de rester dans son ombre, un léger pincement au coeur. Elle comprenait son dédain. Elle n'était qu'une femme, après tout. Sûrement risquait-elle de gêner les chevaliers de la table ronde plus qu'autre chose. Elle baissa la tête, et s'évertua à suivre le pas du chevalier qui était devant elle. Elle éprouvait un grand respect pour cet homme qui avait tenu des mois dans un siège imposé par Lancelot, sans jamais baisser les bras. Elle retint un soupir dépité, et posa ses yeux clairs sur les silhouettes de Perceval et Karadok qui parlaient vivement de leur tactique future, ce qui ne faisait que faire râler davantage le seigneur Léodagan. Un maigre sourire naquit sur les lèvres de Blanchefleur quand elle releva ce point. Le seigneur Yvain lui ressemble beaucoup à ce niveau.

La petite troupe se stoppa devant les grandes portes en bois, et imitant ses comparses, la jolie fleur du Berry tira son arme alors que Léodagan hurlait, affirmant qu'on l'envoyait leur botter l'arrière-train.

« - J'croyais qu'on venait négocier ? » interrogea alors Perceval avec innocence, et le père de la reine haussa les épaules.

« - On leur casse le pif. Après, on négocie. »

Blanchefleur entrouvrit les lèvres et échappa timidement qu'elle n'était pas sûre que ce soit la bonne stratégie à adopter, mais Léodagan se tourna brutalement face à elle, lui jetant un regard glacial qui lui fit aussitôt baisser les yeux. Elle pinça les lèvres, se haïssant pour ne pas être née homme et ainsi n'avoir le droit de lui rétorquer qu'ils faisaient probablement une erreur. Elle se contenta de rester en arrière, là où était sa place, et garda son arme à la main. Les portes s'entrouvrirent, une petite dizaine d'hommes leur faisant face. Le coeur de Blanche rata un battement. Il y en a trois qui ne sont pas armés. Elle releva son arme, attendant les ordres de Léodagan, tandis que Perceval et Karadok apostrophaient les hommes, affirmant qu'ils les forceraient à ployer le genou devant leur roi.

Blanche pâlit quand un des hommes sans arme releva la main, et elle comprit brutalement. Des flash horribles passèrent devant ses yeux effarés. Du sang. Des corps sans vie. La mort. Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle eut beau chercher à lutter, sa vue devint floue. Ses mains se mirent à trembler alors que les trois chevaliers couraient en avant, sans crainte. Je suis faible. Je ne suis pas comme eux. Une larme glissa sur sa joue alors que des éclairs naissaient dans la main de l'adversaire qu'elle fixait, et à nouveau, une voix de femme prononçant des paroles incompréhensibles, des hommes qui mouraient, tout ça lui revint en tête avec la violence d'une gifle. Ce souvenir l'avait hantée des nuits durant, pourquoi cela devait-il tant la terrifier ? Pourquoi ne pouvait-elle pas passer outre ?! Pourquoi cela devait-il revenir maintenant ?! Mes jambes vont me lâcher.

Les Pétales d'une Vie Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant