Mon Roi

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Il marchait le long de la grotte humide, se dirigeant vers la faible lumière émise par les torches au fond de celle-ci. Il tâtait de ses mains fripées la paroi rocheuse quand une voix grave résonna dans toute la cavité:

-Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vu, Emris...

Merlin sursauta, c'était la voix de Kilgarah , il ne l'avait pas oublié, même après tous ce temps. Malgré la faiblesse dans ses jambes, il accéléra le pas et s'arrêta brusquement au bord d'un immense vide d'où le vent soufflait violemment. Sa barbe et ses longs cheveux grisonnants virevoltaient à la puissance de la bourrasque quand son vieil ami surgit fièrement d'un battement d'aile.
Il ne put retenir un rire, c'était comme à Camelot, quand il se rendait dans les souterrains pour lui demander conseil:

-Pourquoi ? Demanda-t-il en souriant, Pourquoi ce songe ?

Le dragon suspendu dans l'air, approcha légèrement du vieux sorcier et déclara:

- Ce n'est pas encore la fin de tout, Albion a plus que jamais besoin de toi.

Sur ces mots, ses yeux luisirent d'une étincelle dorée et il insuffla une puissante énergie sur Merlin qui se sentit subitement submergé d'une importante quantité de magie pure comme il n'en avait jamais sentit.
Sans s'en rendre compte, son corps chuta lentement en arrière alors qu'il se perdait dans une euphorie comateuse.

-Arthur ! S'époumona-t-il en se redressant surpris.

Il n'était plus dans la grotte mais dans sa petite chambre, à moitié allongé sur le matelas. Un soupir lui échappa doucement et il sortit d'entre les draps en appréhendant son éternel mal de hanche. À sa surprise, tous ses maux de vieillesses avaient miraculeusement disparus.
Il remarqua justement, qu'il ne sentait plus sa barbe ni ses cheveux sur son dos. Il se décida à sortir du lit et se diriger vers son miroir.

- Co...comment... Souffla-t-il en voyant son reflet.

Il était à nouveau jeune, exactement comme avant. Après s'être contemplé aussi longtemps qu'il le pouvait, il repensa à son rêve. Seigneur comme il espérait que Kilgaarah ne lui ai pas donné de faux espoir. Mais il était difficile à croire qu'il puisse faire quoi que ce soit en cette époque pour que la magie retrouve ses lettres de noblesse. Malgré tout, il se prépara assez rapidement près à traverser la forêt luxuriante au milieu de laquelle il vivait, pour suivre son instinct.

     Tout avait changer, drastiquement. À la place d'étendue verdoyante, de sentiers dessinés par des calèches ou de rares petits villages, on trouve des routes à perte de vues faites de goudrons, zébrants des allées entre d'immenses bâtiments appelés gratte-ciel et quelques maisons que n'importe qui pourrait s'offrir. Ce n'était pas la première fois qu'il sortait de chez lui pour la grande ville mais il n'arrivait toujours pas à s'y faire.
Il ne savait pas où aller, il ne faisait que suivre la magie émanant d'un immense domaine. À peine arriva-t-il devant le long portail de fer que celui-ci s'ouvrît automatiquement pour laisser passer une magnifique voiture blanche, lustré et parfaitement entretenue. Obnubilé par la beauté de l'engin, il omit de sortir de son chemin au grand damne du conducteur qui ouvrit la portière rageusement avant de descendre et le fusiller du regard:

-Vous vous êtes tous ligué contre moi aujourd'hui ou quoi ?! S'époumona le blond en la refermant.

L'homme portait une chemise rouge et un bas de costards noir avec pour seul accessoire une paire de lunettes de soleil, mais Merlin l'avait reconnu au son de sa voix. Ses mains avaient commencé à trembler alors qu'il avait de plus en plus de difficulté à respirer.

-Tu as perdu ta langue l'étranger ? Ironisa-t-il en croisant ses bras, qu'est-ce que tu fait dans mon chemin ?

C'était Arthur Pentragon, son Roi, son meilleur ami, celui qu'il avait serré entre ses bras une dernière fois avant qu'il ne lache son dernier soupire:

-Je... je m'appelle Merlin, balbutia-t-il en essayant d'ignorer la boule qui se formait dans sa gorge.

Arthur sourit en coin et ôta ses lunettes, ses yeux d'un bleu ciel plongeant dans le regard du sorcier et il déclara en riant:

-Je ne t'ai pas demander ton nom, mais de sortir de...

Le blond fut surpris de voir l'homme devant lui fondre en larme, ses joues subitement inondées et rougis. Il hoquetait en baissant la tête ce qui, étrangement, lui fit un douloureux pincement au cœur et comme si cela était naturel, il le prit dans ses bras en s'excusant:

-P...Pardon... je n'aurais pas dû parler comme ça...

Un sifflement enthousiaste derrière eux  le fit sursauter et se décoller subitement du brun pour se retourner vers la femme enceinte qui se dirigeait vers eux:

-Hé bien, Hé bien, fit-elle en riant, tu m'as déjà remplacée à ce que je vois.

-Guenièvre... Soupira le blond.

-Guenièvre ? Marmonna Merlin hébété.

La femme accouru vers lui aussi vite qu'elle pouvait avec son ventre, et attrapa ses mains en souriant:

-Tu dois être là pour devenir l'homme de ménage de la maison! Tu as de la chance, je vais pouvoir te montrer tout ce que tu devras faire ! S'exclama-t-elle en le tirant à l'intérieur.

Arthur les regarda s'en aller avec l'impression d'avoir connu cet homme et qu'il pouvait lui faire entièrement confiance.

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