Boucle

2K 131 11
                                    


Ce n'était pas le château de Camelot mais la maison était assez grande pour que Merlin se sente aussi minuscule qu'une fourmi à côté d'une bouteille. Il était resté à admirer le hall en essayant de s'imaginer comment le reste pouvait être si l'entrée prenait déjà quartes pièces à elle seul.
En le voyant debout, raide comme un piquet, la femme enceinte se positionna face à lui quelque peu inquiète:

-Je suis désolé, nous n'avons même pas fait de présentations que je vous envoie déjà dans la fosse aux lions.

-C'est bien trop luxueux pour être une fausse et croyez-moi, j'en ai vu plus d'une, Souffla-t-il sans la regarder.

Il était si absorbé par l'architecture qu'il avait presque oublié la situation:

-Vous n'êtes pas une sorte de voleur j'espère. Lança-t-elle en croisant les bras, il y a beau y avoir beaucoup d'objets ici, je saurais si le moindre grain de sel disparaissait.

Cette phrase eut le mérite de le sortir de sa torpeur:

-Je ne suis pas un voleur et si j'en était un, je serais le pire de tous alors n'ayez crainte. Ironisa-t-il en se rappelant les nombreuses fois où il avait essayé de voler des petits pains dans la cuisine royale. Sinon, Je m'appelle Merlin.

-Guenièvre, Se présenta-t-elle en lui serrant la main.

Elle n'avait pas l'air totalement convaincue mais lui offrit son dos avant de débuter une visite guidée:

-Cela vous gêne si je vous tutoies ? Je n'ai jamais apprécié vouvoyer les autres domestiques. C'est trop formel pour des personnes qui vivent le même calvaire que moi tous les jours.

Merlin la suivit docilement et ne vit aucun problème à cette proposition. Après tout, il en avait passé des années à la tutoyer malgré sa position de reine:

-La maison est assez grande mais ne t'inquiète pas, on s'y habitue. Le rassura la femme en montant des escaliers.

Les murs étaient joliment décorés de papiers peints à formes géométriques blanches et dorées, de tableaux en tout genre et chaque pièces étaient pleines de biblos aux multiples formes et de couleurs, sans oublier une panoplie variée de magnifiques meubles.

-Il faudra te réveiller à environ 5 h pour préparer le bain de monsieur Pendragon avant qu'il ne se réveille, ranger sa chambre et nettoyer les autres pièces. Il commence le travaille dès 7h.

Elle lui fit à peu près le topo des pièces puis déclara:

-Pour ce qui concerne le nettoyage, je pense que deux fois par semaine suffisent amplement, sauf la vaisselle bien évidemment. Tu sais cuisiner ?

La dernière fois qu'il avait osé poser les pieds dans un cuisine, une chose infecte avait pris forme dans sa casserole et avait infecté sa maison en plus d'une partie de la forêt. Il avait dû dormir à cinq mètre de sa tanière pendant deux jours avant de se décider à simplement utiliser la magie.

-Oui, Bien sûr! S'exclama-t-il avec un large sourire qui fit plaisir à Guenièvre.

-Je sais que ce n'est pas une obligation, mais Arthur ne se nourrirait que de mal bouffes si je ne prenais pas soin de son alimentation alors... Tu penses pouvoir lui préparer son repas de temps en temps ? Ne serait-ce que pour veiller à sa santé...

Il lui sourit. Elle était bonne et si aimable. Elle sautilla de joie lorsqu'il accepta et reprit sa marche avec enthousiasme:

-Il te faudra une chambre ! Je dois t'avouer que ce n'est pas ce qui manque ici mais comme la mienne est la plus proche de celle d'Arthur et que je ne l'utiliserais plus...

Elle bifurqua, les menant à un somptueux corridor et s'arrêta devant une porte:

-Tu dormiras ici. J'espère que cela ne te gênera pas de dormir dans cette vieille bâtisse grinçante.

Elle la poussa pour dévoiler une petite chambre sans trop d'artifices avec un lit deux places—égale à une place pour les personnes aisés—, un assez grand placard comparé à la malle qu'il avait chez lui, et une autre porte à droite de son lit, qu'il supposa mener à la salle de bain.

-Je ne pense pas que j'aurais le temps de me plaindre des grincements.

Son ancienne reine lui souris sincèrement comme elle en avait l'habitude et lui tapota l'épaule:

-Vous avez l'air d'être un type bien et croyez moi, c'est rare que je dise ça. Alors je vais vous avouer quelque chose à propos d'Arthur...

Elle s'avança vers lui prête à lui faire des confidences. Merlin remarqua à cette distance qu'elle était légèrement courbée avec les mains posées sur ses hanches et en conclut donc que son ventre devait peser vraiment lourd. L'enfant ne devait plus tarder:

-Il peut être un horrible bébé en plus d'être aussi têtu qu'une bourrique et il vous demandera de faire les choses les plus compliquées du monde mais au fond, dans son cœur de gosse de riche, se cache un petit nougat qui veux jouer les durs.

Le brun ne put s'empêcher de rire face à autant de spontanéité et de naturel. C'était Guenièvre.

-J'ai connu un bébé du même genre et j'ai plus ou moins sû lui apprendre quelques petites choses sur le respect. Déclara-t-il avec un sourire complice.

-J'espère que tu me donneras des tuyaux pour la future bombe nucléaire là dedans.

Elle caressa son ventre en souriant et poursuivit:

-Lancelot est sûrement plus effrayé que moi à l'idée d'avoir un garçon.

Merlin ouvrit la bouche sans que rien n'en sorte alors que Guenièvre continuait à parler de son bébé qui la malmenait déjà à coup de pieds et d'envie de crackers aux fromages. Elle s'était sans doute trompée entre Arthur et Lancelot. Forcément. Sa langue avait définitivement fourché.

-Lancelot ? Balbutia le sorcier en s'appuyant de justesse à un mur. Arthur n'est pas le...

Ils se fixèrent pendant une longue seconde avant que Guenièvre n'éclate de rire. Elle tenta de parler à maintes reprises malgré son fou rire et c'est à bout de souffle qu'elle finit par s'esclaffer:

-Tu pensais que...Arthur et moi ? Tu es vraiment un drôle de type Merlin! Tu peux ramener tes affaires dans l'après-midi...

Sur ces mots, elle se dirigea vers le hall en riant doucement. Même après qu'elle soir disparut du couloir, le sorcier l'entendait encore marmonner des: «Arthur et moi...Ah! Il faut que je lui raconte celle-là », de plus en plus lointain. Lorsqu'il ne l'entendit plus, Merlin s'immisça dans la chambre, referma doucement la porte et se laissa glisser contre celle-ci en soupirant jusqu'à ce que ses poumons soient vidés:

-Ils sont là...

Ses lèvres s'étirèrent seules en un sourire indescriptible. Il avait envie de pleurer à nouveau, de rire, d'hurler de joie et de frustration à la fois. Rien ne sortit, son cœur seulement se mit à battre comme il ne l'avait pas fait depuis des centaines d'années. Emris était de retour.

Ton destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant