Like me

1.5K 119 7
                                    


Ce n'était pas une « petite » fête. Un nombre incalculable de personnes se trémoussaient dans l'appartement prestigieux de Morgan. Merlin, étant habitué au calme de sa petite prairie ou de sa chambre de domestique, sentait ses tympans le supplier d'arrêter cette torture. Arthur et Gauvain qui lui rabâchaient que ce ne serait qu'une réunion en petit comité, l'avaient abandonné à l'entrée pour rejoindre leurs amis.
Seul face à la horde, Merlin balayait la salle du regard en espérant pouvoir s'éclipser dans un coin paisible.

—Il n'y a pas d'échappatoire.

Le cœur du sorcier ne fit qu'un bond en entendant une voix masculine effleurer sa nuque. Lorsqu'il se retourna, se fut pour voir Mordred, tout sourire, vêtu sobrement, deux verres de champagnes à chaque main:

—Enfin, si c'est ce que vous cherchiez, Ajouta-t-il en lui tendant la seconde flûte.

Merlin accepta l'offre, un tantinet gêné par le regard de l'ancien druide et lui tourna de nouveau le dos pour regarder la foule enjouée qui emplissait les moindres recoins. Il avait apperçu Elyan et Léon aux côtés des deux déserteurs qui l'avaient traînés jusqu'ici mais il n'y avait aucune trace de Perceval, Lancelot et Genièvre. Merlin s'était dit que le couple avait probablement préféré éviter un environnement où l'alcool coulait à flot mais n'avait pas d'explications pour Perceval.

—Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde pour le retour d'une personne qui suscite tant la peur. Avoua Merlin en humectant ses lèvres à l'aide de sa boisson.

—En vérité, cette fête a été organisée pour profiter une dernière fois des jours où tout était permis et pour boire à jusqu'à plus soif. L'informa Mordred sans le lâcher des yeux.

Merlin n'avait pas été aussi intimidé par Mordred, hé bien, depuis qu'il avait appris, il y a 500 ans, qu'il était destiné à lui enlever son Roi. Il doutait encore de la bonne foi du druide et se sentait néanmoins coupable d'être celui qui l'avait poussé à agir comme il l'avait fait.
Alors que le sorcier replongeait au confin de ses souvenirs de l'ancien Camelot qui le manquait tant, la main de Mordred enlaça la sienne comme il l'avait fait à sa boutique et le sortit de sa triste lubie.

—Puis-je vous parler en privé ? Demanda-t-il avec le plus grand sérieux.

—Si c'est pour me proposer ce job de manne... Commença-t-il avant de remarquer un changement chez son interlocuteur.

—Je vous promet que cela vaux le coup. Déclara Mordred en souriant.

Merlin le suivit jusqu'à une chambre, non sans rester sur ses gardes. Le tintamarre avait été rapidement étouffé lorsque Mordred avait refermé la porte. Le sorcier ne pouvait pas voir son visage mais il sentait que l'ancien druide hésitait.

—Connaissez-vous la légende Arthurienne ? Demanda Mordred en lui faisant finalement face.

Merlin réprima la sensation de surprise qui le prit au cœur tel un électrochoc.

-Oui, Lança-t-il en espérant paraître le plus naturel possible, comme la totalité des Anglais.

Mordred sembla lire en lui comme dans un livre ouvert. Il ne croyait pas à sa réponse. Il savait quelque chose. Le cœur du sorcier se mit à tambouriner contre sa cage thoracique alors qu'il écoutait le druide:

—Beaucoup croient qu'Arthur Pendragon est la réincarnation du grand Roi de Camelot. Ajouta-t-il sans perdre son sourire suffisant.

—C'est supposer que Morgan est une affreuse sorcière et vous un futur meurtrier. Tenta Merlin sur un ton qui se voulait moqueur.

—Et que vous seriez le plus grand sorcier qui n'ait jamais existé. Conclut-il.

Mordred ne lui laissa pas le temps d'objecter et le subjugua en usant de magie. Merlin n'en crut pas ses yeux lorsque les yeux de l'homme luisirent d'un jaune d'or et qu'il fit planer un livre hors d'une petite commode jusqu'à lui.

—Vous êtes Emrys, n'est-ce pas ? Fit-il heureux de la réaction du sorcier.

Soudain, Merlin sentit de nouveau la crainte de revoir les mêmes événements passés se reproduire et, en une fraction de seconde, Mordred se retrouva plaquer contre un mur, tous les membres paralysés par une force invisible. Merlin venait de le maîtriser sans murmurer de sorts. Lui même en était surpris mais le moment n'était pas propice pour se réjouir.

—Que veux-tu ? Le questionna Merlin en se préparant au combat.

—C'est extraordinaire ! J'ai sentit l'étendue votre pouvoir la première fois et j'étais subjugué mais là...S'enthousiasma-t-il. Vous êtes aussi puissant que le raconte Gaius !

Ce nom eut l'effet d'une bombe dans le cœur du sorcier. Sa gorge devint aussi aride qu'une brindille enflammée au centre du Sahara. Il chancela brusquement et se laissa tomber en position assise sur le lit non loin.

—Gaius ? Souffla-t-il doucement.

Mordred s'inquiéta de la réaction de son idole qui l'avait libéré de son étau en se laissant emporter par ses émotions:

—C'est mon mentor. Il s'occupe des sorciers à travers le monde en leur redonnant espoir en ce qu'il appelle: « Albion ». Nous attendions tous que cette ère arrive et il sera si heureux de savoir qu'il s'agit du véritable Emrys.

—Est-ce... Est-ce qu'il se souvient de moi...? Demanda Merlin avec une lueur d'espoir dans les yeux.

Mordred secoua doucement la tête et se sentit désolé d'avoir dû répondre en voyant une déception douloureuse redessiner les traits du sorcier. Il avait la même expression qu'un enfant abandonné, la même expression que Mordred voyait en passant face à un miroir. Le lit couina légèrement au moment où il s'assit à côté de Merlin, troublant légèrement le lourd silence:

—Vous n'êtes pas seul. Je serais là pour vous servir.

     La fête battait agréablement son train jusqu'à ce qu'Arthur remarque la disparition de son domestique au détour d'une conversation avec son groupe d'ami. Il posa instinctivement son verre de la manière la plus dramatique du monde, prêt à partir à sa recherche quand la poigne de Gauvain le ramena de force à sa place:

-Je sais exactement ce que tu as en tête mon cher ami. Scanda le brun sous le regard réprobateur du Pendragon. Mais, j'ai bien peur que tu sois contraint d'abandonner la jeune femme que tu as repéré.

Arthur remarqua alors qu'il n'avait pas porter son attention aux femmes des environs qui, pour la plupart, cherchaient à attirer son attention.

—Je vais chercher Merlin. Rétorqua-t-il déterminé à accomplir sa quête malgré sa confusion.

—Et donc ? Merlin est un grand garçon qui sais refuser les bonbons des inconnus. Ironisa Gauvain. Qu'est-ce que vous en pensez les gars ?

Aussi bien Elyan que Leon approuvèrent de bon cœur en trinquant avec le brun hilare.

—De plus, tu nous as a fait le serment de ne pas courir à la chasse aux demoiselles et de rester avec nous le temps que l'on voudra. Affirma Leon tout sourire.

—Quand est-ce que j'ai dit une chose pareille ? Grommela Arthur en abdiquant.

—Je crois que c'était cette fois où tu as parié sur le mauvais joueur. Se moqua Elyan assis à droite.

—Est-ce que je t'ai déjà dit à quel point je te déteste ? Fit Arthur en se servant à boire.

Le petit groupe reprit joyeusement sa conversation sur un sujet qui n'intéressa Arthur qu'à moitié. Il avait beau être assis avec eux, ses yeux scrutaient la salle à la recherche de Merlin.

Ton destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant