La route était longue et la densité de la forêt dans laquelle il marchait n'aidait pas non plus à la traversée. Les lianes semblaient vouloir attraper ses chevilles, les branches s'attaquaient à son haut de pyjama rayé et les moustiques le guettaient dans la pénombre. Arthur n'avait jamais autant haït la nature de toute sa vie et pourtant il était le premier à lutter contre le réchauffement climatique pour sauver ses ingrats d'arbres. En plus de cela, il ne savait pas le moins du monde où il se trouvait et pourquoi il se dirigeait dans la direction vers laquelle il allait. Tout ce dont il était au courant c'était que ses pieds l'y emmenaient et que son esprit lui ordonnait de ne pas lutter. Il n'avait jamais fait de crises de somnambulisme auparavant mais le Pendragon avait un sérieux doute sur le fait que l'on puisse parcourir autant d'hectare sans jamais se réveiller.Il était certain de s'être allongé tout contre son brun, l'avoir étreint aussi fort qu'il le pouvait avant de s'endormir. C'était une fois perdu dans le monde des rêves qu'il avait entendu quelqu'un l'appeler d'un ton solennelle. Du peu qu'il se souvenait, dans son songe il se trouvait dans une grotte sinistre éclairée par des torches et il avait suivis la voix jusqu'à un vaste fossé. De là, il avait cru mourrir d'une crise cardiaque en rencontrant deux gigantesques paires d'yeux luisants dans le noir accompagnés d'une longue respiration digne d'un grognement étouffé. Arthur avait voulut décamper mais, comme dans la plupart des rêves, son corps n'avait pas voulu suivre sa pensée.
—Arthur Pendragon. Fit le monstre une énième fois avant de ricaner face au visage appeuré du blond. Je vous ai connu plus courageux.
—Je ne pense pas avoir connu un... qu'est-ce que vous êtes au juste ?
Kilgaraah sortît complètement de l'ombre, présentant son flanc majestueux avec fierté. Arthur chancela et marmonna subjugué:
—Un dragon. D'accord.... je suis en train de rêver ou un truc du genre, pas vrai ?
—Il s'agit bien d'un rêve mais cela ne veut pas dire que tout ceci n'est pas réel. Déclara le « serpent volant » en approchant sa gueule du blond.
Arthur se demanda depuis quand il avait ce genre de pensées philosophiques et une imagination aussi débordante et Kilgaarah lui expliqua sa présence:
—La magie se meurt Arthur, il vous faut la sauver avant qu'il ne soit trop tard. Je vous mènerais jusqu'à Avalon pour récupérer Excalibur.
—Excali... ! S'époumona Arthur. Imaginons que tout ça soit réel une minute. Pour qui vous me prenez ? Le...
—...Roi Arthur, c'est cela. L'interrompit le dragon. Il est bien difficile de croire à une chose dont on ne se souvient pas, je vous l'accorde. Prendriez-vous cependant le risque de perdre Merlin à cause de votre scepticisme ?
Le blond tressaillit à l'entente de ce nom et ne perdit pas une seconde pour lui ordonner de développer:
—L'immense quantité de magie dont regorge Emrys s'amenuise avec le temps et votre absence aggrave la situation.
—Mon absence ? Demanda-t-il en ignorant le surnom attribué au brun pour le moment.
—En vous offrant Excalibur, Merlin a officiellement scellé le lien entre le monde de la magie et le vôtre. À votre mort, ce lien s'est fatalement fragilisé. Il est maintenant à votre tour de renouveler cette alliance et lui permettre de recouvrer l'ancienne magie qui fait de lui Emrys.
Arthur avait la net impression que rien de tout cela n'était une blague et qu'il devait surmonter cette quête quoi qu'il en coûtait. Il était certes largué par la situation loufoque dans laquelle il se trouvait mais il se disait qu'il n'avait rien à perdre dans un rêve:
—Je suppose qu'il ne me suffit pas d'avoir une chaloupe et un aimant. Ironisa Arthur.
—Vous devrez plongez dans le lac et dès ce moment vous aurez traversé le voile qui sépare ce monde de celui des morts.
Le visage d'Arthur blêmit violemment à cette nouvelle mais cela n'eut pas l'air d'inquiéter le vieux dragon plus que de mesure:
—Vous n'avez point à craindre ce passage, vous êtes déjà mort dans l'ancien temps et cela a le mérite de vous permettre d'y voyager sans craindre d'y rester prisonnier. La seule chose que vous devez retenir, c'est de ne jamais oublier pourquoi vous êtes là bas.
—Je suis quoi ? Et pourquoi je dois garder ça en tête ?
Kilgaarah ignora la première question:
—Lorsque l'on a connu la paix qu'apporte la mort, la vie perd de son attrait.
Soudain, au moment même où Kilgaarah avait prononcé le dernier mot de sa phrase, Arthur s'était retrouver dans la rue, les pieds posés sur le bitume glacial en pleine nuit face à un vaste lac qu'il supposa être Avalon. Arthur comprît qu'il était réellement perdu au milieu de nul part car le froid qui s'était incrusté dans ses vêtements et l'odeur de la rosée fraîche étaient bien trop réaliste à ses yeux pour être considérés comme le fruit de son imagination. Cette pensée l'aurait bien poussé à abandonner cette idée de plonger à la chasse au graal dans un bac à glaçon géant s'il n'avait pas vu son reflet par inadvertance. Non pas qu'il se soit prit d'un élan de narcissisme. Il n'avait pas vu son lui présentement vêtu d'un pyjama, les cheveux en vrac et le regard groggy mais un autre lui, portant une cotte de fer, une cape rouge ornée d'une esquisse en or représentant un dragon et le regard déterminé.
Sur le coup, il s'était éloigné à toute vitesse du bord de surprise. Puis, il avait réfléchis à comment il avait pu en arriver jusque là, à cette histoire de sorcellerie et de résurrection.—C'est dans ta tête... seulement dans ta tête... S'était-il répété en se rapprochant à nouveau de l'eau en espérant que cela l'aide.
Arthur jeta un coup d'œil à l'eau et constata que l'étrange reflet était toujours là à le fixer. Sauf que cette fois, l'autre lui tendait la main en souriant. Son cœur battait à s'en rompre tant il avait peur de ce qui se cachait dans le lac:
—Merlin a besoin de nous... Souffla sa propre voix lorsque son reflet bougea les lèvres.
Les yeux du Pendragon étaient passés à plusieurs reprises du visage souriant à la main qui lui était tendue avant qu'il ne finisse par la prendre. Malgré la sensation insoutenable de l'eau gelée contre sa peau, Arthur s'était entièrement engouffré dans les abysses.

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Ton destin
FanfictionArthur est mort il y a environ 1600 ans et tous ses amis quelques siècles auparavant, alors, comprenez que Merlin ne s'attende pas à les revoir au 21ème !