Le premier d'une longue lignée

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    Un petit garçon accourait dans les couloirs d'une grande maison, un ballon de football entre les mains. Il venait à peine d'avoir ses cinq ans et aujourd'hui était « Le jour spécial », soit celui durant lequel ses parents se devaient de l'emmener chez son parrain Gauvain pour passer la journée en tête à tête. Le petit brun aux yeux vairons n'avait jamais compris pourquoi ses deux pères tenaient tant à respecter cette date mais ne se tourmentait pas plus sur la question puisqu'il gagnait une virée loin de la campagne ennuyeuse où il habitait. Après leur mariage hautement médiatisé et connu comme l'un des plus inspirants pour la communauté LGBT, Arthur et Merlin s'étaient reclus dans un petit patelin reculé. Quelques années plus tard, ils avaient décidé d'adopter au grand dam de leurs heures habituels de sommeils. Ils avaient longtemps trimé mais Genièvre était rapidement venu à la rescousse.

Le petit termina donc sa course devant la chambre de ses parents et l'ouvrit sans crier gare sur Arthur et Merlin en plein essayage. Ou plutôt, Merlin aidant son idiot de mari à nouer sa cravate. Le Pendragon lui rendit la tâche encore plus difficile lorsqu'il se tourna brusquement vers son fils adoptif, tout sourire:

—Hey, champion ! S'exclama-t-il en ouvrant ses bras pour y recueillir son garçon.

Merlin abandonna la bataille et laissa le champion en question se faire porter par son papa gâteau. Arthur adorait son enfant plus que tout au monde au point qu'il serait prêt à lancer une troisième guerre mondiale si quelqu'un osait toucher à une mèche de ses cheveux et il était du genre à l'aider à cacher ses bêtises plutôt qu'à le gronder:

—Balinor, tu ne jouais pas au ballon dans la maison encore une fois, n'est-ce pas ?

Balinor, car c'était le nom du petit garçon, prit une mine innocente qui fut récompensée par un baiser sur la joue par Arthur. Malgré la mine désappointée de Merlin, Arthur se mit du côté sombre de la force.

—Vous êtes toujours pas prêt ? Demanda Balinor surexcité à l'idée de passer la journée dehors.

—On le serait si ton père apprenait à s'habiller seul, Se moqua Merlin en se dirigeant vers un grand armoire.

Tandis que le brun avait le dos tourné, Arthur chuchota à l'oreille de Balinor:

—Va jouer dans la cour pendant que papa punit Merlin.

Un hochement de tête plus tard et le sacripant s'en était allé, laissant ses pères à leurs jeux de grands. Arthur se glissa ensuite dans le dos de Merlin et se lova contre lui:

— Je préfère quand tu t'occupes de moi.

Merlin frémit à la sensation des lèvres de son Roi contre son cou avant de se tourner vers lui et de poser ses mains sur ces dernières. Il savait comment cela finirait s'il ne l'arrêtait pas:

—Pas maintenant, Fit-il devant la moue boudeuse du blond. Notre réservation, n'oublie pas.

—Même si je ferme la porte à clé ? Tenta-t-il sous le rire de Merlin.

—Balinor a grimpé jusqu'à la fenêtre la dernière fois que tu as fait ça et si je n'avais pas utilisé la magie, cette histoire ne se serait pas terminée si bien.

Arthur soupira et voulut ajouter quelque chose mais Merlin l'interrompit avec un bisous au coin de la lèvre. Simple bisous qui se transforma en baiser langoureux dans la seconde suivante.

—Tient toi en place maintenant, que je puisse mettre ta cravate, lui ordonna Merlin dès qu'il lui laissa une minute de répit.

Arthur resta sage pendant un temps avant de lancer:

—En échange de mon abstinence temporaire, je veux que tu changes de coiffure.

Merlin roula des yeux; ce devait faire une dizaine de fois qu'il lui faisait la remarque. C'était le troisième souhait d'Arthur après: « avoir un enfant » et « se laisser pousser une barbe ». Le sorcier avait préféré oublier le reste de la liste.

—« Je ne veux pas que tu changes » qu'il disait. Fit Merlin en imitant la voix du blond.

    Pendant que les deux époux se disputaient sur la future coupe de cheveux de Merlin, Balinor s'amusait à lancer son ballon aussi loin qu'il pouvait. L'un de ses tirs fut assez puissant pour que l'objet atterrisse à la lisière de l'étendue boisée à quelques mètres de la maison, par dessus la clôture. En enfant sage, il désobéit à l'interdiction d'Arthur et se faufila à l'extérieur pour le récupérer.
Alors qu'il ramassait son ballon, il entendit une sorte de petit feulement dans les broussailles. Sa curiosité le poussa à suivre le bruit et il resta pétrifié face à la créature qui sortie de derrière un arbre. Elle faisait environ un mètre sans compter ses ailes du même rouge carmin que le reste de son corps. Ses grands yeux d'un vert pistache se posèrent sur le petit et il sembla faire la révérence:

—J'ai enfin l'honneur de te rencontrer, Albion.

Balinor préféra s'enfuir en interpellant ses parents sans se douter une seconde du destin dont ce dragon venait l'avertir.

Ton destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant