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Jeudi 21 février 2016,

13h.

« Non mais alors là j'y crois pas ! »

Pour la centième fois je lève les yeux au ciel. Clara et moi sommes actuellement en train de déjeuner à notre QG et je lui ai expliqué ma sortie d'hier soir avec Ken.

« Tu lui as tout raconté tout tout tout ? Continue t-elle.

-Oui.

-J'y crois pas ! Même Florian ne sait pas toute l'histoire ! » me répond-elle.

Je souffle d'agacement.

« Bon tu me saoules là !

-Mais Marion regarde les choses en face ! T'as raconté à un presque inconnu tes plus sombres secrets ! Alors que ton meilleur ami depuis toujours en connait la moitié ! »

Elle m'énerve mais le pire c'est qu'elle a raison. Je croise mes bras sur la table et plonge ma tête dedans.

« C'est pas en te cachant que tu affronteras la réalité souffle Clara. »

Je ne réponds pas.

« Fin mince quoi ! Tu ne le connais pas ! Il est peut-être dangereux ! Si ça se trouve il fait des choses illégales ! La beauté ne fait pas tout ! »

Prise d'une colère fulgurante je me lève et hurle :

« Ta gueule putain ! »

Laissant un billet de 20 euros,  je saisis mon sac et m'empresse de partir sous l'air abasourdi de ma meilleure amie.

Tululu tululu !

La sonnerie de mon téléphone me fait froncer les sourcils. Je fixe le numéro non enregistré avant de répondre, mon agacement toujours présent.

« Oui allô ?

-Marion Duval ?

-C'est bien moi.

-J'ai lu votre annonce sur Facebook, apparemment vous recherchez un employé pour votre librairie.

-C'est exact. Puis-je avoir votre nom ?

-Jocelyn Perrin.

-Quand pourriez-vous être disponible ?

-Je suis actuellement devant votre librairie.

-Ne bougez pas j'arrive ! »

Je raccroche guillerette. Enfin une employée, enfin la belle vie ! Ça me remonte totalement le moral.

Quand j'arrive devant mon petit magasin je suis surprise de voir une jeune femme aux cheveux d'un blond platine naturel. Je m'approche d'elle lui tendant ma main qu'elle s'empresse de serrer.

« Comment allez-vous Jocelyn ?

-Parfaitement bien. Je cherche un job dans une librairie depuis maintenant deux ans ! »

Je rigole en étant crispée. Si ça fait deux années qu'elle cherche un travail est-ce à cause de son incapacité dans le domaine du livre ? Nous rentrons dans mon petit paradis et je l'invite à se rendre au bureau. Sagement, Jocelyn attend mon approbation pour s'asseoir que je lui donne en effectuant un petit signe de main .

« Alors commençais-je quel âge avez-vous ?

-26 ans depuis peu.

-Vous me disiez rechercher un poste depuis quelques années.Qu'avez-vous fait auparavant ?

-Je travaillais sur Bordeaux, dans la librairie Mollat comme libraire du rayon littérature ados et sciences fictions. J'ai du déménager à Paris concernant le travail de mon copain et depuis je n'arrive plus à trouver un poste vacant.

-Oh je connais cette librairie. La première indépendante de toute la France !

-C'est exact me répond t-elle en souriant.

-Pourrais-je avoir votre curriculum vitae s'il vous plaît. »

Elle hoche la tête avant de me tendre une feuille.

« Ecoutez je vais me pencher sur votre dossier et réfléchir. Mais avant j'aimerais vous poser une dernière question. Simple et logique. »

Jocelyn acquiesce.

« Pourquoi vous choisirais-je ?

-Écoutez le monde du livre est rude. Chaque nouveau poste de libre se vend comme des petits pains. En lisant votre annonce j'ai littéralement sauté sur l'occasion en me présentant le plus rapidement possible. Comme je vous l'ai dis je travaillais chez Mollat, je suis donc habituée à la clientèle et ma bienveillance font que les gens se dirigent rapidement vers moi. Je me sens capable d'être à la hauteur pour devenir votre seconde libraire. Maintenant le choix est entre vos mains. »

Elle finit son monologue en souriant, sourire que je lui rends.

« Et bien je me pencherais sur la lecture de votre C.V. , puis je vous contacterai d'ici quelques temps pour vous communiquer ma réponse. »

Elle hoche la tête puis je la congédie. En retournant dans la librairie je constate qu'une dizaine de personne patiente. En fronçant les sourcils je leur demande si je peux les aider. Ils me répondent tous qu'ils sont venus pour le poste vacant. Je fais un sourire forcé et demande au premier de me rejoindre dans mon bureau. L'après-midi va être long.

*

18h30

Cinquante six . Cinquante six potentiels employés se sont présentés. Je n'en peux plus. Ça a été la même rengaine, le même refrain, les mêmes intentions, je suis au bout. Il y a seulement quatre personnes que je vais garder et me pencher plus sur leur dossier. Les autres ne m'ont absolument pas plu.  Même un certain Pierre est clairement venu me demander de déjeuner avec lui. Quel idiot.

De Hakim alias Mekra alias Haks : Wsh Marionette tu bouges avec nous ce soir ?

A Hakim alias Mekra alias Haks : Désolé je ne peux pas j'ai yoga :(

Yoga que je vais rater si je ne me dépêche pas un petit peu. Je referme rapidement la librairie avant de courir comme une dératée vers l'arrêt de bus. Pile quand j'arrive il démarre pour partir. Prise d'une puissante folie je me mets à gesticuler dans tous les sens. Par chance il me voit et s'arrête. Je monte le plus vite possible tout en le remerciant des dizaines de fois. Le quinquagénaire se moque gentiment puis je vais enfin m'asseoir. Les écouteurs dans les oreilles j'appuie sur la première chanson de mon répertoire. Majesté de Lomepal. D'habitude je n'écoute pas de rap mais ce mec dégage un truc de puissant. Bon après je dis ça mais c'est la seule chanson de lui que j'écoute. J'avoue que je suis plus Bigflo et Oli . Best friends. Le refrain s'enclenche et le bus se stoppe pour récupérer les prochains passagers. Je ne fais pas plus attention que cela et me tourne vers la gauche pour regarder le paysage défiler. Une vingtaine de minute s'écoulent et je vais devoir descendre. Je me lève donc pour me préparer. Je passe entre les sièges et dans un geste anodin je tourne la tête vers la droite. Ken se tient debout, sa main accrochée à la barre du haut. Sa casquette bien descendue sur son visage. Ses lunettes de soleil recouvrent ses yeux. Mais c'est lui j'en suis persuadée.Je sourie doucement en voyant qu'il a mit sa paire de converse. Paire que nous avons acheté hier, d'ailleurs je porte aussi la mienne. Quelle coïncidence. Je le vois esquisser un sourire en coin. Je rigole légèrement avant de descendre à mon arrêt. En touchant le goudron je prends une grande bouffée d'air pour stabiliser les battements de mon cœur. Je n'avais même pas remarqué son allure qui me déchire la poitrine.

Qu'est-il en train de m'arriver ?

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Nekfeu en japonaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant