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Jeudi 2 avril 2016,
15h56.

Après notre furtive installation dans l'immense villa. Nous nous sommes tous dirigés vers le fast food le plus proche de notre location temporaire. Un hamburger et quelques frites engloutis on s'est posé sur le sable sous le soleil grecque qui réchauffe notre épiderme. Actuellement je suis en pleine lecture d'un thriller trépidant c'est sans compter l'arrivée de Sneazz qui s'écroule sur mon dos. L'eau qui parsème son corps vient dégouliner sur ma peau chaude. Un cri strident plus tard je me dégage rapidement de lui et réfléchis à mon plan d'attaque. Ni une, ni deux, je prends une poignée de sable et lui lance en plein torse. Une pâte affreuse vient se coller à lui laissant un rictus de dégoût sur son visage et un sourire de fierté sur le mien.

« J'vais te marave sale sorcière. »

Étouffant un rire je m'élance à toute vitesse sur la plage, le maghrébin à ma suite. Je le distance rapidement et je suis obligée de m'arrêter pour être sûre qu'il n'a pas abandonné. Je le vois plier en deux alors je m'avance vers lui en riant à gorge déployée. Sauf que l'idiote que je suis n'avais pas remarqué le plan de Moh'. En un mouvement je me retrouve fesses au sol. Le rappeur hurle de rire me faisant bougonner. Je me relève difficilement et époussette le sable présent qui me colle comme de la glue. Pestant contre mon ami je retrouve le reste du groupe.

« Elle se fait miskine la Mar' aux canards. »

Je jette mon regard le plus noir à Framal tout en reprenant ma place sur ma serviette. Mon livre a disparu puisque il se trouve désormais dans les mains de Ken. Je lâche un sourire en coin et prends donc part à la conversation qui se déroule depuis un petit moment.

« Donc ce soir on décale à la même boîte ? Demande Irène.

-Comme d'hab lui répond Alpha.

-OH ! s'écrit Adèle. On pourrait se préparer toutes ensembles comme des queens qu'on est ? »

Nous pouffons avant de répondre par l'affirmative. Nous nous retrouvons donc quelques heures plus tard entassées dans la grande salle de bain de notre villa temporaire.

« Bon Marion, tu t'habilles comment ? »

Surprise par la question de Julia je mets un temps pour lui donner ma réponse.

« Euh je crois que j'ai pris un pantalon loose et un t-shirt. »

Irène se tape le front tandis qu'Adèle roule des yeux. Fronçant les sourcils sous l'incompréhension j'interroge silencieusement la femme de Théo.

« Faut que tu sois une bombe bichette. Et fais nous confiance on va te relooker comme NEVER ! »

Je retiens mon rire et me laisse manipuler comme une poupée. Elles me retournent me laissant de dos au miroir pour que je puisse être complètement à l'aveugle. Adèle commence à me mettre de la poudre sur mes paupières tandis qu'Irène s'occupe de mes cheveux. La cadette Samaras m'explique qu'elle me fait un wavy. J'acquise silencieusement sans réellement savoir ce qu'est cette coiffure. Julia me fait enfiler une robe et après avoir débattu pendant un bon quart d'heure j'ai le droit de garder mes Converse. J'ai envie de vous dire heureusement ! La révélation est proche puisque elles m'autorisent à observer le rendu. Je me tourne lentement. Le reflet que me lance la glace, m'estomaque. J'ai l'impression d'être une version améliorée de ma personne. Le truc bizarre wavy est seulement une légère ondulation sur mes mèches châtaines. Le maquillage est quasi naturel puisque à part du brun au-dessus de mes yeux et du eye liner rien a changé. Ma bouche est enduite d'un gloss simple. Quant à la robe, elle est tout simplement splendide. D'un noir intense elle s'arrête à hauteur de mes genoux. Les manches sont transparentes et le décolleté n'est pas si plongeant que cela. Un grand sourire éclaire mes lèvres. Les remerciant des dizaines de fois je prends dans mes bras les trois filles. 

« Wesh les gows on vous attend ! »

La voix de Doum's nous parvient. C'est donc en pouffant comme des écervelées que nous descendons les escaliers sous le regard scrupuleux des garçons. Une fois descendue, Ken ne perd pas une seconde et accroche son bras autour de mes hanches.

« Des fois j'préférerais que tu sois moche me glisse-t-il à l'oreille. »

Je lui donne une petite tape sur l'épaule alors qu'il se contente de m'offrir son sourire en coin. Liant sa main à la mienne nous nous dirigeons vers les taxis qui nous amèneront à la fameuse boîte. Nous arrivons relativement vite. La musique aussi puissante soit elle retentit dans tout mon être. Nous nous asseyons directement au carré VIP. J'ai l'impression d'être une star c'est excellent. Toutefois les stars présentes ici se défoulent déjà à attraper des tonnes de bouteilles et pour certaine à repérer les lieux. Alpha pose son bras sur mes épaules et m'emmène un peu à l'écart. Sous l'incompréhension je fronce les sourcils alors que lui me lance un sourire confiant.

« Bon Mar' faut que j'te parle d'un truc. »

La panique pénètre dans mon corps. Sans me laisser une once de répit Alphonse enchaîne.

« C'est par rapport à Nek' et toi. »

Une angoisse non dissimulée prend possession de mon être. Je m'imagine les pires scénarios.

« Ça fait juste hyper longtemps qu'on avait pas vu le fennec aussi heureux et épanoui. Alors oui votre histoire est dingue parce que ça fait seulement quelques mois que vous vous connaissez. J'pense qu'on pourrait même parler de coup de foudre. Mais vous vous complétez à merveille et j'en suis vraiment ravi. »

Les paroles d'Alpha résonnent dans ma tête tandis qu'il me sourit gentiment. Nous sommes interrompus par l'objet principal de la conversation.

« Wesh vous bougez non ? »

Je lâche un petit rire en hochant affirmativement ma tête. Avant de rejoindre Ken je réponds à Alphonse.

« Je pense sincèrement que tu as raison. Entre lui et moi c'est allé très vite. Je ne peux le nier. Mais honnêtement c'est sûrement la meilleure chose qu'il me soit arrivé depuis ces dernières années.

-Ouais j'suis d'accord. Mais est-ce que t'as pensé au futur ? Nek' il charbonne. Les festivals, l'album du $ tout ça. »

Un petit soupir franchit la barrière de mes lèvres.

« Je le sais. Il n'y a aucun doute sur ça, j'en suis parfaitement consciente. Pourtant, je me dis qu'on peut y arriver. Qu'on va y arriver. J'y crois dur comme fer. »

Il acquise à mes paroles et je saisis ce moment pour m'éclipser. Cette conversation bien qu'elle soit d'une bienveillance infinie m'a tordu les entrailles faisant remonter mes doutes sordides à la surface. Je les vois les milliers de filles aux concerts. Je les vois attendre patiemment une seconde d'attention de Ken sur elles. Mais je vois aussi comment il est impliqué dans ce qu'il fait. Je suis entièrement admirative de son travail et de comment il a réussi à se faire une place dans le rap français. Cependant, même si je l'aime de tout mon cœur, même si je lui fais confiance comme une dingue, je ne peux bannir cette peur qui est quand même bien présente au fond de moi. Néanmoins, mon regard s'accroche à ses prunelles brunes et toutes mes pensées s'envolent. Profiter, et vivre l'instant présent.

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Nekfeu en japonaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant