Nekfeu en japonais

51.

Vendredi 23 mai 2016,

14h07.

Trahison, nom féminin : Déloyauté, coup de poignard dans le dos, infidélité. Action de trahir, de tromper quelqu'un et sa confiance par des paroles ou un acte.

Clara devient amie avec l'ex de Ken, Sarah. Déloyauté.

Clara s'allie avec Arthur, mon ex, et Sarah dans un trafic de drogue. Coup de poignard dans le dos.

Arthur m'a trompé quand nous étions ensemble. Infidélité.

Ken m'a promis d'être toujours là mais n'est pas venu à l'audience. Confiance perdue à cause d'un acte.

Hakim pose son bras sur mes épaules me faisant retourner à la réalité. Son regard est sombre presque terrifiant. Pourtant, quand ils posent ses yeux sur moi il se fait plus doux, plus fraternel.

« 6 heures de tribunal pour un enculé de première déclare-t-il.

-6 heures de tribunal à en apprendre toujours plus, toujours plus de coups bas. Continuais-je.

-6 heures de tribunal à vouloir arracher la tête de ce salaud.

-6 heures de tribunal à avoir faim.

-6 heures de tribunal à vouloir dormir devant des absurdités révélées.

-6 heures de tribunal à se demander s'il viendra ou s'il m'a vraiment abandonné terminais-je. »

Ses prunelles changent et deviennent compatissantes. Puis dures, malfaisantes.

« Si je vois cet enfoiré je lui arrache sa tête de mes propres mains ! »

Un soupir sans âme sort d'entre mes lèvres. Mi-homme mi-machine.

« Tu ne feras rien Haks. »

Il s'agite, sait que j'ai raison, mais souhaite exprimer sa colère.

« Non mais ce gros con ne vient pas alors qu'il t'avait promis ! Il ne vient pas alors qu'on était dans une putain d'audience pour faire accuser ton putain d'ex violent ! C'est quel genre de mec ? C'est mon pote ça ? Mon reuf ?! Quel connard ! »

Je le laisse jurer me perdant une nouvelle fois dans mes pensées. Finalement le coup de poignard ce n'est pas Clara qui se lance dans un trafic de drogue avec Arthur. Mais bien Ken et ses promesses non tenues.

« Dis Hakim. »

Je n'attends pas sa réponse et enchaîne.

« Tu peux me laisser pour cet après-midi ? »

Il grogne un je ne sais quoi puis fini par acquiescer. Il a peut-être compris que j'ai un besoin vital de me prendre le choc en pleine face, seule dans mon appartement accompagnée du silence. Une fois assise sur mon canapé je plonge dans l'Internet pour essayer de dégoter une solution miracle. J'en trouve une, dix étapes pour ne plus être triste. La première s'habiller avec des vêtements qu'on aime, qui nous font nous sentir bien. J'ôte mon jean et saute dans un jogging violet. Ensuite, manger ce qu'on veut. Je prépare donc une assiette de carottes râpées, de la glace menthe chocolat et je me sers un Coca Cola. Troisième étape : écouter une musique qui nous motive. La terre est ronde d'Orelsan en fond sonore je m'affaire au point suivant de mon rétablissement, soit, lister les points positifs qui s'accumulent dans ma vie. Un crayon, une feuille et une écriture ronde je m'applique à noter ce qui me rend heureuse. Mes amis, Paris, ma librairie, lire, danser, dormir, les carottes râpées, le Japon, Disney, la musique, marcher sans but, la lumière, la mer, les friperies, le soleil, un sourire, les fleurs, Converse, les nuages, Mario Kart, le ciel bleu, les étoiles... La cinquième étape consiste à faire une activité qui nous aidera à penser à autre chose. J'attrape un chapeau de paille, une paire de lunette de soleil et pars rejoindre la vie. J'enfourche un vélo et pédale. Je pédale pour sentir le vent sur mon épiderme. Je pédale pour me sentir libre. Je pédale pour trouver le bonheur. Les minutes s'écoulent. La nuit tombe. Le froid gèle mes bras. J'abandonne le moyen de transport et rejoins mon appartement. Seulement juste avant de passer la porte, mon téléphone vibre. Agacée je sors le cellulaire. Une notification me fait face. Un message d'un inconnu. Stressée j'ouvre en espérant que cela ne soit pas un virus. Ce n'en est pas un. Bien au contraire. Une colère sourde résonne en moi. Sur le point d'exploser j'enjambe les marches de l'escalier. Le cœur battant je pousse la porte et découvre celui que je ne veux ni voir ni entendre comme une coïncidence mal placée.