La fiancée et la mer (Fanfiction Violet Evergarden)

Chapitre 22 : Une journée en enfer

Bonjour à tous :) Voici le chapitre de la semaine et comme prévu il s'agit d'un intermède puisque c'est un flash-back du passé de nos héroïnes que je tenais absolument à raconter. Nous voici donc de retour à la guerre, avec le lot de détails pas très joyeux que ça implique. Bonne lecture !

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Are they themselves to blame, the misery, the pain?
Didn't we let go, allowed it, let it grow?
If we can't restrain the beast which dwells inside
It will find it's way somehow, somewhere in time
Will we remember all of the suffering
'Cause if we fail it will be in vain

"Solemn Hour", Within Temptation 

Une coulée de feu entra dans la gorge d'Amata tandis qu'elle se relevait, s'étant confondue avec le sol pour éviter le souffle de l'explosion. Sa baïonnette devait se trouver quelque part près d'elle. Le ciel au-dessus de la soldate était tourmenté, un crépuscule éternel transpercé de fulgurance volcaniques, les nuages incarnats du jugement dernier rassemblés à l'horizon. Des rideaux d'âcre fumée dissimulaient à ses yeux le reste du champ de bataille. Ses compagnes avaient dû se disperser suite à la déflagration, cependant elles demeuraient invisibles aux yeux de la jeune femme. Amata n'en conçut pourtant nulle inquiétude, sanglée comme elle l'était dans armure de rage flamboyante tandis que son sang lui paraissait par contraste glacé.

Il était là, quelque part. Elle savait, qu'il participait à cet affrontement, risquant sa vie pour montrer l'exemple à ses hommes. Quel courage de la part d'un haut dignitaire, vraiment ! Sauf que la mort aux froids yeux de jade s'en venait vers lui désormais et les vapeurs du champ de bataille n'offriraient en rien un rempart suffisant face à une telle menace. Autour d'elle gisaient des formes grotesques, corps d'hommes et de femmes allongés sur leurs derniers lits de sang et de boue, goûtant l'éternel repos au milieu du chaos. Ils n'étaient rien d'autre que des vases brisés incarnant l'abominable réalité de l'humaine fragilité, des cadavres lacérés dont un, le ventre ouvert, laissait entrevoir l'atroce nudité de ses viscères. « Nous sommes tous égaux dans la mort » songea simplement Amata en récupérant son arme.

Ce fut alors qu'elle entendit sa voix impérieuse, tonitruant comme un cor, appelant ses hommes à se rassembler autour de lui. Mais nul ne lui répondit car il s'était égaré comme elle dans le labyrinthe des brumes et aussi. Le bataillon de la mort avait également fait son œuvre et laissé un fleuve de cadavres dans son sillage. Amata se déplia alors et bondit sur ses pieds lestes, sans plus se soucier de rien d'autre.

Je vais enfin renaître.

Apparut alors le visage de celui qui lui avait tout pris, le cerveau derrière l'attentat du Grand Théâtre. Amata avait gravé chacun de ses traits dans sa mémoire. Ses cheveux, masse léonine d'acajou lustré, était plus longs que sur les photographies auxquelles elle avait eu accès. Pourtant, sa carrure conservait cette prestance héroïque, l'uniforme somptueux le grandissait et l'élevait au-dessus de ce bas carnage. Le profil se dévoila un instant et la soldate constata alors le visage noble, les yeux brillants d'intelligence. C'était lui, Klaswitz, qui ne serait jamais autre chose qu'un nom de famille.

Maman avec son visage brûlé. Papa sans ses pieds.

Amata leva alors le canon et l'ajusta comme le chien qu'il était, prête à l'abattre dans le dos car il n'y avait nulle place pour l'honneur céans. Quiconque s'obstinait à vouloir tuer proprement le payait de sa vie. Hélas Klaswitz avait eu le temps de la voir et tira aussitôt son pistolet. Qu'importait le reste, la danseuse pressa la gâchette tandis qu'il faisait de même. Les projectiles transpercèrent alors l'air, frôlant leurs uniformes, ne laissant que des déchirures derrière eux. La précipitation et la fumée les avaient conduits à se manquer tous les deux. Furieuse, et bien décidée à ne pas laisser cela se reproduire, Amata se prépara de nouveau à faire feu.