Chapitre 38 : La nuit du spectacle

43 4 53
                                    

Bonjour tout le monde, voici le chapitre 38. L'histoire approche de la fin car je sais désormais qu'elle sera terminée dans 5 chapitres environ. 

Bonne lecture !

-------

Les conversations allaient bon train. Le public huppé savourait cette effervescence, ayant oublié les privations de la guerre. Suspendue au firmament de sa loge, Onorata attendait le lever du rideau avec satisfaction. Tout avait été planifié avec soin jusqu'à la moindre petite broderie. Le triomphe était assuré. Elle s'alanguit dans son fauteuil, retrouver Amata ne serait plus qu'une question de temps.

Sa comparse et son fils attendaient à ses côtés. « Ensuite, il faudra que je m'occupe de ton secret », se promit Onorata. Les pensées de Tamar ne se détournaient jamais pleinement de son entrevue avec la fille. Cette dernière avait bien entendu préféré conclure l'accord avant de se débarrasser de son atout. Elle attendait ce moment avec une impatience douloureuse. S'imaginer les flammes dévorant ces photographies la traversait d'un bouleversant frisson. Ce serait une renaissance, la purification par le feu. Une fois ceci fait, la fille ne pourrait plus rien contre elle et retournerait à sa vie d'avant. Tamar, elle, serait libre, enfin.

Le rideau se leva.

*

Le calme du soir était descendu sur l'hôtel quand Amata arriva. L'employé au guichet comprit aussitôt de quoi il retournait. Les parents de la danseuse se seraient certes sentis outragés en la voyant jouer un tel rôle, mais la situation le requérait. « Et encore, je n'écope de la pire partie, Dietfried a dû porter une moustache, un haut de forme et des lunettes ». Elle étouffa un rire à cette pensée. De son côté, maquillage et perruque étaient de retour et elle avait allié l'élégance la plus affinée à un zeste de provocation déplacé chez une dame bien née. La jeune femme incarnait une courtisane, une de ces rouges lanternes à la voyante lueur. La suite se déroula dans la discrétion et le professionnalisme, il s'agissait d'un établissement réputé après tout. On lui indiqua ainsi la chambre du monsieur ayant demandé un « oreiller supplémentaire ».

-Me voilà, souffla Amata une fois entrée tandis que Dietfried se levait pour l'accueillir, ça a parfaitement fonctionné.

-Très bien, il lui tendit des gants et un masque de tissus, maintenant ne perdons pas de temps.

-Quel dommage que tu aies enlevé ta fausse moustache ! S'amusa la jeune femme.

Le marin secoua la tête, conscient que cet épisode demeurerait longtemps un sujet de plaisanterie. La chambre avait été réservée sous un faux nom et tous les deux s'étaient présentés déguisés. Rien ne permettrait de les lier directement à ce qui allait se produire. S'étant correctement équipés et délestés des artifices inutiles, les deux complices parcoururent les couloirs déserts. Tous deux agissaient instinctivement comme deux soldats infiltrant un territoire ennemi, couvrant mutuellement leurs arrières. L'épaisse moquette étouffait le bruit de leurs pas. Fort heureusement, le lieu était désert, ses occupants étant soit endormis, soit absents. La lumière des couloirs était par ailleurs parfois éteinte et la majorité du personnel devait se reposer.

Le trajet jusqu'à la chambre d'Onorata se déroula sans encombres. Cet étage ne paraissait principalement accueillir deux grandes suites. Le capitaine crocheta la serrure d'un geste leste et précis tandis qu'Amata demeurait vigilante. « C'est le genre de choses qu'il est utile de connaître si jamais tu te retrouve prisonnier quelque part ou que tu veux espionner tes ennemis » lui avait-il expliqué. Un grincement suivit, tous deux la poussèrent légèrement, glissant un regard dans l'interstice afin de vérifier que la pièce était bel et bien vide. Une fois cette précaution prise, ils s'y précipitèrent.

La fiancée et la mer (Fanfiction Violet Evergarden)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant