Chapitre 39 : L'embrasement

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Bonjour, bonjour ! Comment allez-vous ? Cette histoire se rapproche de la fin. 

Bonne lecture !

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Assise à sa table de travail, Onorata contemplait des listes de noms et de nombres parfaitement organisés. Sa robe traditionnelle au sévère col montant lui donnait l'allure d'une générale passant en revue ses troupes. La bascule s'était produite sans rémission, une mer de rancoeur la ballotait et des souillures écarlates traversaient parfois sa vision. Le spectre des jours anciens s'en lamentait d'horreur mais elle y demeurait sourde. La dame tiendrait sa promesse de ne pas sombrer seule en cas d'échec. Ses cibles étaient clairement identifiées, ses moyens acquis. Le détective privé était loin d'être scrupuleux et n'avait pas hésité, moyennant rétribution, à l'orienter vers des services plus radicaux. Peut-être sa réaction était-elle disproportionnée, Amata était entrée dans sa chambre, elle n'avait rien volé. Mais cet élément prouvait la redoutable rationalité de sa nièce. Cherchait-elle à la narguer, à lui montrer qu'elle pouvait l'atteindre n'importe où ? Cette perspective éveillait en elle une fureur de lionne.

Tamar était une autre épine dans son flanc. Après avoir soudoyé un groom, celui-ci c'était montré très prolixe et avait confié que sa comparse avait reçu la visite de « Monsieur et madame Bougainvillea ». Cette dernière était d'après ses dires une jeune femme d'environ vingt ans, présentant une ressemblance frappante physique avec Tamar. « C'est étonnant, elle ne m'a jamais dit avoir des liens avec cette famille. Est-ce que cette fille et une de ses lointaines proches ? Une enfant née d'une erreur de jeunesse ?. Eh bien mon auguste dame vertueuse, tu dois en effet me cacher de nombreuses choses à me cacher... ».

L'idée de faire chanter son ancienne alliée pour obtenir son aide la traversa, Onorata la rejeta cependant bien vite. Tamar serait la première à l'abandonner si elle voyait que le bateau prenait l'eau. Or, la politicienne possédait des preuves imparables du méfait d'Onorata. Et si Amata remontait jusqu'à elle, si elle la convainquait de l'abandonner ? La femme anticipait la réaction de sa comparse en sachant qu'elle aurait agi de même : se débarrasser de l'alliée devenue encombrante, de ce poids lourd qui la tirait vers le fond. Il fallait donc la poignarder avant qu'elle n'ait l'occasion de le faire.

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-Qu'est-ce donc ? Tamar contempla froidement le large coffre de bois que venaient de lui amener les deux hommes.

Ces derniers ne lui inspiraient pas véritablement confiance. Ils étaient vêtus proprement, d'une manière seyant aux employés d'une maison prestigieuse. Pour autant, leurs manières étaient affectées, ils paraissaient pressés d'en finir.

-C'est un cadeau de madame Jenkins, expliqua l'un d'eux, elle souhaite vous faire un don pour vous encourager pour vos actions.

Un gage de reconnaissance ? Tamar ne s'attendait pas à cela de la part de cette riche veuve rencontrée pendant son séjour. Il était bon de savoir que cette dernière avait accepté de se rallier à sa cause. Pour autant, ce présent paraissait suspect. Que recelait cette boîte suffisamment grande pour y dissimuler une personne ?

-Madame nous a dit de ne pas l'ouvrir, pourriez-vous le faire vous même ? Questionna l'un d'entre eux.

-Certes, mais pourquoi ne me laissez vous pas ? Rétorqua-t-elle, la tête froidement relevée, vous avez fait votre travail et je suis lasse, ne m'importunez pas plus longtemps.

-Sauf votre respect madame, la réponse la contraria un peu plus, madame Jenkins souhaite s'assurer que son présent vous plait et nous a dit de le rapporter s'il ne vous donnait pas satisfaction.

-Ouvrez-le et je regarderai, ensuite vous pourrez partir, coupa Tamar.

Juguler son agacement lui demanda un effort. La fille risquait d'arriver d'une minute à l'autre avec les photographies, ces deux énergumènes devaient déguerpir en vitesse. Sur un signe de tête de son comparse, le premier homme souleva le couvercle. La femme s'approcha d'un air circonspect, croyant entrevoir un chatoiement de tissus. Elle leva le bras mais une poigne de fer se referma sur son poignet. Tamar ficha ses pieds au sol, se débattit de toutes ses forces mais une autre main la bâillonna. L'homme la maintint immobile, tordant son bras à l'extrême. Horrifiée, la femme vit son camarade fermer la porte de l'intérieur et fouiller dans l'intérieur de sa veste. Ce qu'il en tira lui glaça le sang... Une corde... Un bâillon... L'homme produisit alors un flacon et l'ouvrit. Tamar reconnut cette odeur d'impuissance et d'hôpital : du chloroforme. Ils allaient l'enlever et Mikhaïl était dans sa chambre...allaient-ils lui faire du mal ? Une vague de révolte traversa Tamar, l'instinct d'un animal acculé jouant son va-tout contre ses prédateurs. Ses dents s'enfoncèrent avec hargne dans le doigt qui cadenassait ses lèvres. Elle dévora les chairs et les tendons, cherchant l'os. Sa bouche s'emplit du sang de son agresseur tandis qu'elle goutait la rage de la survie. Un tremblement le parcourut tandis que l'étreinte se ramollissait. Les muscles de la dame se souvinrent des leçons prises autrefois. Elle le repoussa, tirant son poignet vers le sol, tandis qu'elle basculait dans le même temps la tête en arrière.

La fiancée et la mer (Fanfiction Violet Evergarden)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant