Bonjour tout le monde ! Voici le chapitre 15 de cette histoire. C'est un cap pour moi et je suis contente d'être arrivée jusqu'ici. De plus l'histoire n'en est même pas à sa moitié et j'ai encore beaucoup de choses à vous raconter. Bonne lecture !
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La première chose qu'Amata fit fut de prévenir le patron d'Iris, son amie ne pouvant que peu s'exprimer à cause de sa lèvre blessée. Celui donna bien entendu plusieurs jours de repos à son employée et confia à la danseuse qu'il aurait souhaité qu'Iris prenne un peu de temps pour elle après son retour de voyage. « Mais elle a refusé, évidemment, nota la brune, je la connais, butée comme elle est quelque chose devait la contrarier sans doute à cause de la guerre et elle a pas voulu rester seule chez elle avec ça. Et je ne peux que la comprendre, j'aurais fait pareil à sa place, s'avoua-t-elle ».
Cette confrontation avait drainé les forces d'Iris qui resta silencieusement assise sur le canapé, fixant les limbes de son esprit et y trouvant un paquet de nœuds attendant d'être dénoués. Amata resta à ses côtés et chanta pour elles deux d'une voix pure et calme comme une rivière au cours tranquille et ainsi les ombres du soir et les cauchemars capitulèrent-ils. La laideur ne pouvait que rendre les armes face à cette beauté que la douleur ne parvenait à ébrécher.
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Amata revint voir Iris le soir, sachant que sa compagnie était requise sans même que son amie n'en ait fait la demande. Sa logeuse pouvait bien penser qu'elle partait « faire des choses inappropriées », la jeune femme n'en avait cure. Aussi se trouvaient-elles toutes deux dans le salon, Iris assise sur le canapé, immobile tandis qu'Amata, sa jupe turquoise déployée autour d'elle, passait de l'eau fraîche sur la meurtrissure. Ses gestes délicats et attentifs témoignaient d'une tendresse presque maternelle.
-Eh bah, commenta-t-elle, il ne t'a pas loupée.
-Ne t'en fais pas, marmonna Iris qui essayait de bouger ses lèvres le moins possible, je lui ai rendu tous ses coups, c'est comme ça que je fonctionne, annonça-t-elle à la face du monde.
Puis, elle sombra de nouveau dans le silence, lune disparaissant derrière les nuages. Amata savait que son amie était de nouveau occupée à lutter avec ses ombres.
-J'ai entendu des rumeurs sur ce type, c'était un beau salaud à ce qu'il paraît, non ? Lança-t-elle afin de la faire parler, il buvait comme un trou et le reste. Il a eu ce qu'il méritait, et rien de plus.
-Ah ça c'est le moins qu'on puisse dire ! Pesta Iris, toujours dans sa tente avec sa gnôle, parfois capable d'éclairs de génie mais qui traitait ses soldats comme si s'étaient des pions. Je savais que je ne valais rien, je n'étais qu'une fille, une conscrite ramassée sur le tas,il fallait à tout prix que je me montre utile. Heureusement que des vétérans nous ont pris sur leur aile et ont veillé sur nous mais...J'avais peur, murmura-t-elle, d'être devenue ce qu'ils voulaient que je sois alors que je n'avais jamais voulu être là. Quand on m'a fait passer l'examen médical pour mon recrutement j'étais terrifiée...j'aurais préféré qu'on me diagnostique la tuberculose que de me déclarer apte au service. Mais au final, il se trouve que je n'ai pas sombré, elle glissa ses bras autour de ses genoux et y posa sa tête, c'est une consolation. Il faut que j'admette enfin que la guerre m'a changée et d'une manière qui ne me plait pas. J'ai vu les pires aspects de moi-même, confessa-t-elle, je pourrais demander pardon, sangloter et dire que je ne tuerai plus personne mais c'est faux. Je le referais si ça pouvait me protéger moi ou des proches. Parce que je sais maintenant qui je suis, affirma-t-elle d'une voix grave et sèche.
-Dis-moi, Amata la fixa de son regard sage et profond, l'incitant d'une voix caressante, ce qui t'a effrayée tout ce temps.
-L'ombre de la guerre, chuchota doucement Iris comme craignant de réveiller un monstre, que je fuyais en espérant la semer. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que l'ombre de la guerre c'était moi. Que j'étais aussi une étrangère pour moi même. Ce voyage m'a fait comprendre que je ne pouvais pas fuir cette transformation, brûler mon uniforme n'a pas suffit à tout faire disparaître. J'ai toujours peur aussi de ne pas être assez forte car chaque jour il me faut affronter cette détresse qui ronge...
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La fiancée et la mer (Fanfiction Violet Evergarden)
Hayran KurguAu gré de ses missions, Violet fait la connaissance de deux jeunes femmes qui ont elles aussi une histoire à raconter. Iris et Amata sont venues à Leiden pour tenter de reconstruire leurs existences en ruines. Tandis que la routine s'installe, chacu...