Stand up
You've got to manage
I won't sympathize
AnymoreAnd if you complain once more
You'll meet an army of meBjörk, « Army of me »
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-Qu'est-ce qui ne va pas Iris ? La questionna doucement Gilbert, vous êtes angoissée par rapport à votre voyage ? Ou alors à votre destination ?
-Non, elle secoua la tête, il n'y a rien de grave, je me déplace simplement pour le travail.
-Êtes-vous une poupée de souvenirs automatiques ? S'enquit-il avec curiosité.
Si ce n'était pas le cas, Iris devait néanmoins être une jeune femme travailleuse et indépendante. Ses vêtements qui, il dut l'admettre, étaient très seyants sur elle, renforçaient d'ailleurs cette impression de liberté d'esprit. En outre, elle s'exprimait bien et avait l'air d'être cultivée. Cependant, il s'interrogea un instant sur son origine car un résidu d'accent surgissait parfois un détour de ses paroles.
-C'est un beau métier, j'ai d'ailleurs une jeune amie qui l'exerce, mais il n'est pas fait pour moi. Non, je suis simplement l'assistante d'un antiquaire et je rentre à Leiden après avoir fait une course pour mon patron. Mais... ce qui me rend triste n'est pas lié à mon voyage ou à mon travail. Tout vient de moi, avoua-t-elle alors, prenant dans le temps conscience de cela, de la façon dont je vois le monde.
Bouleversé, il ne put que poser de nouveau sa main sur la sienne, car elle venait avec ces mots de nommer le mal qui lui rongeait également le cœur.
*
L'heure du déjeuner vint et la femme entra en portant seulement deux assiettes contenant, d'après l'odeur, de la viande et des légumes.
-Je vous prie de m'excuser mais je ne mangerai pas avec vous, j'ai très mal à la tête et je n'ai pas d'appétit, feignit-elle.
Iris se retint de pousser un soupir de soulagement avant de comprendre que tout cela devait dissimuler quelque chose. Une vague d'indignation monta aussitôt en elle lorsqu'elle vit leur hôtesse servir Gilbert avec un sourire en coin, lui adressant un regard entendu. La viande dans le plat du soldat était intacte et il ne parviendrait pas à la couper seul. La maîtresse des lieux recula, glissant sur les dalles en un mouvement de reptation, les yeux rivés à lui, sa posture ne trahissant aucune gêne, juste une jubilation dissimulée.
Le major sentit malgré lui sa gorge se nouer, le dégoût grouillait en lui comme une chose noire et immonde. Voilà ce qu'il était devenu : une loque si aisée à railler. Il comprit que la femme attendait qu'il la prie de le faire pour pouvoir alors le rabaisser en lui offrant cette faveur. L'idée de prétendre n'avoir rien vu et de demander à Iris une fois qu'elle aurait le dos tourné lui traversa l'esprit. Bien entendu, la voyageuse n'avait rien perdu de la scène. Être ainsi humilié devant elle entre tous lui fit l'effet d'une gifle, bien Gilbert ignorât encore véritablement pourquoi. Le soldat avait affronté des situations bien plus effrayantes que cette femme et se refusait à lui céder.
-Vous n'avez pas coupé la viande, constata-t-il simplement de son ton le plus froid et impérieux, le regard tranchant comme une lame.
-Eh bien, éluda la femme, il se trouve que j'ai oublié, comme je vous l'ai dit je me trouve bien mal aujourd'hui. Mais bien sûr, je vais le faire, après tout vous ne pouvez bien entendu pas vous en charger ...
Cette dernière pique sournoise convainquit Iris de ne pas rester une spectatrice silencieuse de cette scène qui la révoltait. Elle se souvenait combien Amata avait souffert de voir son amie couper méthodiquement la nourriture pour elle. «ça et toutes ces négociations au début pour réussir à la convaincre de manger... et la fois où il a fallu la nourrir de force», Elle chassa le désarroi et serra les poings, rassemblant tout son courage.
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La fiancée et la mer (Fanfiction Violet Evergarden)
FanficAu gré de ses missions, Violet fait la connaissance de deux jeunes femmes qui ont elles aussi une histoire à raconter. Iris et Amata sont venues à Leiden pour tenter de reconstruire leurs existences en ruines. Tandis que la routine s'installe, chacu...