Chapitre 32 : Intrigues et faux semblants

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Bonjour à tous, dans ce chapitre vous ferez la connaissance de deux nouveaux personnages qui vont emmener leur lot de complications...

Bonne lecture ;)

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Onorata trouva Tamar assise sur un banc au détour d'une allée, contemplant son reflet dans l'eau figée de la fontaine. Sa robe noire taillée selon le modèle traditionnel, ornée de discrètes dorures à la poitrine et au bas des manches, était une tache d'encre sur la pureté du lieu. Drapée dans un somptueux manteau de fourrure blanche, la femme avait l'air hiératique d'une reine des anciens temps. Elle n'exhibait cependant que peu de parures, juste des perles laiteuses à ses oreilles et une épingle ornée d'une écaille de tortue dans son chignon patricien. Son charisme faisait le reste. Sa beauté était froide, distante, pareille à celle de l'astre régnant sur les nuits. Comme la lune, Tamar surplombait le monde, solitaire et intouchable.

La voyant approcher, cette dernière se leva avec nonchalance, s'avançant sans se presser vers elle, maîtresse en son domaine.

-Onorata, très chère, salua-t-elle avec une douce inclinaison de la tête, je suis heureuse de vous revoir.

-Moi de même ma chère, vous m'avez l'air en bonne santé et j'espère que c'est également le cas de vos fils, les lèvres carmines d'Onorata s'entrouvrirent, laissant couler les politesses sucrées.

Quelques brefs échanges suivirent alors selon ce même rituel protocolaire.

-Marchons un peu, suggéra son hôtesse, nous serons plus tranquilles...

« Oui, songea Onorata avec un signe de tête entendu, plus tranquilles pour parler affaires comme il se doit ».

-Mes jeunes protégés sont parfaitement au point, affirma-t-elle, ils pourront se produire lors de cette petite fête privée que nous donnerons une fois que nous serons à Leiden.

-C'est parfait, Tamar inclina doucement la tête, je me demande ce que je ferais sans vous Onorata.

« Tu te serais trouvé une autre partenaire d'intrigues, je n'en doute pas. Mais nous sommes de toute façon liées par nos combines et devons donc nous supporter ».

-Disons que je suis consciente de l'importance de ce voyage pour votre campagne, assura cette dernière.

« Et en conséquences pour moi aussi, j'espère qu'une fois que tu seras députée tu n'oublieras pas ce que j'ai fait pour toi. Les artistes que j'ai trouvés pour faire des affiches, la manière dont je t'ai offert des soutiens dans les vieilles familles, dont j'ai convaincu d'éminentes revues culturelles de parler de toi et dont j'ai financé ta campagne avec les héritages que j'ai récupérés...Parce que tu en connais malgré tout du monde, Tamar, même si tu as pendant longtemps joué à la mère modèle à l'épouse effacée, à celle qui sortait peu car elle n'était pas sociable. Oh je sais, c'était en vérité pour ne pas te mettre sous les feux de la rampe. J'ai bien compris bien que c'est toi qui guidait ton mari lorsque celui-ci était ministre, en tirant les ficelles derrière le rideau ».

A moins que son associée ne se débarrasse d'elle une fois la mandature désirée obtenue. Mais cela n'arriverait jamais car Onorata avait de nombreux atouts dans sa poche.

-Oui en effet, même les divertissements, notamment cet opéra auquel nous nous rendront le premier soir, serviront notre but, énonça Tamar en agitant ses doigts gantés, notre pays a durement souffert de la guerre et il ne lui sied pas de rester isolé du concert des nations. Posséder d'influents soutiens à l'étranger pourra-t-être un atout de poids quand je serais élue et un moyen pour moi de me démarquer face à mes adversaires politiques, tout comme ce sera l'occasion d'observer concrètement ce qui fait la réussite de cette contrée.

La fiancée et la mer (Fanfiction Violet Evergarden)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant