Chapitre 25

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Il n'a pas à s'en vouloir de ne m'avoir rien dit. Ce n'est pas de sa faute. Depuis hier soir, je lui répète que c'est normal, qu'il faut qu'il les voie et que moi aussi ça va m'arriver un jour. Ses pleures résonnent dans mes oreilles depuis que je suis allée me coucher. Je ne comprends pas pourquoi il pleure autant pour quelque chose d'aussi peut-grave. Il va revenir, il n'y a pas mort d'homme. Il est quatre heures du matin et je n'arrive pas à dormir. J'entends ma porte s'ouvrir doucement quand soudain je vois Ethan.

-Je peux venir?

-Oui, bien sûre.

-Toi non plus tu n'arrives pas à dormir?

-Pas vraiment...

-Pourquoi?

-Par rapport à ce que tu m'as dit tout à l'heure.

-Pareil.

-...

-D'ailleurs, je suis désolée d'avoir pleuré autant, ce n'était peut-être pas approprié à la situation. C'est vrai qu'il n'y a rien de grave mais ça me fait toujours un pincement au cœur quand je sors de cette maison pour les vacances. J'ai passé plus de temps ici que chez moi. Mes parents ne me manquent pas vraiment...

-D'ailleurs, pourquoi tu es ici? Je veux dire,... pourquoi tes parents t'ont mis ici? Si ça ne te dérange pas de me le dire.

-En fait, mon père est toujours en voyage d'affaires et ma mère est hôtesse de l'air. Ils ne voulaient pas avoir d'enfants et un jour ma mère est tombée par accident enceinte de moi. Elle s'en est rendue compte au bout de quatre mois. Elle a fait un dénis de grossesse. Et me voilà. Ils m'ont montré que je n'étais pas désiré pendant très longtemps. J'ai été envoyé dans des familles d'accueil aux quatre coins de la France jusqu'à ce que j'atterrisse ici. Je ne suis jamais resté aussi longtemps dans la même famille d'accueil. Mais Anne et Jean étaient tellement gentils et quand les enfants sont arrivés, je m'en suis occupé comme si c'était mes frères et sœurs. Et ça fonctionne encore avec toi aujourd'hui, la preuve, je ne veux pas vous quitter. Ni eux, ni toi, ni personne.

-Je suis désolée,... Pour le fait que tu n'étais pas désiré par tes parents. Mais sache que tu l'es pour nous.

-Merci, j'avais besoin de l'entendre...

Il me serre dans ses bras et s'allonge à côté de moi dans mon lit. N'arrivant toujours pas à dormir, je prends mon téléphone. J'ai reçu un message de ma mère qui m'envoie la date de mon départ. Je la remercie et lui demande quand est-ce que je pourrai en parler à mes amis. A mon grand étonnement, elle me répond tout de suite et m'autorise à le faire s'ils restent dans la confidence jusqu'à ce que je serais dévoilée. Je repose mon téléphone et me mets sur le dos en fixant le plafond. Ethan a trouvé le sommeil contrairement à moi qui vais devoir affronter ses ronflements inhumains. Je rigole intérieurement de ses ronflements. J'arrive ensuite enfin à m'endormir.

Ce matin, se déroule comme tous les autres. Je me lève à la même heure, même petit déjeuner, même maquillage, même coiffure, même façon de m'habiller, même horaire pour partir prendre le bus. Mais cette journée s'annonce être différente des autres journées que nous avons pu passer. Personne ne s'attend à ce que je vais leur dire. J'ai besoin d'en parler. J'ai l'impression de mentir à tout le monde chaque jour. J'ai besoin qu'ils soient au courant.

Nous sommes au lycée. Les cours de la matinée se déroulent normalement. Comme d'habitude. A la première pause de la matinée, Noé vient prendre ma main et m'emmène près des escaliers au fond de la cour. Cet endroit où personne ne peut te voir. Il a l'air un peu gêné. Il se gratte derrière la tête, agite ses mains, n'arrive pas vraiment à rester en place, bouge ses bras sans arrêt, rougis,... Je décide de lui saisir ses avant-bras et de le regarder dans les yeux en lui souriant pour le rassurer.

-Pourquoi tu stress autant?

-Il faut que je te dise quelque chose.

-D'accord, tu as l'air sérieux, il y un problème?

-Non, c'est juste que,...

Il baissa la tête en replaçant ses cheveux bruns qui partaient trop en avant. Il releva la tête et n'arrivait pas à me regarder dans les yeux.

-Juste que quoi?

-Je, .... en fait.... en gros.... mais... ça a commencé quand,....

-Oui?

-Laisse tomber.

Et il repart en me laissant là où il m'avait emmené. Je me sens un peu vide à ce moment-là. Quand soudain je sens une montée d'adrénaline s'emparer de moi. Je ne sais pas pourquoi. Je tends le bras pour attraper Noé du bout de sa main en l'attirant vers moi. Il me regarde un peu interrogateur. Je passe alors ma main dans ses cheveux, puis la glisse sur sa joue. Ensuite, d'un seul coup, je me retrouve plaquée contre lui par sa main. Ses cheveux se mêlent aux miens. Ses yeux émeraude n'ont jamais été aussi prêts des miens. Son nez vient à se coller contre le mien. Son autre main vient se loger entre ma joue et mon cou. Je peux presque entendre son rythme cardiaque qui a l'air de battre aussi fort que le mien. Je me sens rougir, comme lui d'ailleurs. Je ne sais pas si c'est du malaise ou autre chose qui règne entre nous à ce moment-là, mais ce que je peux affirmer, c'est que cette sensation est extraordinaire. Il rapproche de plus en plus sa tête de la mienne. Ses yeux se ferment. Les miens aussi. Il me serre de plus en plus fort contre lui. Moi aussi. Son parfum vient s'emparer de mon nez pour qu'ensuite ses lèvres viennent se mêler aux miennes. Je n'ai jamais ressenti une chose aussi forte de toute ma vie. Nous continuons à nous embrasser jusqu'à ce que la cloche sonne. Nous nous relâchons doucement en laissant nos fronts collés l'un à l'autre. J'ouvre mes yeux en constatant sur son visage le plus beau des sourires. Il me serre une nouvelle fois dans ses bras avant qu'on se dirige en cours.

Ambre, reine d'Espagne ou presque...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant