Il m'énerve, j'y peux rien !

Smirnov A Touché Au But

   Lors de la pause du déjeuner, Steve trouva une table à laquelle il s'installa avec Natasha, en attendant Bucky. Celui-ci arriva quelques minutes plus tard, alors que ses deux camarades étaient en pleine conversation. Le brun s'approcha lentement, et vit que Natasha papillonnait des yeux auprès de Steve. Il décida tout de même de s'asseoir à la leur table, en faisant un maximum de bruit, évidemment.

- Buck ! Tranquille ta matinée ? demanda Steve.
- Ça va comme sur des roulettes. Salut Natasha, ça faisait longtemps.
- Salut James.
- Non, appelle moi Bucky. Je dois dire que tu as l'air rayonnante. Au fait, ajouta-t-il en commençant à manger, ta chemise te va bien. T'en penses quoi, Steve ?
- Moi ? Hé bien, je suis certainement pas un expert de la mode, mais c'est vrai que ça te va bien. Mais de toutes façons, tu es toujours élégante, je trouve.
   Natasha parut flattée. Elle remercia Steve d'un ton faussement gêné, tandis que Bucky le gratifiait d'un clin d'œil. Le blond fronça légèrement les sourcils à la vue de celui-ci, ne comprenant pas le sous-entendu.

   La conversation se poursuivit entre les trois amis, la rousse émettant un rire niais de temps à autre, pour appuyer certains propos de Steve. Lorsqu'elle s'en alla, les deux garçons restèrent attablés pendant quelques minutes et Bucky s'approcha de Steve.
- Alors comme ça, Stevie se fait draguer par Natasha ?
- Hein ? Quoi ? Mais non, on est juste amis. Tu inventes toujours toutes sortes de choses Buck'.

   Bucky, avec une moue rieuse, répliqua :
- Non, à ce point là, c'est toi qui est aveugle, mec. 'Oh Steve ! Hihi hihi ! Tu es si drôle Steve ! Regarde comme je me suis faite jolie pour toi Stevinoucheeeeet !'
- N'importe quoi... Et même si c'était le cas, je suis pas intéressé.
- Pardon ? On parle de Romanoff là ! La fille la plus belle du lycée !
- Oui, elle est jolie, dit Steve. Mais non.
- Hé mais t'as un problème, mec, renchérit le brun.

   Steve leva les yeux au ciel, puis sortit de la cantine, talonné par son ami. Il remarqua au passage que Stark n'était plus attablé avec ses camarades.

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   Natasha rejoignit son casier en vitesse, puis l'ouvrit. Elle y récupéra ses affaires pour l'après-midi, et but une gorgée de vodka, la fiole étant bien cachée derrière ses cahiers. Avant qu'elle ne puisse la refermer correctement, la porte de son casier claqua violemment, ce qui ne lui arracha pas le moindre sursaut. De sa mine paisible, elle fixa un Tony furieux, appuyé contre les casiers rouges.

- À quoi tu joues, Romanoff ? lança-t-il.
   La rousse lui sourit.
- De quoi tu parles, Tony ?
- Fais pas semblant, Smirnov. T'arrives au lycée maquillée comme une voiture volée, habillée comme une... (il se retint), tout ça pour faire du gringue à Rogers alors que t'as aucun sentiment pour lui ? Ça te ressemble pas vraiment. En plus, y'avait pas un truc avec Barton ?

   Natasha sourit de plus belle, une lueur de malice s'alluma dans son regard.
- Ça faisait longtemps que tu m'avais pas appelée Smirnov. Et, pour ta gouverne, sache que toute cette mise en scène était un test. Et toi, Anthony Stark, tu l'as réussi à merveille ! Enfin, tout dépend de quel côté on se place...

   Tony resta abasourdi quelques secondes.
- Que... Quoi ? Un test ? Comment ça ? C'est quoi ces conneries ?
- Tu m'as l'air un peu attardé, pour un génie. Faut vraiment tout te mettre sous les yeux...
   Elle soupira.
- Ça fait combien de temps ? demanda la jeune fille.
- Combien de temps que quoi ? s'énerva Tony.
- Ça fait combien de temps que tu l'aimes ?

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   Le cœur de Tony rata un battement, sa respiration se saccada, il devint livide. Il se laissa glisser le long des casiers, pour se retrouver assis sur le sol froid, pantelant.

- Je... commença Tony. J'aime pas Rogers, tu délires, Nat...
- Eh bien vu ta réaction, dit-elle en s'asseyant à côté de lui, je dois te soutenir le contraire.

  Tony essaya de reprendre son souffle. Natasha insista.
- Combien de temps ?
   Tony ne répondit pas.
- Regarde moi. Combien ?
   Le brun, à la limite de l'évanouissement, bégaya :
- Je... Je sais pas, deux ans peut-être, ou un peu moins...
- Si longtemps ? s'étonna la rousse
   Stark préféra ne pas renchérir. Elle continua alors.
- C'est pour ça que tu t'acharnes toujours sur lui... Y'a vraiment d'autres manières de témoigner de l'affection, tu sais.
- Mais je les connais pas.
   Sa voix se brisa, et des larmes perlèrent sur ses joues.
- Nat, je voulais pas, Nat, tu sais... Je voulais pas l'aimer lui... Je... Je sais plus où j'en suis Nat... Il me fait chier en plus ! C'est un petit con débile qui a toujours l'air trop parfait !
  
   Nat prit le visage de son ami dans ses mains et lui dit d'une voix douce et assurée :
- Tony. Ça va. Le plus dur est passé, maintenant, tu te l'es avoué à toi même et tu l'as dit à quelqu'un.
- Est-ce que ça veut dire que je suis gay ?
- Je ne sais pas. Tu as déjà aimé une fille avant ?
   Tony réfléchit.
- Non, je crois pas. Enfin, il y a eu Pepper, mais je crois que j'étais seulement très attaché à elle.
- Et un garçon ?
- Non, dit-il catégoriquement.
- Alors, dit la rousse, c'est à toi de décider.

   Tony se redressa, essuya ses joues et commença :
- Mais Nat, si je suis gay, mon père, il...
- Non, Tony. Ne pense pas à ton père. Pense seulement à toi. Et pense à Steve.

   Le brun ferma les yeux et inspira profondément. Il se releva et aida son amie à en faire de même. Ils s'enlacèrent pendant quelques instants, quand Steve apparut dans le couloir. Il se stoppa net en les voyant ainsi étreints et amorça rapidement un retour sur ses pas, lorsque Tony releva la tête.
- Steve ?

   Le concerné se retourna, en même temps que Natasha.
- Je suis désolé, je... Je savais pas... Je voulais pas vous... Interrompre, dit-il avec difficulté, les joues écarlates.
   La jeune fille sourit.
- Non, reste là, Steve. Tu n'interromps rien, nous avions terminé. Il faut que j'y aille, je dois retrouver Clint. Essayez de ne pas vous entretuer.

   Steve s'avança alors vers Tony. En pointant du doigt tour à tour la direction par laquelle la rousse était partie et son camarade, Steve demanda :
- Vous... Vous êtes... Ensemble ?
   Tony laissa échapper un grand sourire.
- Non, non. Certainement pas. Elle est trop flippante cette fille.
   Steve rit doucement.
- Ouais, c'est vrai qu'elle est un peu étrange des fois... Mais elle a un très grand cœur.
   Tony déglutit.
- T'as raison, Rogers. T'as raison.
   Il marqua une pause, puis ajouta :
- Tu voulais quelque chose ? Qu'est-ce que tu fais là ?

   Le blond remarqua l'étonnante douceur avec laquelle Stark s'était adressé à lui.
- Ben... De base, je venais chercher mon sac, mais d'abord, dis-moi, qu'a-t-on fait du grand Anthony Stark ?
- Il est parti, répondit le génie. Sur les conseils d'un ami. Maintenant, il y a juste moi.
- Un ami, tu dis ?

   Tony hocha la tête.
- Oui, c'est ce que j'ai dit je crois. C'est une personne de confiance, d'après moi. Tu sais comment il s'appelle ? Steven Grant Rogers.
   Steve sourit.
- Alors, tu connais mon deuxième prénom aussi.
- C'est bien possible.

   Ils se regardèrent pendant quelques secondes, interminables.
- Tony, tu as pleuré ? s'enquit le blond.
   Le susnommé détourna la tête.
- Non, c'est... C'est rien.
- Vous parliez de quoi avec Nat ?

   Tony se lança alors avec honnêteté, ne sachant pas vraiment quoi inventer.
- Steve, je... Je crois que je suis gay.
- Quoi ?

Bon ok, je suis un peu sadique de couper comme ça, mais ça entretient un peu le suspense ! ;)
Au fait, "Smirnov", pour ceux qui ont capté, est une référence à la saison 3 de Stranger Things. Allez, à la prochaine !