Embrasse-Moi

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   Quand tout le groupe vit Tony revenir, ils se levèrent promptement et formèrent un cercle autour de lui. Il essuya rapidement ses joues rouges et s'adressa à son auditoire.
- Steve va bien.
   Des soupirs de soulagement.
- Il s'est endormi... Il pourra sortir demain matin.
   La nouvelle fut accueillie de sourires et d'embrassades entre tous. Tony enlaça même Bucky, tant le soulagement était grand dans leurs cœurs. Après diverses conversations légères, chacun rentra chez lui. Tony demanda à sa mère de passer chez Steve, pour éteindre les lumières éventuellement laissées allumées, ranger les affaires qui traînaient et fermer l'appartement à clé.

   Lorsqu'ils pénètrèrent dans le logement, la lumière était bel et bien restée allumée, la télé était toujours en marche et les assiettes étaient posées sur la table. Tony éteignit la télévision, rangea les couverts, ferma les volets de la chambre. Il s'assit sur le lit défait, puis s'allongea à l'emplacement où Steve dormait habituellement. Il engouffra sa tête dans l'oreiller et respira l'odeur de son compagnon absent. En passant ses mains sous l'édredon, il sentit un tissu, qu'il tira. Il découvrit un vieux t-shirt à moitié décoloré qu'il avait laissé dans l'appartement. Il sourit en pensant que Steve, lorsqu'il dormait seul, gardait un de ses t-shirts près de lui. La voix de sa mère le tira de ses pensées

- Tony, il faut qu'on rentre...
   Il se leva précipitamment du lit, attrapa les clés sur la porte, puis sortit en fermant à clé.

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   Le trajet en voiture fut terriblement silencieux. Maria dit simplement :
- Tu n'iras pas en cours demain. On ira chercher Steve à la première heure.
   Tony, reconnaissant, acquiesça silencieusement.

   À peine rentré, il s'enferma dans sa chambre et se jeta sur son lit. Il avait besoin d'être seul. Non, c'était faux. Il avait besoin d'être avec Steve. Mais la meilleure alternative à son absence était encore de rester seul. Il enfila un maillot qui appartenait à son petit ami puis se terra sous les couvertures. Il s'endormit presque aussitôt, son écrasante fatigue l'emportant sur son inquiétude.

   Le jeune Stark n'eut pas besoin de réveil pour se lever dès six heures trente le lendemain. Il trouva sa mère dans la cuisine, préparant le petit-déjeuner. Tous deux mangèrent peu, s'habillèrent et se dirigèrent en voiture vers l'hôpital. Maria et Tony tournaient en rond dans la salle d'attente comme des aliénés quand, vers sept heures et demie, un jeune homme, grand, blond, apparut dans le couloir, accompagné d'une infirmière. Il la suivit dans la pièce, remplit rapidement quelques papiers, puis parcourut le hall du regard, comme s'il cherchait quelqu'un.

   Soudain, il le vit. Tony s'avançait doucement vers lui, sous le choc. Il posa une main sur son épaule, et Steve le prit finalement dans ses bras.
- Tu m'as fait peur, Steve...
- Je sais, je suis désolé...
   Tony plongea dans ses yeux bleus.
- Enfin, c'est pas ta faute...
   Maria s'approcha et serra Steve dans ses bras.
- Oh, mon garçon... Tu nous as fait une peur bleue à tous.
   Le blond eut une moue interrogatrice.
- À tous ? Comment ça ?
- Tout le monde est venu ici hier soir, répondit Tony. Natasha, Clint, Bruce, Thor, Bucky et Sam.
   Il afficha une expression clairement étonnée.
- Vraiment ? C'est... Gentil.
- Il faut bien qu'on te rende la pareille des fois, tu penses pas ? demanda Tony avec un sourire.
   Steve se contenta de rougir légèrement, souriant.
- Tu veux venir à la maison en attendant de guérir ? demanda la blonde d'un ton maternel.
- Non, merci Maria. Premièrement, je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité, et en plus, je suis parfaitement autonome. Je dois seulement éviter les gestes brusques et faire régulièrement halte ici pour contrôler la blessure.
- Ça te fait mal ? interrogea le brun.
- Non, ça va.

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- Montre moi, Steve.
   Le blond, à contrecœur, souleva son pull sur la plaie pansée. Tony grimaça. Il fixa Steve pendant quelques secondes et posa sa main sur sa joue.
- Tu as vu qui a pu faire ça ?
- Non, Tony, je n'ai rien vu. Il avait une cagoule.
- Pfff... Si tu savais combien j'ai envie de tuer celui qui a fait ça !
   Le visage de Steve s'assombrit. Il attrapa fermement la tête du brun.
- Arrête. Ne dis plus jamais ça. Ça ne nécessite pas de se venger.
   Tony se dégagea de ses mains.
- Quoi ? Mais putain, Steve ! On t'a poignardé ! Il faut faire quelque chose !
- Se venger n'est pas la solution...
- Ça veut dire que tu veux rien faire ? T'es qu'un lâche !
 
   Le blond haussa les sourcils, surpris.
- Je suis quoi ?
   Tony le fixait, mi-horrifié, mi-furieux.
- Steve... Je... C'est pas ce que je voulais dire...
- Mais c'est ce que tu as dit.
- Je me suis emporté... Excuse moi. J'étais tellement en colère, si tu savais. Quand je t'ai vu, sur ce lit... J'aurais pu tuer, Steve. Ne me dis pas de ne pas dire ça, ajouta-t-il quand le blond tourna la tête.

   Il s'approcha de Steve, qui était assis sur une chaise près de la table. Il s'accroupit devant lui.
- Steve... Je t'aime tellement. Et je... me sens terriblement impuissant face à ce qui est en train de se passer. En plus, ma mère m'avait dit de ne pas venir. Si je n'étais pas venu, tu n'aurais pas...
- Ah non, le coupa-t-il. Ne recommence pas. Tu peux pas te flageller pour tout ce qui arrive autour de toi, Tony.
- C'est toi qui dit ça ? "Oh, je suis désolé, tellement désolé... C'est ma faute, désolé, pardon"... Tu fais exactement la même chose, Steve.

   Le blond soupira.
- Qu'est-ce que tu veux, au fond ? Tu veux que je te dise que je vais traquer toutes les personnes que je vois dans la rue pour remonter à un malade ? Tu veux que je te dise que là, il y a tout juste dix minutes, quand ta mère t'a demandé si tu restais, tu aurais dû lui dire non ? Et bien devine quoi, Sherlock, je ne le dirai pas.
- Pourquoi tu ne le dis pas si c'est ce que tu penses ? s'énerva encore Tony.
- PARCE QUE JE NE LE PENSE PAS ET QUE JE T'AIME, ESPÈCE DE DÉGÉNÉRÉ SANGUINAIRE ET ÉGOCENTRIQUE !

   Le brun recula de quelques pas, surpris. Au bout de quelques secondes, il dit calmement :
- Alors tu m'aimes quand même ?
   Steve afficha une expression presque scandalisée.
- Mais bien sûr, Tony, qu'est-ce que que c'est que cette...
- Mais je suis un dégénéré sanguinaire et égocentrique.
- Oui, aussi.
- Je vois.

   Il se laissa tomber sur l'autre chaise.
- T'as pas tout à fait tort, reprit-il. Tu sais ce que j'aime chez toi ? T'arrives à me faire ressentir de l'amour et de la haine en même temps.
- Et c'est une bonne chose, tu crois ?
- Ouais, je pense.

   Il se leva et invita Steve à faire de même. Le voyant hésiter, il insista :
- Allez, viens, mon cœur. S'il te plaît.
   Le blond le rejoignit alors. Tony, plus petit que lui, glissa ses mains autour de son torse et posa sa tête sur son épaule. Steve enroula alors délicatement ses bras autour des épaules du brun.
- Je sais que t'as eu peur, et je sais que tu étais en colère, mais t'es vraiment insupportable quand tu t'y mets, lui chuchota-t-il.
   Tony laissa échapper un petit rictus.
- T'es pas toujours facile à vivre non plus.
- Pas faux.
- Embrasse-moi, Steve.

   Tony avait relevé la tête, plongeant dans les prunelles azur de Steve. Celui-ci frôla d'abord ses lèvres, puis posa délicatement sa bouche sur celle de son amant. Et ils restèrent ainsi pendant d'interminables minutes.

Il m'énerve, j'y peux rien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant