Ivresses

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   Steve fut réveillé par la clarté du jour. Il se retourna pour enlacer Tony, mais le lit était vide. Il attrapa son téléphone sur la table de nuit et regarda l'heure. Samedi 10 novembre, neuf heures quatorze. Il entendit soudain de la musique venant de la pièce à vivre. Elle n'était pas forte, mais il put reconnaître aisément la voix de Mick Jagger. Avec un sourire, il se leva en titubant, encore somnolent.

   Lorsqu'il arriva dans la cuisine au son de Jumpin' Jack Flash, il vit Tony s'affairer aux fourneaux, en dansant au rythme de la musique. Steve s'appuya contre l'encadrement de la porte et admira le brun en se mordant la lèvre. Il remuait ses fesses innocemment, tout en retournant un pancake dans la poêle. Il en commença ensuite un autre, le dernier, et lécha ses doigts enduits de pâte. Steve s'approcha de lui doucement, sans bruit. Il se posta derrière son amant et passa ses bras autour de sa taille.
- Bonjour, murmura-t-il d'une voix suave.
   Cela arracha un frisson à Tony qui sentit ses poils se dresser dans sa nuque.
- Bonjour, Hélène. Bien dormi ?
   Steve grogna en guise de réponse, tout en enfouissant sa tête dans le cou de Tony. Il embrassait sensuellement sa peau, l'aspirait par moments. Tony ne put retenir un soupir de plaisir lorsque la bouche humide du blond entra en contact avec sa peau.
- Dis donc, je te trouve bien entreprenant aujourd'hui, remarqua-t-il.
- Et alors ?
- Alors, je vais faire brûler mon pancake à cause de tes distractions.

   Steve se recula d'un pas, le temps que le brun termine de cuisiner, puis, lorsque celui-ci se retourna, il attrapa son postérieur et le porta au milieu de la pièce. Tony, agrippant ses bras et ses jambes au corps de Steve, chuchota :
- Mais tu fais quoi, là ?
- Tu sais très bien ce que je fais, mon cœur.
- Mais, les pancakes...
- Promis, on les mangera après, quand on aura tous les deux faim.
   Le blond amena Tony dans la chambre et le posa délicatement sur le lit.
- Est-ce que ça veut dire que tu vas me donner faim ? demanda Tony avec un regard suggestif.
- Peut-être.

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   Steve se laissa tomber sur le lit, pantelant et en sueur. Tony, dans un souffle, s'assit à califourchon sur son partenaire et l'embrassa une énième fois, en suçant sa lèvre inférieure. Il posa ensuite son front sur celui de Steve, partageant l'intimité qui les liait, bercée par leurs respirations haletantes. Ils mangèrent ensuite leurs pancakes - sagement, contre toute attente - jusqu'à ce que Tony se lève et embrasse son amant à pleine bouche, comme s'il était la dernière chose qui lui restait dans ce monde. Et ils firent l'amour, encore. Chacun se sentait grisé, ivre de baisers, guettant chaque réaction que le plaisir engendrait, caressant chaque parcelle de peau.

   Une demi heure plus tard, les deux jeunes hommes étaient habillés et allongés lascivement sur le canapé, quand Tony reçut un message de sa mère, lui demandant de la retrouver dans un café du centre, accompagné de Steve. Ils se mirent alors en route, main dans la main. Ils arrivèrent rapidement au point de rendez-vous et trouvèrent Madame Stark attablée près de la fenêtre. Lorsque celle les aperçut, son visage s'illumina.

- Les garçons ! s'exclama-t-elle en les serrant dans ses bras. Je suis tellement contente de vous voir ! Comment allez vous ?
- Ça va, Maman, répondit Tony. Pourquoi tu voulais nous voir ?
- Eh bien, en voilà une manière d'accueillir sa vieille mère. Tout d'abord, je voulais avoir de tes nouvelles, mon fils. Tu es parti depuis seulement trois jours et j'ai déjà besoin de vérifier que tu vas bien. Ensuite, je voulais des nouvelles de Steve. Vous avez l'air rayonnant, tous les deux. Je voulais vous dire que votre relation ne me dérange absolument pas, de plus que Steve semble s'occuper de toi à merveille. Et j'ai également de tristes nouvelles à annoncer.
- Qu'est-ce qu'il y a ? T'as enfin décidé de faire en sorte que papa arrête ses conneries ? interrogea sarcastiquement Tony.
   Maria deglutit et prit une grande inspiration.
- En fait... Oui. L'autre jour, ton père... Il n'était pas dans son état normal. Je ne voulais pas t'alarmer, mais il boit beaucoup depuis quelques temps, et là c'était le cas. Il était saoul.
- J'avais jamais remarqué, c'était pas assez évident. Et donc je dois lui pardonner tout ce qu'il a dit ?
- Non. Il a tenu des propos ignobles, et l'alcool n'a fait qu'accentuer la manière dont il aurait réagi en temps normal. Ton père est actuellement en cure de désintoxication, pendant un mois au moins. Il est vraiment impératif de régler ses problèmes d'alcool, ça devient insupportable.
   Elle marqua une pause
- Voilà pour les nouvelles désagréables. Maintenant dites moi, comment se passe votre nouvelle vie, les enfants ?

   Les adolescents lui contèrent l'incident qui était survenu avec le proviseur, et la façon dont celui-ci s'était réglé. Elle avait été agréablement surprise du soutien de tant d'élèves.
- Tu peux revenir à la maison quand tu veux, Tony. C'est toujours chez toi.
- Merci, maman. Mais je me sens vraiment bien chez Steve pour le moment, alors je voudrais rester pendant au moins quelques jours encore.
- D'accord, pas de soucis. Steve, laisse moi faire quelque chose pour toi.
   Elle lui tendit quelques billets.
- Oh... Madame... Je...
- Prends les, c'est pour nourrir mon glouton de fils. Et appelle moi Maria, je t'en prie.
- Je... Merci, Maria.

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  Steve, allongé sur le sofa, réfléchissait, tandis que Tony lisait un livre, campé en tailleur sur le bassin du blond.
- Tu devrais rejoindre ta mère, Tony.
   Celui-ci leva la tête de son ouvrage.
- Quoi ? Mais Steve, je me sens bien ici, avec toi...
- Je sais, Tony, je me sens bien avec toi aussi, mais ta mère a besoin de quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'est toi.
- Et moi ? On s'en fout de ce dont moi j'ai besoin ?
- Non...
- Alors je te le dis, lança-t-il sèchement en se levant du canapé, j'ai besoin de toi, Steven Grant Rogers. J'ai besoin de tes caresses le matin, j'ai besoin que tu me serres dans tes bras, j'aime quand tu m'embrasses, ça me fait me sentir un peu moins monstrueux, et je peux pas m'en passer.
  
   Steve se leva au ralenti, abasourdi.
- Oh, Tony... Tu n'es pas monstrueux, enfin ! Moi je te trouve magnifique... Pourquoi tu dis ça ? Viens là, mon cœur.
   Il referma ses bras autour du brun qui s'agrippait à son cou comme on s'accroche à une bouée.
- Dis pas des choses comme ça, reprit-il. Il n'y a rien de monstrueux en toi.
- Tu parles, gémit Tony en s'écartant. Partout où je vais, y'a quelque chose qui se passe mal.
- Mais c'est pas ta faute, enfin !
- T'es sûr ?
   Le blond soupira et se gratta la tête.
- Tony, tu es seulement bouleversé par l'alcoolisme de ton père, et tu ne veux pas l'avouer.
- Non, sûrement pas ! C'est qu'un con qui m'a jamais aimé !
- Tout le monde t'aime.
- C'est faux ! Arrête un peu tes conneries, Rogers !
   Steve essaya de s'approcher de lui, mais le brun recula. Alors il s'approcha encore, jusqu'à ce que Tony ne puisse plus reculer, adossé au mur. Steve posa ses mains de chaque côté de son visage.
- Calme toi. Je t'aime, Tony.
- Arrête, dit le brun d'une voix agressive.
- Je t'aime.
   Tony, virulent, se débattit en poussant Steve et en frappant ses épaules. À bout de nerfs, il s'effondra ensuite dans ses bras, larmoyant. Le blond l'enserra dans ses bras, tout en lui murmurant, interminablement : "Je t'aime".

Oh là là... C'est le moment où je me rends compte que la fin approche à grands pas... Il reste certainement moins de dix chapitres ! Ne pleurez pas, c'est pas encore tout de suite. On aura droit à d'autres rebondissements d'ici là, et d'autres sourires, d'autres baisers, d'autres disputes. Kisses !

Il m'énerve, j'y peux rien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant