Fray (BTS FF)

Chapitre 7

L'air qui remplit peu à peu mes poumons est probablement la chose la plus douloureuse à laquelle j'ai dû faire face dans ma vie. Je repousse au maximum le moment où je devrais renouveler ce qui me sert de carburant tant la peur de faire éclater ma cage thoracique me ronge. J'essaye de soulever ma main droite pour masser mon torse meurtri, mais ce simple geste me demande une force que je n'ai pas l'impression de posséder à l'heure actuelle.

Il ne me faut pas longtemps pour me souvenir du pourquoi de mon état. Très vite, le fil de ma dernière journée refait surface. Je revois l'inquiétude suivit de la colère dans le regard de SeokJin, vient ensuite mon désespoir face à ces stupides toilettes et enfin mon élan de folie quand la seule chose que j'ai su faire face aux brutes capables de me tuer est de rire. Rire à m'en déchirer les cordes vocales. C'est une bonne façon de dire au revoir au monde, je trouve.

Ils ne m'ont pas raté, pourtant, les maux envoyés par mon corps me prouve que je suis toujours en vie, dans un sale état certes, mais en vie. La prochaine fois que je ferais un bras de fer avec a mort, il faudra que je me rappelle de rire.

C'est bien de rire.

Après un dernier coup de poignard dans mes poumons, je me décide à ouvrir les yeux. Je m'attendais à faire face au plafond gris de mon appartement, mais c'est une lumière bien trop blanche qui m'accueille. Je mets plusieurs longues secondes avant de pouvoir regarder le plafond sans avoir à froncer les sourcils. Sans bouger d'un pouce, je remarque, à ma droite, le moniteur à électrocardiogramme et son vacarme infernal.

Je suis à l'hôpital. La question maintenant, c'est comment je suis arrivée ici, je ne crois pas que mes agresseurs se sont donné la peine de me conduire ici après avoir essayé de me briser en deux, où alors je n'y connais rien aux grosses brutes sans cervelles utilisé dans les trafics pour effrayer les mauvais payeurs, et surtout, les mauvais livreurs.

Depuis ma couche, mon champ de vision est réduit à mon lit et a ma vieille carcasse recouverte d'un motif fleuris censé donné un peu de vie dans ces pièces aseptisées. De cet angle, je ne peux pas voir l'étendu des dégâts, mais il ne faut pas être bête pour savoir qu'il va me falloir plusieurs jours pour me remettre de ce passage à tabac. Je décide de me redresser et alors, je remarque que je ne suis pas seule dans la pièce. 

Deux hommes sont assoupis à ma gauche, leurs visages penchés vers le bas et leurs bras croisés sur leurs torses. La première idée qui me vient à l'esprit est celle qui s'agirait d'autres hommes de main de MinHo, présents pour s'assurer que je paye mes dettes pour sortir de cet endroit vivante. Mais alors que je cherche désespérément le bouton d'appel autour de moi, ce scénario digne des plus grands films d'action coréen s'efface pour laisse place à quelque chose de plus censée. L'un d'entre eux, probablement dans une phase de réveil, à relever son visage vers le plafond, les yeux toujours clos. J'ai rapidement reconnu son visage à force de le voir quotidiennement sur les plus haut building de Séoul.

Il fait partie du groupe de SeokJin, ça ne fait aucun doute.

Ma main gauche arrive finalement à trouvé le bouton d'appel alors que mon rythme cardiaque redescend doucement. Même si je ne sais pas pourquoi ils sont là, je peux être certaine d'une chose, je suis en sécurité. Je pousse un soupire de soulagement et sors mon bras droit de sous le drap, remarquant alors pourquoi il m'avait semblé si lourd à mon réveil.

Il est dans le plâtre.

Je peste durement entre mes lèvres tout en laissant retomber ma tête sur l'oreiller, déclenchant une réaction sur les deux être endormis à mon chevet. Je fais pivoter mon visage et remarque celui dont j'ai reconnu le visage me fixer avec deux yeux fatigués. Ses lèvres se pincent lorsque son regard rencontre le mien, je m'empresse de le détourner quand la tension émanant de lui m'atteint. Sans un bruit, il se relève et quitte la pièce, claquant la porte derrière lui. Monsieur ne semble étonnement pas apprécier les réveils à l'hôpital.

Il est évident que ce vacarme à réveillé l'autre garçon. Il se frotte longuement les yeux, baille à s'en décrocher la mâchoire et s'étire de tout son long avant de venir me fixer.

- T'es dans un sale état. Se content-il d'articuler en venant poser ses pieds sur mon matelas.

- J'avais cru comprendre. Grogné-je en me redressant complètement.

Je le vois attraper une petite télécommande et l'instant d'après, mon matelas se relève pour venir épouser mon dos. Je laisse mes muscles se reposer contre ce dernier, remerciant silencieusement mon visiteur inconnu.

- Ca fait combien de temps que je suis là ? Ricané-je, secouant légèrement mes épaules d'un spasme, chose que je regrette immédiatement quand une douleur sourde se propage dans tout mon tronc.

- Quelques jours, je ne sais pas trop, je ne vais pas te mentir, je n'ai pas beaucoup vu la lumière du jour depuis que je t'ai conduit ici. RM est partie prévenir Jin, je pense, il ne t'a pas quitté d'une semelle au début. Et puis Nam lui a ordonné de rentrer hier, je crois, où ce matin. Je ne sais plus. Débite-t-il rapidement, empêchant mon cerveau groggy d'enregistrer toutes les informations.

Il se gratte l'arrière du crâne avant de fourrer ses mains dans ses poches. Je le vois en sortir une barre chocolatée qui finit rapidement au fond de son estomac. Je réprime un haut-le-cœur et ferme les yeux. Bien décidé à dormir avant le retour de mon frère, n'ayant ni l'envie ni la force de faire face à ses questions et à ses inquiétudes.

Pourtant, je sais pertinemment que je n'y échapperais pas de part la présence des membres de son groupe de musique à mon chevet, le fait qu'ils soient là signifie que Jin est impliqué et qu'il connaît certainement l'état actuel de mon corps. Il va vouloir jouer son rôle de grand frère et me protéger d'un monde qu'il ne connaît pas.

Et comme d'habitude, il va m'apporter plus de problèmes qu'autre chose et vu l'endroit où je me trouve après sa dernière intervention dans ma vie, j'ai peur des jours à venir et surtout sur leurs nombres incertains.