Je m'étire de tout mon long, rabattant l'écran de mon tout nouvel ordinateur sur lui-même avant de le glisser sous le sofa où j'ai passé la nuit. Il commence à faire jour dehors et tout comme la première nuit passé dans cette pièce, deux semaines plus tard, je n'ai toujours pas fermé l'œil. Jin m'a fait la surprise dans l'après-midi alors qu'il s'était chargé seul d'aller faire les commissions, notre travail habituel à Jimin et à moi. Il est rentré avec ce qui repose désormais sous ma couche, s'excusant encore une fois pour les quelques heures passée seule au cours des trois dernières semaines, heures totalement dérisoire étant donné que Jin refuse toujours de participer aux tournages, ne voulant pas que je sois livrée à moi-même plus de deux heures d'affilées.
Je me laisse tomber contre mon oreiller et jette un regard au garçon endormi face à moi. La nuit dernière, j'ai décrété qu'il était temps pour Taehyung de retrouver son lit et je n'ai pas fléchi face à ses nombreuses suppliques et il a fini par s'endormir, assit sur son lit, la tête contre l'échelle menant au lit de Jungkook.
Un léger sourire vint habiller mes lèvres alors que je me redresse, attrapant ma béquille abandonné à mes pieds. Je suis enfin débarrassé de mon fauteuil trop encombrant et retrouve enfin, une certaine liberté de mouvement bien que mes genoux, encore fragiles, ne me permettent pas de rester debout plus de dix minutes. Ma chaise roulante se permet alors de me narguer, depuis le fond de la pièce, toujours prête pour me suivre dans mes sorties quotidiennes, tantôt avec Jimin, tantôt avec le chanteur sagement assoupi devant moi.
Je me lève et quitte la pièce en silence, trouvant une maison encore une fois vidé de ses habitants, tous encore emprisonner dans les bras de Morphée. À petits pas, je me dirige vers la cuisine où je me fais couler un café que je bois tout en regardant les nouvelles sur mon téléphone. Bien heureusement, mon nom n'apparaît plus sur mon écran depuis quelques jours, ayant presque retrouvé un certain anonymat même si Jimini insiste pour que je porte un masque pour aller au supermarché du coin.
Mes jambes tremblent quand je me relève de mon assise, me rappelant quotidiennement que je reste fébrile et que, malheureusement, je ne suis pas prête à retrouver toutes mes capacités physique et Jin ne cesse pas de répéter que, de toute manière, je n'ai plus besoin de savoir me battre comme avant depuis que je vis avec lui. J'aimerais pouvoir lui dire sans le blesser que cette situation ne sera pas éternelle, que j'ai d'autre objectif dans la vie que d'occuper le canapé des Bangtan boys, mais je n'ose jamais le faire, de peur de le froisser.
Les mots du Kiné résonnent dans ma tête quand je prends la direction de la sortie. D'après lui, je ne dois pas me fatiguer plus que nécessaire, mais j'en ai marre de devoir attendre le soir pour pouvoir fumer à l'insu de Jin.
J'enfile ma veste, fouille mes poches et quitte l'appartement quand mes doigts rencontrent mes cigarettes et mon briquet. J'offre un peu de repos à mes deux quilles en m'accoudant à la paroi lisse de l'ascenseur, jouant nerveusement avec mon briquet, un objet ayant très vite trouvé de la valeur à mes yeux. La porte s'ouvre et je sors une cigarette de ma poche tout en avançant vers la sortie, je pince ma clope entre mes lèvres et appuie sur le bouton permettant de déverrouiller la porte de l'immeuble d'un doigt hésitant. Je relève la tête pour regarder où je vais quand la lumière du jour disparaît dans un épais brouillard noir. Ma main gauche jongle entre ma béquille et mon briquet alors que ce brouillard me pousse en arrière. Je tombe presque quand une poigne de fer vient me plaquer contre le mur de boite aux lettres, le brouillard face à moi se précise laissant place à deux paires d'yeux cagoulées alors qu'une douleur aiguë se répercute dans mes côtes.
- Mais lâchez moi. Grogné-je en me débattant du mieux que je peux, mais, malheureusement, mon état ne me permet pas de tenir tête à deux gorilles face à moi.
Ma béquille tombe bruyamment et je m'empresse de serrer mon briquet dans ma paume tout en donnant quelques coups d'épaules ne faisant, évidemment, pas bouger mes ravisseurs d'un pouce.
- Comment vas-tu, ma chère Nao, depuis le temps ? Lance une voix claire, dissimulée derrière les deux cagoulés.
Je tourne la tête, à la recherche de la personne propriétaire de la voix et rapidement, c'est Minho qui entre dans mon champ de vision. Je ne suis pas étonné de le voir là, droit devant moi, ses mains enfoncées dans les poches de son jeans, une paire de lunettes de soleil reposant sur ses cheveux sombres. Il s'approche de moi, attendant probablement une réponse et quand je suis certaine qu'il soit assez proche, j'ouvre la bouche et lui crache au visage.
Je retiens un rire mauvais quand il s'essuie avec la manche de sa chemise, mais, ne peux rien faire contre mon sourire satisfait. Ce sourire disparaît presque aussitôt quand l'une des brutes lâche mon épaule pour venir fracasser son poing contre mon genou droit.
La douleur est si forte qu'aucun son ne sort de ma bouche. Mes jambes me lâchent et je m'effondre sur le sol dans un bruit mat, ne pouvant respirer de nouveau qu'une fois mon crâne appuyé contre le carrelage. Les échos dans mes genoux se multiplient dans tout mon corps alors que les pas de Minho arrivent jusqu'à mon oreille. Ma respiration est totalement aléatoire et sentir sa présence au-dessus de moi ne m'aide en rien.
Il ne bouge plus et vient se saisir de mes cheveux, une complainte s'échappe de mes lèvres alors qu'il me force à le regarder dans les yeux. Je suis tétanisée, je ne peux rien faire pour lui échapper. Une simple proie face au lion.
- Vu que tu me dois encore pas mal d'argent, tu vas travailler pour moi de façon bénévole dorénavant. Dit-il calmement, trop calmement pour que je reste sereine.
Même s'il m'effraie et que je sais de quoi je suis capable, j'ai du mal à accepter d'être sa chose, son objet à son service. Je suis humaine et j'aime trop ma liberté pour me laisser marcher dessus de la sorte. Plutôt mourir que d'être toute ma vie sous son joug.
- Et si je refuse ? Tu vas me battre à mort ? Lancé-je avec un faux air de défis collé à mon visage probablement blême.
Un rire gras résonne dans le hall et quand les yeux de Minho rencontrent de nouveau les miens, ils brillent d'une lueur malsaine.
- Toi non, mes chers amis ici présents ont assez joué avec toi, mais en ce qu'il concerne ton très cher frère...
Sa voix se meurt et la panique n'a pas le temps de monter dans mes veines. Je vois sa mâchoire se contracter et, dans une grimace, sa poigne tenant fermement mes cheveux s'abat sur le sol. Je ferme les yeux au moment de l'impact, entendant presque les os de mon nez se briser un à un. Mes joues baignent dans un liquide chaud quand il me dit d'attendre des ordres qui ne sauraient tarder.
D'un œil humide, je les vois tous partir, claquant la lourde porte d'entrée derrière eux. Pas un regard en arrière.
Je sens mon téléphone vibrer contre ma poitrine, mais je ne peux pas bouger. Les seuls muscles qui semblent encore m'écouter son ceux de ma main gauche, serrant sans relâche mon briquet contre ma peau.Je ne sortirais jamais de cet enfer, je dois me faire une raison, car, même si je le voulais, il viendrait toujours me chercher et il est hors de question que ces mains salies se posent sur mon frère.
Le sombre corbeau peut s'en prendre au vilain canard, le roulé dans la boue et lui arracher ses plumes, mais jamais il n'effleurera la blanche colombe, je le jure sur ma vie.
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Fray (BTS FF)
FanfictionIl y a dix ans, un jeune garçon et ses deux parents sont venus la chercher dans son pays pour lui offrir une vie meilleure. Aujourd'hui, alors âgée de vingt-et-un ans, cette jeune fille lutte tous les jours pour trouver sa place dans cette vie meil...