Chapitre 5 : Commandante

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Lundi 28 octobre, 18h48
C'est l'heure, le train vas arriver, 18h48 le TGV 2260 Paris-Lyon vas, comme tout les lundis à cette heure précise passer sur le rail.
Il est encore à quelques minutes de la gare, toujours dans la périphérie de la capitale. Ici le chemin de fer est délaissé et facile d'accès.
J'entend le bruit du train arriver, je regarde avec défi le rail disparaître au tournant ou le train devrait passer.
Il se rapproche, de plus en plus. J'entend ce bruit de feraille strident s'amplifier, et ce monstre de métal apparaît devant moi.
Il arrive à une vitesse folle et doit maintenant avoir l'habitude de freiner à cet endroit précis comme je viens tout les lundis.
J'imagine le conducteur pester dans sa cabine, se demandant pourquoi il ne m'a toujours pas roulé dessus et tant bien que mal tenter de freiner pour éviter de m'écraser.
Le sifflement du ralentissement et du klaxon déchire mes oreilles.
C'est maintenant que je me retourne et cours pour lui échapper.
Quand je sens qu'il n'est plus qu'à quelques mètres de moi, je m'éjecte du rail, bondissant sur le côté et atterissant sur le gravier dur à côté du chemin de fer.
Et c'est essoufflée, à bout de force  que je regarde le train disparaître au loin.
Plutôt atypique comme occupation du lundi soir...

Je me laisse tomber sur les graviers en reprenant mes forces puis regarde ma montre, constatant qu'il est 18h50, autrement dit, si je ne suis pas rentrée dans dix minutes je suis morte.
Je me relève vivement et escalade le grillage peu sécurisé qui sépare la route du rail, en prenant soin d'éviter les barbelés, puis je saute et atterrit habilement de l'autre côté, sur la route.

C'est reparti pour une deuxième course. Je cours sur le trottoir, empruntant ces petites rues étroites, presque en ruine que je connait tant.
Puis j'arrive sur cette grande place bondée de monde. Les hommes d'affaires sortant de leurs taxis après leur journées dans leurs hauts buildings, les employés de grandes entreprises sortant du métro, certains au téléphone, d'autre se contentant juste de marcher, tête baissée. Ou encore des ados de 15 ans riant bêtement à toutes sortes de vidéos idiotes, et bien d'autres encore.
Il y a aussi les gens pommés, comme moi, terrifiés par cette foule bruyante, cet amas d'inconnus, entourés par le claquement de leur pas sur le béton de cette immense boîte à humain. Des gens comme moi n'ayant plus confiance. Ou peut être suis-je seule ? Je ne sais pas et ne le saurai probablement jamais.

Je me décide enfin à faire un pas en avant puis traverse la place, tête baissée, avec mes écouteurs, le visage caché par ma longue chevelure brune.
Une fois de l'autre côté, je soupir de soulagement et reprend le trajet en courant, j'entend le ciel gronder et je n'ai pas envie d'être trempée et en retard.
Enfin arrivée, je regarde les hautes et imposantes grilles de fer marquant l'entrée du campus, et constate que la grille est toujours ouverte.
Je me précipite donc à l'intérieur, voyant que le gardien arrive pour fermer. En effet, le son des cloches indiquant les 19 heures me prouve que j'ai failli ne pas pouvoir rentrer.
Je cours dans l'allée principale, me protègant tant bien que mal de la pluie violente s'abbatant sur Paris.
J'arrive enfin sur le porche du dortoir et retire ma capuche en soupirant.
Je pousse les portes battantes et entre dans le grand hall d'entrée, presque vide à cette heure-ci.
J'emprunte les escaliers et après quelques étages, me retrouve devant la porte de ma chambre. Je m'apprête à sortir mes clés mais je constate que ma porte est ouverte, ce qui me surprend beaucoup sachant que je suis persuadée de l'avoir fermée et que je n'ai pas de colocataire... Du moins c'est ce que je croyais.
Je pousse la porte, perplexe et elle s'ouvre sur un grand garçon aux cheveux bruns, pliant nonchalement ses affaires en traînant des pieds.
Je racle la gorge avec colère, attendant des explications pour cette intrusion.
Il se retourne vers moi, et esquisse un sourir arrogant.
- Ma nouvelle coloc'.
Dit il avec sarcasme. J'allais répliquer et lui faire comprendre que si il ne sortait pas dans la seconde ça allait mal se terminer mais il me coupa.
- Avant que tu me casse la gueule, sache que je n'ai pas voulu me retrouver ici et que je subit autant que toi alors on vas devoir se supporter.
Il s'avance, vers moi et croise les bras, puis émet un petit rire moqueur suite à mon incompréhension.

Derrière le masqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant