Chapitre 11 : Carroussel

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Attention
Ce chapitre contient des scènes qui pourraient heurter la sensibilité de certains.

Vendredi 1 novembre, 18h02
Je crois que je ne me suis jamais aussi bien entendue avec quelqu'un aussi rapidement, je crois qu'on ne m'a jamais porté autant d'attention aussi rapidement non plus.
C'est pas vraiment une amie mais je me sens bien en sa présence, comme si son bonheur était un bouclier qui me protégeait de l'extérieur.
Il pleut encore un peu mais moins que cet après midi, le vent frais me fait frissonner. Nous sommes désormais dans un parc, Clarke contemple avec attention un Carroussel en face de nous.
Elle admire le manège avec fascination puis se tourne vers moi des étoiles dans les yeux.
Je n'éprouve pas le même sentiment face à cette structure. Loins de là.
- Tu ne trouves pas ça magnifique ?
Me demande t-elle d'une voix claire ?
Je fronce les sourcils et hausse les épaules.
- Regarde comme ces enfants ont l'air heureux... J'aimerai revivre ces moments.
Dit elle, rêveuse.
Une vague d'émotion me submerge.

Flashback
Janvier 2014
- Aiden on rentre maintenant ! Maman vas encore m'engueler bouge !
Je tire mon petit frère par le poignet.
Je le ramène de son collège se trouvant à Lyon, parce que nous n'avons pas la chance d'y habiter et faute d'argent, nous habitons dans la périphérie de cette ville magnifique, dans un amas de béton et de pierres grises, tout ce qu'il y a de plus monotone.
J'aurai préféré admirer comme lui cet immense parc par lequel nous passons, compter les millions de pâquerettes au sol, jouer au ballon ou faire des ricochets dans l'étang mais je dois rentrer à l'heure sinon je peux dire adieu à mes sorties pour la semaine si je ne rentre pas avant 19 heures. A 16 ans ça craint d'avoir encore un couvre feux.
A chaque fois que nous passons par là il admire ce grand manège tournant et de ses chevaux de bois, animé par les rires des enfants et la douce musique qu'il émet.
Il est au collège depuis le début de l'année et ce serait mentir de dire que tout ce passe à merveille pour lui mais je ne m'inquiète pas pour ça, il vas bien et il sait se défendre.
Il me sourit et comme d'habitude me demande,
- Je peux faire un tour ? S'il te plait ?
Il me regarde avec sa tête d'ange et je ne peux pas lui refuser.
Il monte sur un des chevaux et ça fait du bien de le voir aussi épanoui.
Une fois le tour terminé, nous reprenons le chemin du retour pendant qu'il me raconte sa journée.

Février 2014
Aiden est derrière moi, il traîne des pieds en attendant que je lui donne l'argent pour qu'il aille chercher son billet.
C'est comme si il attendait ce moment depuis le début de la journée.
L'argent en main, il part en courant en direction de l'engin, moi je répond aux SMS de cette nouvelle fille un peu dérangée sur les bords nommée Costia avec qui j'ai été forcée de travailler.
Il descend du manège le sourir aux lèvres et nous repartons.

Mars 2014
Aiden est maussade depuis quelques temps, il ne parle plus beaucoup mais quand nous rentrons, il n'attend qu'une chose, c'est de monter sur ce manège. Toute les semaines, le vendredi.
Il fait son tour, et ça fait du bien de le voir heureux. Ça n'arrive pas souvent ces derniers temps.

Avril 2014
- Lexa ?
Me demande mon frère avec hésitation.
Je relève nonchalement la tête de mon portable.
- Mike et ses amis m'ont poussé aujourd'hui ils ont...
Je soupir bruyamment.
- Aiden bon sang ignore les...
Il baisse la tête mais ne réplique rien. Je lui tend un billet, il court au manège mais bon je ne le regarde pas il sait faire maintenant.
Il revient et nous rentrons, sans nous adresser la parole.
Je suis trop obnubilée par cette Costia, elle est incroyable.

Mai 2014
Aiden marche, avec sa capuche en se tenant les côtes. Je ne me demande pas vraiment pourquoi il doit sûrement faire sa crise d'adolescence après tout il a 11 ans.
Il me demande de faire un tour de manège, mais cette fois je refuse. Il est trop grand et puis de toute façon on a pas le temps.
Il me regarde tristement et croise les bras, comme si quelque chose s'était éteint en lui. Il ne me raconte pas sa journée, il se contente de marcher, tête baissée et poings serrés ce qui m'agace grandement.
Nous arrivons en vas de notre haut immeuble et il ouvre la porte de l'ascenseur.
Ne pouvant plus supporter son attitude d'ado cliché je m'énerve.
- Tu t'es regardé ? C'est quoi ce style que tu veux te donner franchement ça craint.
Il me regarde, blessé mais ne réplique pas.
Nous rentrons et il rentre dans sa chambre alors que je m'affale sur le canapé.
Je ne l'entende pas et ne lui parle pas pendant deux bonnes heures mais rongée par les remords de l'avoir blessé je toque à sa porte.
Pas de réponse.
Je toque à nouveau.
Toujours rien.
Je l'appelle en m'excusant, essayant de faire une blague pour le faire sortir.
Aucun signe de vie.
Inquiète, j'ouvre la porte.
Il n'est pas la.
Surprise, je jette un coup d'oeil à la chambre pour voir où il se cache mais la fenêtre ouverte ainsi que la faille à carreau trônant au milieu de son bureau bloque ma respiration.
Je ferme les yeux, sous le choc.
Mon corps entier est en détresse, mes pensées ne sont plus claires, les larmes jaillissent seules de mes yeux et ma respiration est complètement irrégulière.
Je saisi le bout de papier.

Lexa, je suis désolée de t'abandonner comme ça, je n'en pouvais plus et que tu le crois ou non c'est la meilleure et seule solution qui s'offre à moi. Je reviens chaque jours avec plus de cicatrices, au collège on me demande de me tuer depuis plusieurs mois maintenant, on m'insulte, on me frappe et j'exauce leur voeux.
Merci pour le Carroussel, merci d'être venue me chercher, merci d'être ma soeur.
Je t'aime.
Dis à papa et maman que je les aime aussi.

Je hurle.
Comme si mes entrailles sortaient de mon être.
Comme si mon corps entier se brisait en mille morceaux
Comme si une partie de moi était morte.
Je m'en voulait tellement que j'ai bien failli me jeter de cette fenêtre aussi mais je n'avais pas le droit de laisser tomber ma mère ainsi.
Comment un être aussi jeune, un ange comme lui avait il pu être brisé au point de mettre fin à sa propre vie.
La culpabilité me rongeait, je haissait mon être. Comment avais je pu ne pas remarquer ?! Il a essayé de m'en parler mais je ne l'ai pas écouté.
Je suis un monstre.

Les mois sont passés et je n'arrivait pas à faire mon deuil. Ma mère à réussi et ma emmené voir tous les médecins de la planète mais je ne pouvais plus rentrer chez moi sans penser à mon petit frère, sans penser au fait que c'est de ma faute si il est mort, sans revoir cette lettre.
J'ai donc déménagé chez Lincoln, j'ai sombré dans la drogue, j'ai lâché mes études.
Une partie de moi était morte. Et c'était cette partie qui me faisait vivre.
Je n'avais plus aucun but jusqu'à ce que Costia entre dans ma vie...
Fin Flashback

Je me lève du banc, au bord de l'explosion.
- D-désolé je dois y aller.
Dis je en partant près je en courant, laissant Clarke plantée la, dans l'incompréhension la plus totale.
Mon prétexte était complètement bidon et elle a du remarquer mon état mais je ne pouvais pas tenir plus longtemps.
Je marche vers la sortie en pleurant, mes larmes brûlant ma peau.

Image du chapitre : "Une vague d'émotion me submerge."

Bonjour !
Chapitre assez triste et compliqué à écrire et sûrement à lire mais dites moi ce que vous en pensez.
Je trouvais ça important d'aborder ce sujet, j'espère que ça vous convient.
Merci d'être de plus en plus nombreux à lire.
A bientôt <3


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