Chapitre 15

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-23 juin 2011, passé d'Emma-

Encore un autre jour à l'hôpital. Je commence à en avoir marre. J'ai fait des tonnes d'examens pour savoir quel rhume ai-je attrapé. Ma mère trouve que je suis pâle. Quand je me regarde dans le miroir, je me trouve normale. Une petite fille qui vient d'avoir onze ans, et qui rentre bientôt en sixième. J'ai vraiment hâte d'aller au collège. Surtout avec Marine. Marine, c'est ma meilleure amie depuis l'école maternelle. C'est comme ma sœur, ma confidente. Nous ne nous sommes jamais quittées et notre amitié compte durer longtemps.

« Il arrive quand le nouveau médecin ? » Je demande à ma mère qui est en train de stresser.

Je déteste les hôpitaux. Il y a une odeur assez bizarre qui remonte jusqu'à mon nez et j'ai juste hâte de rentrer chez moi pour retrouver Marine qui est censé venir pour goûter. En plus d'être ma meilleure amie, c'est ma voisine. Sa maison est juste en face de la mienne.

Pour en revenir à nos moutons, je suis dans la salle d'attente d'un hôpital. Et j'ai rendez-vous avec un médecin car j'ai soi-disant un rhume qui ne veut pas partir et personne ne sais ce que c'est. J'ai fait des centaines d'examens et rien. Je suis en parfaite santé. Il y a trois jours j'ai dû faire une prise de sang et nous attendons les résultats. Je sens bien que ma mère s'inquiète. Je n'ai plus 5 ans mais 11 ans, et pour mon âge, je suis très mature. Je comprends vite les choses ainsi que leur gravité, mais je sais très bien que je n'ai qu'un petit rhume.

« Bonjour. Je suis Marc Ferrand, le nouveau médecin. »

Marc Ferrand s'avance vers nous puis nous sert la main. Il porte une blouse blanche, où est inscrit son prénom sur le côté droit. Il a une barbe de trois jours, des yeux bleus, et des cheveux poivre sels, qui sont bouclés. Nous le suivons jusqu'à son bureau. C'est une pièce banale. Un sol jonché d'une moquette grise, des murs blancs, et un bureau en bois massif au milieu de la pièce.

« Tu es une jolie fille dit dont » Me dit le médecin en s'asseyant.

« Merci ! »

Ma mère et moi, nous nous asseyons sur les sièges en cuirs, noirs. Elle pose sa main sur mon genou, et me sourit. Marc, sort des multitudes de papier, et je reconnais une feuille, qui est ma prise de sang.

« Bon. » Dit-il en joignant ses mains.

Il est inquiet. Je le vois grâce à son expression. Ce n'est pas un simple rhume. Je le sens bien.

« Nous avons reçu la prise de sang de votre fille. Je ne sais pas comment vous le dire... »

Le médecin a peur. Il a peur de dévoilé ce que j'ai. Et moi aussi j'ai peur. Ma mère aussi a peur. Je le vois, à cause des larmes qui s'apprêtent à couler. Je ne veux pas qu'elle pleure.

« Emma a une leucémie aiguë lymphoblastique. Sa prise de sang montre un abaissement de certaines cellules, ainsi que des plaquettes. La pâleur de sa peau est dû à cela... »

Je tourne la tête et voit ma mère en larmes. Tout mon monde s'effondre. J'ai une maladie grave, et je ne sais pas si je vais passer l'année... Je ne sais pas si je pourrai vivre des années avec Marine. Je ne sais pas si un jour je vais connaître le grand amour. Pourquoi cela arrive à moi ? Et mon père qui n'est pas là... Il nous a lâché. Il est parti sans un signe, et il ne me verra pas mourir... Il ne me verra pas me dégrader petit à petit.

« Nous avons pu détecter la maladie assez vite, ce qui est d'un côté rassurant puisque nous allons pouvoir commencer le traitement assez rapidement.

- Quel genre de traitement ? » Je questionne.

J'ai besoins de savoir ce qu'il va me faire. Marc regarde ma mère, et celle-ci hoche la tête.

« Le but du traitement est de détruire les cellules leucémiques qui se sont propagées dans ta moelle osseuse. Tout d'abord, nous allons te garder une semaine pour vérifier le fonctionnement de ton cœur pour voir si le traitement que tu auras, est compatible avec le fonctionnement de ton cœur. Ensuite il y a une phase que l'on appelle l'induction. Pour résumer, tu seras hospitalisé pendant un mois voire plus, et nous devrons te faire une chimiothérapie pour établir une rémission, c'est-à-dire éliminer les cellules cancéreuses.

- Et si le traitement ne fonctionne pas ? »

J'ai besoin de tout savoir. Je veux savoir si je vais mourir.

« Si le traitement ne fonctionne pas, nous devrons te greffer une nouvelle moelle osseuse... Et si jamais nous ne trouvons pas de donneur, le pronostic vital sera alors engagé. »

Je comprends... Si rien ne fonctionne et que je ne trouve pas de donneur, je vais mourir... Je ne pourrai pas passer ma vie avec Marine... Je ne pourrai pas la soutenir... Je n'ai pas envie de mourir.

« Je vais tout faire pour te guérir Emma. Ne t'en fais pas. Je te le promets. »

Les promesses, je n'y crois plus. Mon père m'avait promis de ne jamais partir, et maintenant il n'est plus là. Il nous a lâchement abandonné comme des moins que rien et il ne sera pas là pour me soutenir dans ma maladie.

Je ne suis pas inquiète pour moi, mais pour ma mère. Mon père parti et moi malade, elle ne va pas tenir longtemps... J'ai peur qu'elle déprime, et qu'elle fasse une bêtise. Je n'ai pas envie qu'elle parte aussi sinon c'est moi qui vais mourir à petit feu. J'ai peur... J'ai peur de mourir. Je suis si jeune. Je ne peux pas mourir comme ça...

« Revenez demain. Nous allons commencer le protocole dès demain pour ne pas perdre de temps. »

Moi qui voulais être une fille normale, je ne peux pas. Il fallait que cette maladie m'atteigne. Je regrette tellement d'être venue au monde. J'aurai préférée ne jamais naître.

Ma mère et moi saluons le docteur et arrivée à la voiture, ma mère se met à crier de toute ses forces, puis pleure.

« Maman, ne pleure pas, s'il te plaît. Le docteur a dit qu'il ferait tout. Je lui fais confiance. »

En réalité, je n'en pense pas un mot. Moi aussi j'aimerai pleurer toutes les larmes de mon corps, mais je ne peux pas. Ça ferait de moi quelqu'un de fragile et mon frère, m'a toujours appris de relever la tête dans chaque situation.

« Promets-moi de te battre maman. Je veux que tu te battes pour moi. »

Ma mère me prend dans ses bras, et je l'entends sangloter. J'ai peur... J'ai tellement peur... J'ai peur de partir... J'ai peur de la laisser seule.

Car si je pars, je ne reviendrai jamais. Mais je sais une chose. Si je meurs, je veillerai toujours sur les gens que j'aime.

Afraid Où les histoires vivent. Découvrez maintenant