Chapitre 46

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- 2 septembre 2019, Julian-

Aujourd'hui, je vais enfin pouvoir retourner chez moi. Je vais retourner à Andorre avec mon entraineur, qui plus est, mon cousin. Une partie de l'équipe et moi devons nous rendre le 12 septembre au Québec, puisque, va se dérouler, le lendemain, soit le 13 septembre, le grand prix du Québec. Puis, le 15 septembre se déroulera le Grand Prix de Montréal.

Comme je l'ai dit aux journalistes, je ne mise pas tout sur ce genre de course. Certes, elles sont importantes pour notre équipe, pour notre palmarès mais je ne vise pas la victoire. Dans ma tête, je mise tout sur les championnats du monde. C'est une course extrêmement importante, et sachant que je suis le leader de l'équipe de France de vélo, je dois tout donner, et m'entrainer un maximum pour être au taquet le jour J.

Je me lève de mon lit, et rejoints les autres, qui sont probablement en train de prendre leur petit-déjeuner. Je suis assez surpris, lorsque j'arrive à la cafétaria, que mes coéquipiers ne soient guère présents. D'habitude, Enric est le premier à prendre son petit déjeuner.

« Mais où sont-ils ? »

Je sors alors de la cafétaria, et voit Patrick, qui est au téléphone avec je ne sais qui. Il semble inquiet, et fait les cent pas dans le hall de l'hôtel. Il lève son regard vers moi, et je sens de la tristesse, mélangé à de l'anxiété.

A travers les portes vitrées, je vois des gyrophares bleus et rouges qui se trouvent en dehors de l'hôtel. Je sors automatiquement pour voir ce qu'il se passe. Pleins de policiers sont présents, et tous parlent dans leur talkie-walkie.

Il y a également une ambulance, où se trouve Marine, en larmes, dans une couverture, qui est en train de se faire interroger. Elle tremble de froid, et de peur. Elle me regarde, et ses larmes augmentent de volume.

« Ju... »

Elle se faufile dans mes bras, laissant seul le policier. La voir ainsi, est rare. Marine est quelqu'un de joyeuse, qui rigole à longueur de journée...

« C'est Enric ? »

Je sais qu'Enric est mal depuis quelques temps, et j'ai peur qu'il fasse une connerie... Rien que d'y penser, mes larmes commencent à couler.

« Vous êtes monsieur Alaphilippe ? » Me demande un policier.

Marine se détache de moi, et le policier me prends à part. Je vois mes coéquipiers me regarder, les yeux remplis de larmes... Ils ont tous le visage triste... Et les voir ainsi, m'inquiète de plus en plus. J'ai peur de ce que je vais apprendre, et ce dont j'ai besoin, c'est d'Emma.

« Vous étiez où à six heures du matin ?

- Dans mon lit... Je viens de me réveiller. Pourquoi ? »

Un policier, suivit d'un ambulancier, pousse un brancard, où un corps s'y trouve. Ne me dites pas que c'est Enric...

« C'est qui dans ce brancard ? »

Mes larmes ne cessent de couler. Je savais qu'Enric allait mal... Mais pas autant... Il souffrait de la rupture avec Marine... Mais de là à se foutre en l'air... Je ne peux pas y croire...

Je m'avance vers le brancard, le cœur battant la chamade, et les larmes coulant de plus belles... Je sens une main se poser sur mon épaule. Je vois le visage d'Enric, pâle.

« Enric... »

Il me prend dans ses bras, et je l'entends sangloter... Et je comprends tout de suite, ce qu'il se passe... C'est la seule qui n'est pas là, présente pour moi...

« Ne me dit pas que...

- Je suis désolé Ju... »

Mon cœur se met à s'arrêter en l'espace de quelques secondes... Je m'écroule, à genoux, et crie de toutes mes forces. Tous mes coéquipiers sont autour de moi, me réconfortant. C'était la seule... La seule pour qui j'aurais tout donné... J'ai l'impression que mon passé refait surface... On m'a pris Zoé, et aujourd'hui on m'a enlevé Emma...

« Je veux la voir... Une dernière fois... »

J'ai besoin de la voir... Je veux la voir... Je monte dans l'ambulance, tout tremblant. Le policier enlève une partie de la couverture, et dévoile le doux visage d'Emma. Elle est pâle, et ses lèvres sont violettes...

Je ne peux pas y croire... Pas elle... J'avais besoin d'elle... Besoin de ses mots doux... J'embrasse une dernière fois ses lèvres. Je sais qu'elle ne me répondra pas, mais je voulais lui dire un dernier aurevoir...

« Je suis désolé... »

Je ne peux pas m'empêcher de pleurer... Ma vie s'effondre en mille morceaux, et mon cœur cesse de battre à présent... Emma est partie... Encore une fois quelqu'un a retiré la vie de celle qui m'aidait à aller à mieux... Elle me faisait sourire, elle m'aimait malgré ma célébrité. A cet instant, j'ai envie de tout plaquer... De partir... Loin d'ici... Et de la retrouver, là-haut, pour la prendre dans mes bras.

Je me réveille en sueur, et en larmes. Je regarde l'heure sur mon portable, et voit qu'il n'est que trois heures du matin. Ma respiration est saccadée et j'ai l'impression de mourir. Je compose le numéro d'Emma. J'ai besoin de la voir... De sentir son odeur, d'entendre sa voix. Elle décroche, et je souffle de soulagement.

« Emma... Viens... S'il te plait. »

- Ju... ça va ?

- J'ai besoin de toi, s'il te plait... Viens... »

Je sanglote de plus en plus. Elle raccroche et quelques secondes plus tard, elle apparait, en short, et en brassière dans ma chambre. Lorsqu'elle me voit dans cet état, elle accourt vers moi, et s'assieds à mes côtés.

« Emma... Reste avec moi s'il te plait... »

Hier, après lui avoir susurré un je t'aime, nous n'avons pas parler... Et je le regrette... J'ai tellement besoin d'elle dans ma vie.

« Je suis désolée de t'avoir inquiété. J'étais en randonnée, avec ma famille, et j'avais complètement oubliée...

- J'ai besoin de toi dans ma vie... »

Emma pose sa main sur ma joue, et me sourit. En très peu de temps, elle a pris une place importante... Et j'ai toujours cette peur, que quelqu'un me la prenne.

« Ju... Tu es trempé...

- Promets-moi que tu resteras avec moi... Je ne veux pas que tu partes... »

Le cauchemar que j'ai fait, me refait penser à mon passé. Le moment où j'ai appris que Zoé avait été kidnappée... Et si Emma venait à partir, je ne pense pas me relever... Pas cette fois.

Emma pose ses lèvres sur les miennes, et intensifie le baiser en prenant ma nuque. Nos langues dansent au rythme de notre baiser. Ses lèvres m'ont tellement manquées... Je n'avais ressenti ça depuis la disparition de Zoé...

« Je ne partirai pas... Je te le promets. »

Il n'y a qu'avec Emma, que je peux montrer qui je suis réellement... J'ai beau être un boutentrain, qui rigole tout le temps, je ne suis pas moi... Avec mes coéquipiers, je ne montre pas qui je suis... Je suis un homme, qui n'a pas confiance en lui, et qui souffre à chaque critique que je peux recevoir... Je suis sensible, mais je ne le montre pas assez, et devant Emma, je ne me retiens pas de pleurer... Je me sens moi-même lorsque je suis avec. Et je veux qu'elle découvre d'autres facettes de moi.

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