Tome 2 / Chapitre 33

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- 18 mars 2020, Emma-

Je me mets à courir dans la maison, un pinceau, rempli de peinture rose, à la main. Julian me course avec un rouleau de peinture, beaucoup plus gros et consistant que le mien. Aujourd'hui, nous avons décidé de peindre la chambre d'Adèle. On a dû tout aménager. Julian avait une pièce, remplie de babioles dont il ne se servait pas, alors il les a mis à la poubelles, vu que c'était de vieilles choses.

Pendant que nous étions en train de peindre, j'étais d'humeur joueuse, alors j'ai mis de la peinture rose, sur le nez de Julian, en pouffant de rire. Et c'est à partir de ça, que Julian est en train de courir derrière moi, pour essayer de me mettre de la peinture sur mon visage.

Je traverse la salle à manger, et me faufile derrière la table. Julian est de l'autre côté, toujours le rouleau à la main.

« Tu ne m'échapperas pas. » Dit-il joueur.

Je lui lève mon majeur en souriant. Je suis heureuse qu'on ait pu retrouver notre complicité. Nous avons eu une violente dispute il y a quelques jours. Juste après que nous sommes rentrés -plus tôt- de Paris-Nice. La course a dû être raccourcie à cause des annonces du président par rapport au virus qui traine en ce moment...

- Flash-Back-

Enfin à la maison. Julian a fait la gueule durant le trajet, et je n'ai pas osé lui demander ce qu'il avait. Peut-être que c'est dû au fait qu'il ne puisse pas voir ses parents. Surtout après l'annonce, jeudi, du président. A partir de demain, 16 mars, le confinement va débuter, et nous pourrons plus sortir du territoire d'Andorre. Cela le rend surement nerveux.

« Je te fais quoi à manger ? » Je demande en farfouillant dans le frigo.

Il va bientôt être 12 heures, et je crève la dalle. Mais Julian, ne répond pas. Je sors de la cuisine, et le vois, sur le canapé, un verre d'eau à la main, en train de consulter son téléphone.

« Tu pourrais répondre, hein. » Je dis en croisant les bras.

« Fous-moi la paix. »

C'est la première fois qu'il me parle sur ce ton... Il n'a jamais été agressif à mon égard...

« Je n'ai pas envie de passer le confinement avec toi. » Dit-il sèchement.

Mon corps se met à trembler. Il est si distant... Je ne comprends pas... La semaine dernière, on se câlinait, on se disait des mots doux, et aujourd'hui il m'annonce qu'il ne veut pas passer le confinement avec moi. Qu'est-ce qu'il a décidé de me pondre ?

« Je te demande pardon ? »

Il se lève brusquement, mais je le rattrape.

« Tu as très bien compris. Je. N'ai. Pas. Envie. De. Passer. Le. Confinement. Avec. Toi. »

Il articule parfaitement les mots. Je me retiens de ne pas pleurer.

« Je peux savoir pourquoi ?

- PARCE QUE, PUTAIN ! PARCE QUE JE SUIS MALADE, TU COMPRENDS ? JE SUIS HYPERACTIF ! FOUT-TOI LE DANS LE CRANE ! POUR MOI, CE CONFINEMENT VA ETRE UNE TORTURE ! JE VAIS TELLEMENT TE SAOULER, QUE TU VAS CLAQUER LA PORTE, ET ME LARGUER. »

Le ton monte... Je sais qu'il est hyperactif... Lui et moi, nous n'avons pas vécu ensemble, collés... Il était tout le temps sur les routes, alors nous n'avions pas l'occasion, d'être l'un sur l'autre.

« Quand est-ce que tu vas avoir confiance en toi, putain ? Je me contrefiche que tu sois hyperactif. Je t'aime avec tes défauts et tes qualités. »

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